Antoine Destemberg, Atlas de la France médiévale. Hommes, pouvoirs et espaces du Ve au XVe siècle, Autrement, 2017, réédition 2020. Un ouvrage utile à tous les enseignants, du primaire au supérieur

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Antoine Destemberg, Atlas de la France médiévale. Hommes, pouvoirs et espaces du Ve au XVe siècle, Paris, Autrement, 2017, rééd. 2020. 17,4 x 25,1 cm ; cartes, plans, couv. ill. en couleurs ; 96 p.

Par Loïc Pierrot. [1]

Parmi le flot de publications de la rentrée académique, on a pu apercevoir une nouvelle édition de l’Atlas de la France médiévale conçu en 2017 par Antoine Destemberg, maître de conférences en histoire médiévale à l’Université d’Artois, en collaboration avec le cartographe Fabrice Le Goff. La première édition avait en effet connu un juste succès et appelait un nouveau tirage. L’édition de 2020 comporte peu de modifications hormis quelques actualisations de la bibliographie, mais l’occasion est bonne pour rappeler la qualité de ce travail de synthèse riche de près de soixante-dix cartes.

Conçu dès l’origine comme un complément de l’Atlas de la France médiévale (2005) d’Olivier Guyotjeannin et Guillaume Balavoine, l’Atlas d’Antoine Destemberg propose de parcourir les dix siècles du Moyen Âge en se focalisant sur les aspects politique, économique, social et culturel de la période. Les cartes se distinguent par leur précision et leur clarté que complètent habilement quelques graphiques soignés. L’historien et le cartographe proposent une approche multiscalaire en donnant à voir aussi bien des cartes régionales que locales, voire quelques plans simplifiés de bâti. Ces derniers ne concernent toutefois que des espaces bien connus des médiévistes – ainsi l’Île de la Cité à Paris, le palais des papes d’Avignon ou l’abbaye de Cluny – et, en dépit de leur intérêt pédagogique, on regrette que d’autres tentatives de représentation à une échelle locale n’aient pas été esquissées. Quoi qu’il en soit, la conception de l’Atlas ne manque pas de recul critique et rend compte de la difficulté d’appréhender l’espace au Moyen Âge. Le jeu d’échelles cartographiques, commenté au fil des pages par A. Destemberg, permet de faire remarquer que les notions de « territoire » et de « frontière » n’étaient pas aussi nettement définies au Moyen Âge qu’aujourd’hui. Il rappelle aussi que toute production cartographique a son histoire et sa perspective et que ni la carte ni les concepts ne sont anodins. Il faut ainsi souligner l’efficacité du dialogue entre les figurés et les explications historiques : c’est là que l’atlas trouve sa pertinence et son utilité. Les textes se veulent accessibles à un
public large, historien ou non, et l’ensemble peut servir de matériau solide pour les étudiants et les enseignants. Antoine Destemberg se dit conscient des limites de son ouvrage, ayant renoncé ici et là à l’exhaustivité en privilégiant l’intelligibilité de la synthèse, mais cet aveu l’honore : c’est bien d’un plaidoyer pour une vulgarisation scientifique avertie dont il s’agit. Une de ces entreprises éditoriales dont notre discipline a besoin, autant que des études scientifiques de fond.

Merci aux Éditions Autrement qui ont bien voulu fournir cet exemple de double page.

© Historiens & Géographes - Tous droits réservés. 20/11/2020

Notes

[1Élève à l’École nationale des Chartes, étudiant à l’École normale supérieure de Paris.