Compte-rendu par Roman Barez. [3]
Le mardi 2 Mars, l’APHG-Nord-Pas-de-Calais a accueilli l’historien Xavier Vigna, Professeur d’Histoire contemporaine à l’Université Paris Nanterre, spécialiste du monde ouvrier et du travail, fondateur de l’Association Française pour l’Histoire des Mondes du Travail (AFHMT). Le café est consacré à la réédition de l’ouvrage de Xavier Vigna, Histoire des ouvriers en France au XXe siècle, chez Perrin (collection Tempus).
L’auteur souligne qu’il ne s’agit pas d’une histoire des mouvements ouvriers, des luttes de ceux-ci mais bien des ouvriers. C’est un livre sur l’expérience ouvrière avant tout. Dans son ouvrage et dans son intervention, Xavier Vigna précise dès le début que c’est un livre sur toute la classe ouvrière : hommes, femmes et étrangers. Ces deux derniers sont partout dit-il, de ce fait il ne leur consacre pas une section, une partie, un chapitre, mais les inclut tout au long de son livre et de sa présentation. L’histoire des ouvriers est une histoire qui pèse sur toutes les sociétés et Xavier Vigna ici tend à dépeindre la vie de ces hommes et de ces femmes. Il insiste sur les sources utilisées et sur sa volonté de donner une voix à ces travailleurs, en faisant une histoire ouvrière qui ne soit pas une histoire en surplomb.
L’ouvrage et la présentation apparaissent comme une large fresque, un panorama historique de la condition ouvrière. Xavier Vigna traite de questions variées et peu étudiées. Parmi les sujets abordés, plus nombreux que ce que nous retiendrons ici, la démystification des “Trente Glorieuses”, la continuité des mouvements entamés avant la Première Guerre mondiale qui reprennent après le conflit, l’accélération et le transfert de l’activité des femmes ouvrières au lendemain de la Grande Guerre sont à souligner. La définition même de ce qu’est un ouvrier a été sujet à discussions, et la réponse est éminemment complexe, les contours définitoires de la classe ouvrière tendent à évoluer en même temps que son histoire. La question de l’éclatement de la subculture ouvrière et de son fractionnement, notamment en raison de la diffusion de loisirs davantage “populaires” que spécifiquement ouvriers, est évoquée. La place de la religion dans la société ouvrière, les tentatives d’encadrement par les prêtres-ouvriers qui tentent de garder un lien avec ce milieu dans un contexte de déchristianisation est également abordée au cours de ce café virtuel. Bien d’autres encore, de la lutte contre la rationalisation aux tentatives d’insertion des mouvements nationalistes en passant par la perte de confiance envers les partis socialistes en fin de siècle, l’ouvrage de Xavier Vigna offre des champs et de nombreuses perspectives de questionnements et de recherches sur le monde ouvrier.
Ainsi, que ce soit pour les professeurs d’histoire, d’histoire-géographie ou pour les étudiants, ce livre apparaît comme un ouvrage complet et profond, précis et exhaustif que Xavier Vigna tout au long de son intervention rend, comme il a souhaité le faire avec les ouvriers qu’il a étudiés, vivant.
Ce café est à réécouter ici :
© Historiens & Géographes - Tous droits réservés. 24/03/2021