Cérémonie au Vél’ d’Hiv’ le 17 juillet 2016 Compte-rendu de la rédaction / Commémoration

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Le 17 juillet est commémoré partout en France l’arrestation de dizaines de milliers de Juifs. Rappelons que sur 76 000 juifs déportés de France, il revint 2 500 survivants. On connaît l’admirable travail de Serge Klarsfeld, président de l’association des Fils et Filles des Déportés Juifs de France. En 1978, il publie Le Mémorial de la déportation des Juifs de France, [1] puis Le Mémorial des enfants juifs déportés de France (1994). Près de 11 000 enfants juifs de France ont été exterminés. A Paris, le gouvernement était représenté par Jean-Vincent Placé, Secrétaire d’Etat auprès du Premier Ministre. L’Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie (APHG) était présente à Paris, notamment par l’intermédiaire de son Secrétaire général Hubert Tison.

Dans le cadre de la "Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État français et d’hommage aux Justes de France" [2], une cérémonie très émouvante s’est tenue le dimanche 17 juillet 2016 au monument commémoratif du Vel’ d’hiv, quai de Grenelle à Paris. 13 152 juifs sont arrêtés par la police et la gendarmerie française les 16 et 17 juillet. 1 120 hommes à la demande des nazis. 2 916 Femmes et 4 115 Enfants sont enfermés dans l’enceinte sportive du Vél’ d’Hiv. Les célibataires et les femmes sans enfants sont internés au camp de Drancy. [3] Ils ont été transportés par bus, « les bus de la honte ». Du 19 au 22 juillet, les familles du Vél’ d’Hiv sont transférées aux camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande. [4] 3 000 enfants sans famille sont transférés à Drancy. Ils sont déportés entre le 17 et le 31 août 1942 et envoyés directement à Auschwitz, où ils sont gazés.

Au cours de cette cérémonie, un témoin de la rafle - il était enfant - raconta comment il avait été sauvé par des Justes. La petite-fille d’un couple de justes a pu témoigner du rôle de ses grands-parents. Le fils de Simone Veil a parlé de l’itinéraire de sa mère, arrêtée à Nice. Des chants yiddish, celui des Marais, des récits de Charlotte Delbo, se sont élevés dans le ciel parisien. La prière du Kaddish a rappelé l’importance du souvenir de ces morts sans sépultures.

Beaucoup ont insisté sur le rôle de la transmission par l’école et la famille, par l’Etat (le rôle capital du discours de Jacques Chirac en juillet 1995 qui a reconnu la responsabilité de l’Etat français dans la déportation de milliers de Juifs). La création de la Fondation pour la mémoire de la Shoah [5], l’indemnisation des familles de victimes, la restitution de biens volés par les nazis (et déposés dans de grands musées français) aux descendants quand cela fut possible, la création d’une journée nationale... ont suivi cette reconnaissance.

Beate Klarsfeld a rappelé son combat en tant que femme allemande pour la reconnaissance par l’Allemagne des crimes nazis, par la chasse aux nazis qui vivaient en Allemagne ou à l’étranger.

Raphaël Esraïl, Président de l’Union des Déportés juifs d’Auschwitz (UDA) a, comme beaucoup d’orateurs, une pensée pour les victimes de Nice, victimes d’un horrible et meurtrier attentat. [6] Il a souligné l’importance de la transmission de la mémoire. Il a proposé un projet de création d’un Mémorial pour les juifs assassinés, gazés à Birkenau (plus d’un million de Juifs). Ce projet, bien avancé, butte sur des obstacles qu’il faudrait rapidement lever. L’APHG appuie ce projet pour que ce centre de mort soit connu des visiteurs, très nombreux à Auschwitz.

La sonnerie aux morts, la minute de silence, la Marseillaise interprétée par la Garde Républicaine, la présence de nombreux porte-drapeaux et d’une assistance recueillie montrait le chemin parcouru de la négation des individus Juifs à la reconnaissance de leur mémoire par la France.

Le Secrétariat général de l’APHG. Paris, le 23 juillet 2016.

Plaque commémorative boulevard de Grenelle à Paris XVe - DR

© Les services de la Rédaction de l’APHG et d’Historiens & Géographes. 24 juillet 2016. Tous droits réservés.

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