Commission Numérique du 8 juin 2013 Par Marc Charbonnier

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Paris, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, salle informatique n°1, le samedi 8 juin 2013

Blog de la Commission Numérique : http://lewebpedagogique.com/ticehistgeo

Présents : Claude Buisson (Aix-Marseille), Marc Charbonnier (Île de France), Xavier Delbeque (Basse-Normandie), Thomas Jacquot (Picardie) et Richard Vassakos (Languedoc-Roussillon).
Excusé(e)s : Emilie Blanchard (Île de France), Christophe Léon (Aquitaine), Daniel Letouzey (Basse-Normandie) et Gérard Colotte (Lorraine).

L’animation de la réunion a été assurée par Marc Charbonnier (Île de France), en l’absence de Christophe Léon (Aquitaine), coordonnateur de la Commission.

La Commission Numérique de l’APHG est réunie en Sorbonne, dans un contexte de profonde mutation de la place du Numérique à l’école. En effet, le 10 juin, le ministre de l’Education nationale a présenté la « nouvelle stratégie numérique » qu’il entend impulser. L’Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie, avec sa commission dédiée, doit prendre toute sa place, au-delà de la réflexion traditionnelle autour des équipements, des ressources et des formations, dans le débat qui semble s’amorcer.

Le constat s’impose, le numérique est partout et les équipements se multiplient au plus près de ce qui fait le cœur de notre métier, le cours. Comment pouvons-nous poursuivre le travail d’appropriation des technologies innovantes, au service de l’Histoire, de la Géographie et de la formation du citoyen éclairé ? Cette interrogation a été au centre de nos travaux, le samedi 8 juin dernier.

Un ordre du jour en quatre parties a été abordé.

1- Un bilan sur les « chèques ressources »

Ce point a été développé par notre collègue Gérard Colotte (Lorraine) lors de la dernière réunion de la Commission . Dans le cadre de la mise en place du Plan Numérique pour l’Ecole , plus de 60 millions d’euros ont été débloqués sur trois ans, dans les académies concernées. Il s’agit, pour chaque établissement qui en fait la demande, d’un chèque-ressource (1000 euros pour un collège par exemple), permettant de bénéficier des ressources pédagogiques en abonnement en ligne.

Les membres de la Commission ont, chacun à leur tour, dressé un bilan de cette initiative, à partir de leurs expériences personnelles. Xavier Delbeque (Basse-Normandie), référent numérique au sein de son lycée, indique qu’il s’agit d’un effort important et que son établissement a pu s’abonner aux ressources de l’Encyclopaedia universalis, auxquelles les élèves peuvent avoir accès depuis chez eux. Le collègue indique qu’il est indispensable de démarcher le chef d’établissement. Les ressources sont disponibles auprès des réseaux des CRDP/CDDP. Thomas Jacquot (Picardie) insiste sur la nécessaire implication des enseignants, qui souvent ne connaissent pas l’existence des chèques-ressources.

Ainsi, dans le département de l’Oise, 10 formations ont été organisées dans l’année, grâce à des collègues volontaires. En revanche, Thomas Jacquot, indique que les formateurs ne reçoivent que très peu de décharges horaires, ce qui pose la question des moyens alloués à la formation continue des Professeurs. Richard Vassakos (Languedoc-Roussillon), rejoint par Claude Buisson (Aix-Marseille), dresse un bilan contrasté ; le problème principal est l’absence de communication autour de cette initiative, qui mérite d’être diffusée plus largement auprès des collègues.

2- Une discussion autour de la place réelle, concrète et pratique, au sein des nouveaux programmes, des ressources numériques. Quelles propositions faire ? Quelle place dans nos nouvelles pratiques pédagogiques ?

a) Place du Numérique dans les programmes, un support technique dans nos disciplines

Tout d’abord, le Numérique est désormais une entrée indispensable en Histoire des Arts. Les ressources sont foisonnantes et sont désormais bien connues des collègues. En Education Civique Juridique et sociale au lycée (ECJS), les recherches internet servent le plus souvent à orienter les élèves et s’inscrivent dans la dimension civique de nos disciplines.

La discussion s’engage ensuite sur les études de cas. Le Numérique y occupe une place de plus en plus évidente. Pour les professeurs présents, la mise en œuvre est plus difficile en lycée, où la méthode inductive qui préside à l’élaboration des programmes, exige de la part des élèves des prérequis très forts et demande du temps. Les collègues ont donné de nombreux exemples.

Ainsi, Thomas Jacquot a présenté une excellente séquence de 4e sur la mondialisation des transports avec pour support de réflexion un site où le Trafic maritime est donné en temps réel. Les élèves peuvent mieux appréhender la question des flux de marchandises, et leur imaginaire (car c’est aussi tout l’intérêt de nos disciplines, ouvertes sur le monde) est stimulé par le suivi en direct des grandes routes maritimes…

En Géographie, la production des cartes et des croquis doit intégrer les nouveaux outils numériques. C’est toute la question des SIG (Systèmes d’Informations Géographiques) . Xavier Delbeque, après avoir donné un exemple concret avec l’utilisation des sources statistiques (INSEE), évoque la priorité que constitue la formation des collègues.

Pour passer à l’interactif, il faut être formé aux outils. La Commission nationale Numérique propose que dans le cadre de la formation des futures ESPE et dans l’émergence des nouveaux emplois « métier d’avenir professeur », des étudiants de Géographie en Master, puissent intervenir dans les classes et auprès du public enseignant afin de partager leurs compétences. Une telle initiative pourrait parfaitement s’inscrire dans la liaison Lycée- Supérieur-Universités relève Richard Vassakos.

b) Un support de travail pour les Professeurs d’Histoire-Géographie

La question de l’utilisation de l’Espace Numérique de Travail (ENT) est centrale. Il est un support au cœur de nos préoccupations ; à la fois cadre de travail en classe, et hors du temps scolaire, temps de préparation et de prolongement de la leçon, en mettant à disposition des fichiers et des liens. Claude Buisson évoque à ce sujet la généralisation à Marseille, dans certains établissements privés sous contrat, de la mise en ligne des séquences pédagogiques des Professeurs. Il convient, pour notre collègue, d’être attentif à la liberté pédagogique de l’enseignant, auteur de ses cours.

Pour Xavier Delbeque, les réseaux pédagogiques sont désormais plutôt bien maîtrisés par les collègues. La mise en ligne du cahier de textes et des devoirs est d’ailleurs un premier pas vers la rencontre et l’association plus efficace des parents à l’Ecole.

Mais, d’autres utilisations sont possibles (forums, travail sur des documents à distance et autocorrection, partage de vidéos…) et les logiciels de traitement de texte, parce qu’ils permettent une écriture collaborative, en correction par exemple, sont des outils indispensables. Les TICE, espaces d’expérimentations, doivent s’intégrer à une réflexion essentielle sur la place de l’écrit en classe.

La difficulté de nos élèves à écrire est une donnée incontestable, à tous les niveaux d’enseignement. Nous sommes tous confrontés, comme dispensateurs de contenus disciplinaires très vastes, à la gageure qui consiste à intéresser nos élèves, tandis que ceux-ci prennent, le plus studieusement possible espère-t-on, des notes. C’est là que l’ENT prend toute sa place. Une acclimatation de celui-ci est incontournable dans nos salles de cours. Pour Thomas Jacquot, qui utilise quotidiennement l’ENT pour les révisions et les évaluations en collège, des élèves « décrocheurs », ou en situation de handicap (dyslexie et présence d’Assistants de Vie Scolaire) ont pu progresser grâce aux outils numériques et les ordinateurs portables individuels. Le Numérique, dans une démarche non-exclusive et bien assimilée, peut être un moyen de réconcilier les élèves avec l’écriture et le travail en autonomie.

Il ne peut y avoir de « révolution numérique » à l’Ecole sans formation des personnels aux outils. Les membres de la Commission relèvent la grande disparité des moyens, parfois à l’intérieur d’un même établissement. Certaines régions investissent néanmoins dans des « classes mobiles » (plus de 10 dans l’Oise par exemple ou aussi en Région PACA). La formation continue des personnels est encore une fois cruciale.

Enfin, la généralisation des outils pose le problème d’une trop grande standardisation des cours. L’élève doit pouvoir chercher par lui-même, découvrir et apprendre d’une manière diversifiée. Le risque de « la fracture numérique » est grand dans des établissements parfois dramatiquement sous-dotés.

3- Un point sur les Rendez-vous de l’Histoire de Blois 2013

L’APHG est présente au festival d’Histoire de Blois et remercie notre collègue Gérard Colotte pour son investissement considérable. Cette année, Christophe Léon coordonnera les ateliers de l’Association.

Les Rendez-vous de l’Histoire sont une occasion pour l’APHG d’assurer une visibilité importante dans une grande manifestation nationale. Christophe Léon animera un stage sur « Enseigner la Guerre au Moyen-Âge à partir d’Internet et des sources de la BNF ». Thomas Jacquot proposera une séquence sur « Les sociétés en Guerre et la mémoire combattante » (Première Guerre mondiale et Guerre d’Algérie) avec l’utilisation du site.tv (niveau 3e et 1ère).

La mémoire combattante de la Première Guerre mondiale, en cette année de commémoration, devrait également être au centre des deux ateliers proposés par la Régionale d’Île de France (avec une seconde séquence sur le Front Pacifique entre 1939 et 1945). Une prise en charge financière par les Régionales est à prévoir.

4- Et pour finir, des propositions…

La Commission Numérique demande à chaque Régionale d’envoyer un représentant à chaque réunion. Afin d’améliorer encore la communication de l’APHG, il est suggéré de simplifier l’information sur la page d’accueil du site (et le travail de Pierre Bonet est salué).

Dans l’Espace adhérent de l’Association, les membres de la Commission sont disposés à proposer des séquences, des fiches de méthode sur les outils ou des exemples d’exercices réalisés.

L’APHG doit s’affirmer encore davantage comme une force de proposition pour les collègues, notamment dans les académies où l’offre de formation a pratiquement disparu… Ainsi, la Commission avance l’idée d’une grande Journée de Formation nationale de l’APHG, sur le modèle des Journées sur les nouveaux programmes organisées en 2013, consacrée aux TICE et à la formation aux nouveaux outils. Des partenariats sont possibles et déjà à l’étude au niveau de la Régionale d’Île de France (Emilie Blanchard).

De cette session d’échanges, très conviviale, riche d’expériences partagées -un peu à l’image du Numérique - il émerge une grande soif de connaissances dans ce domaine, dans l’intérêt de nos contenus disciplinaires, de nos pratiques et de nos élèves.

Le Rapporteur de la Commission,
Marc Charbonnier
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Notes

[1Vice-président de la Régionale d’Île de France de l’APHG, Professeur au Lycée Jean-Pierre Timbaud, Brétigny-sur-Orge (91)