Il n’y a pas que les administrations ou les organismes spécialisés qui établissent des données, les associations et les collectifs d’aide aux migrants collectent aussi des informations qui permettent de saisir – à des échelles très fines – la manière dont vivent les exilés.
# 1 - L’encampement et l’errance des migrants dans les rues de Paris (ou « Paris, nouvelle ville-frontière ? »)
Depuis 2014, des milliers d’exilés vivent dans les rues de Paris. Tous (ou presque) se rassemblent, formant des campements de fortune et des squats, pour résister à la faim, la soif ou la peur. La police municipale et les CRS démantèlent ces campements en usant de coups de bottes, chiens de garde et gaz lacrymogène. Tentes, sacs de couchages, cartons et parfois les documents d’identité sont jetés dans les camions-poubelles de la mairie de Paris, tandis que des barrières, pierres et mobiliers urbains viennent empêcher toute réinstallation.
Le récit que propose cette carte distingue deux mouvements : le premier démontre l’ère d’une politique de non-accueil au travers des campements de rue qui ont existé de 2010 à 2016. Le deuxième mouvement, qui a démarré le 22 juillet 2016, recense une répression toujours plus affirmée où les « évacuations avec mises à l’abri » ont laissé place aux rafles et déportations par avion. Le centre municipal dit « de transit » installé en septembre 2016, Porte de la Chapelle (18ème arrondissement), par la Mairie de Paris aurait probablement pu alerter les consciences. Paris n’étant pas une ville-frontière, pourquoi a-t-elle donc un camp de transit ?
Cette carte a été conçue par trois collectifs de soutien aux personnes en exil : le collectif d’Austerlitz, La Chapelle Debout ! et CPSE-Paris d’Exil. Superposition de données et d’expériences vécues par des milliers d’exilé.e.s et de parisiens sur plus d’une quarantaine de campements, cette carte raconte la capitale française telle que la connaissent celles et ceux qui ont décidé de briser les frontières.
# 2 - Calais : 20 ans d’(in)hospitalité
Depuis 20 ans, les exilés en transit dans la ville et la région de Calais, sont confrontés à des opérations policières qui les poussent dans des espaces où les conditions de vie sont bien souvent inhumaines et dégradantes. Lorsque ces lieux deviennent trop visibles, ils sont alors détruits. Ce fut le cas avec le camp de Sangatte en décembre 2002, une grande partie de la jungle en 2009, la fermeture des squats et des campements éparpillés dans la ville de Calais durant l’hiver 2015 et l’effacement du bidonville autour du centre Jules Ferry en octobre 2016. Les gouvernements britannique et français persistent ainsi à faire croire à une partie de l’opinion publique qu’une fois ces opérations policières effectuées, la situation migratoire serait en grande partie réglée. Or faute de solution adaptée, des espaces de vie précaire ne cessent de se recomposer.
Carte issue de : Migreurop (2017), Atlas des Migrants en Europe. Approches critiques des politiques migratoires, Paris, Armand Colin désormais téléchargeable sur le site Internet du réseau.
Pour prolonger la lecture de l’Atlas des migrants en Europe, des vidéos et documentaires sont disponibles sur : www.migreurop.org/article2833.html
Note de la Régionale de Bretagne de l’APHG : Migreurop va intervenir lors de la journée de formation que la régionale de Bretagne organise en mars 2018.
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