Depuis plusieurs semaines, nous sommes plongés dans une crise sanitaire de grande ampleur. Dans ce contexte difficile, la fébrilité de notre société et ses inégalités que nous n’avons eu de cesse de dénoncer, explosent au grand jour, entre le travail en première ligne face à la maladie, la mort, le confinement, le chômage partiel, les angoisses et la difficulté à se projeter.
Désormais, le temps est comme suspendu. Courbes, statistiques, mortalité, pourcentages, cartes épidémiologiques, analyses des modalités de gestion de la crise d’un pays à l’autre, causes scientifiques et humaines de la pandémie, enjeux sanitaires, géopolitiques, politiques, économiques et sociaux du COVID-19 à plusieurs échelles, traitement de l’information, rumeurs et fausses nouvelles, mais aussi et surtout libertés, démocratie, Etat de droit : les outils de nos disciplines sont, quotidiennement, nos boussoles quand l’heure d’incertitude bouscule l’heure d’exactitude.
Depuis le début du confinement, notre priorité a été de garder le lien, même ténu, avec nos élèves, car c’est ce lien patiemment tissé en classe qui peut perdurer, dans une continuité pédagogique, menée avec les moyens du bord, et avec la meilleure volonté. Une rentrée trop longtemps différée, c’est le risque de perdre des élèves fragiles, et en difficulté. Comme les conditions du logement font celles du confinement, nous nous inquiétons de l’état physique et psychique d’une partie de nos élèves.
Leur santé et celle des personnels doit être la première des inquiétudes de nos autorités. Les enseignants ont été, dans le bouillon de culture des classes, particulièrement exposés. Des élèves, des parents ont été malades. Une rentrée scolaire ne peut avoir lieu que dans des conditions qui prennent en compte de stricts paramètres de sécurité, d’hygiène et de distanciation sociale : en temps normal, ils sont impossibles à mettre en œuvre dans des établissements aux couloirs étroits, aux salles où travaillent 35 élèves, parfois plus, avec des sanitaires en nombre notoirement insuffisant et malheureusement sous-équipés.
L’APHG appelle donc à la raison et à la prudence, afin que le retour en classe ne se fasse qu’en garantissant les meilleures conditions possibles pour la santé des élèves et des équipes éducatives.
Le Bureau national de l’Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie - APHG.
Paris, le 14 avril 2020 .
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