Communiqué des associations sur le projet de Socle commun Conférence des associations de professeurs spécialistes

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Après audition du compte rendu des différentes associations la composant, de leurs entrevues avec le CSP et la DGESCO à propos des projets de réforme des cycles d’enseignement et du Socle commun, la Conférence des associations de professeurs spécialistes [1] s’inquiète des risques de dérives associées à certaines formulations et à l’esprit qui préside à ces projets.

Elle demande des éclaircissements sur les points suivants :

  • Quelle est la place des connaissances dans le cadre du Socle commun ?
  • Quelle articulation est envisagée entre discipline et objectifs du Socle ?
  • Quel volume horaire est accordé à chaque discipline ?

La Conférence s’inquiète en effet

1. de constater que le baccalauréat professionnel et, dans une moindre mesure, le baccalauréat technologique et le baccalauréat général dépendent de plus en plus de spécificités locales.

2. de la contradiction possible entre des préparations aux examens autonomes et un Socle commun destiné à fournir une culture commune à l’ensemble des citoyens.

3. des dérives associées à la notion de compétence. La Conférence ne rejette pas la notion en tant que telle, mais s’interroge sur le sens que le CSP lui attribue. Elle s’inquiète à la fois d’une dérive consistant à minimiser ou marginaliser le savoir, comme de la définition et de l’évaluation du « savoir-être » : un professeur est-il dans son rôle et respecte-t-il la liberté de conscience s’il évalue ce qui relève du comportement (comme « l’empathie », la « bienveillance », ou encore « un engagement pris envers soi même ») ?

4. d’une subordination des disciplines à l’acquisition des compétences, perspective qui menace tant le cadre national définissant jusqu’à présent un nombre d’heures hebdomadaire par discipline que l’existence des disciplines elles-mêmes.

Pour la Conférence, les compétences, par ailleurs légitimes et généreuses, qui composent le Socle commun définissent moins un socle qu’un horizon. Leur inflation, faute notamment de dire quels savoirs précis permettront à l’élève d’atteindre cet horizon, ni dans quel contexte ils seront et devront être acquis, finit par être insignifiante et laisse entière la seule question fondamentale : quelle culture attend-on du citoyen de demain ? Elle risque d’accroître les inégalités entre les personnes et les familles, en aggravant au lieu d’y remédier l’inégal accès à la culture, au savoir et aux codes sociaux, et en déplaçant hors de l’École les lieux et modalités de leur acquisition.

La Conférence tient, par conséquent, à rappeler :

• son attachement indéfectible au cadre national des programmes et des examens ainsi qu’au recrutement national des professeurs.

• que l’enseignement est, par nature, disciplinaire. On ne peut en effet prétendre former les élèves en faisant abstraction des méthodes, du vocabulaire et des concepts propres à ces moyens de comprendre le monde que sont les disciplines.

• que chaque discipline doit disposer d’un volume horaire permettant l’acquisition par les élèves de ses contenus et de ses méthodes, indépendamment de toute action ou projet transdisciplinaire.

Associations signataires :

ANPBSE (Association Nationale des Professeurs de Biotechnologies Santé-Environnement)
APAP (Association Nationale des Professeurs d’Arts Plastiques)
APEG (Association des Professeurs d’Economie-Gestion)
APFLA-CPL (Association des Professeurs de Français et Langues Anciennes en Classes Préparatoires Littéraires)
APHG (Association des Professeurs d’Histoire-Géographie)
APLettres (Association des Professeurs de Lettres)
APLV (Association des Professeurs de Langues Vivantes)
APPEP (Association des Professeurs de Philosophie de l’Enseignement Public)
APSMS (Association des Professeurs de Sciences Médico-Sociales)
APV (Association des Professeurs de Vente et disciplines associées)
CNARELA (Coordination Nationale des Associations Régionales des Enseignants de Langues Anciennes)
SNLN (Société des Langues Néo-Latines)
UPBM (Union des Professeurs de Physiologie, Biochimie et Microbiologie)

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Paris, le 15 novembre 2014.
Mise à jour du 2 janvier 2015.

Le Secrétariat général de l’APHG - 19/01/2015. Tous droits réservés.

Notes

[1La Conférence des associations de professeurs spécialistes, ou conférence des présidents est le regroupement volontaire de la plupart des associations de professeurs en une structure souple de discussion et d’action. La participation des associations est entièrement libre : la plupart des associations en font partie, très rares sont celles qui refusent d’y participer. Il n’y a pas de critère particulier (par exemple numérique) pour en faire partie, et l’égalité des membres va de soi.

C’est donc une instance unique en son genre, qui représente la très large majorité des disciplines, et un lieu rare où dialoguent aussi bien les disciplines techniques et professionnelles que les disciplines dites d’enseignement général, les disciplines littéraires que les disciplines scientifiques, les disciplines enseignées en classes préparatoires que les disciplines enseignées dans le premier et le second degré.
Relativement informelle, ses réunions n’ont pas de périodicité propre : la Conférence se réunit en fonction des besoins de l’actualité et de l’urgence, mais aussi pour traiter des questions de fond, comme la formation continuée.

Elle est un lieu de dialogue, au sein duquel les différentes disciplines peuvent faire entendre leurs voix et parvenir à un accord elle permet aux différentes associations de mieux se comprendre, par exemple en termes de vocabulaire et de notions (ainsi de compétence) qui varient parfois selon les différentes disciplines, et d’aboutir à des constats et des analyses partagées par tous.
Elle est aussi un lieu d’action. Ces discussions débouchent sur des perspectives concrètes, et donnent lieu à des actions concertées ou communes comme le communiqué ci-dessus.

L’APHG est membre de la Conférence. Elle y est représentée par Hubert Tison et Nicolas Lemas.