En 1492, Christophe Colomb découvre l’Amérique. Pizzaro et Almagro entendent parler d’un riche royaume... Ils partent à sa recherche. Pizzaro débarque sur le continent américain en 1502 ; un nom retient son attention, celui de Pirù. Il désigne alors un puissant et mystérieux prince indigène et symbolise d’immenses richesses à venir.
L’Empire inca Tawantinsuyu ou « Empire des quatre quartiers » est immense et a comme capitale Cuzco (cf. sa forteresse et son temple du soleil), mais il est une création récente et pas encore bien consolidée (plusieurs peuples soumis et humiliés comme les Huancavilcas qui eurent trois dents arrachées sur chaque mâchoire pour marquer leur défaite ; mais certains toujours prêts à se rebeller). Il s’étend sur environ 4000 km de l’actuelle Quito en Equateur à la ville actuelle de Santiago au Chili (équivalent en étendue à l’Empire d’Alexandre), englobe 900 000 km2 et regroupe de 10 à 12 millions d’Hommes. La puissance de l’Empire tient à son organisation centralisée et parfaitement huilée (confère le mita ou travail obligatoire qui permet à l’Etat d’avoir une véritable armée d’ouvriers, les terres sont aménagées pour l’agriculture, de nombreux messagers circulent sur un réseau routier bien développé, des forteresses sont disséminées sur tout le territoire, l’impôt est efficacement levé, l’unité est linguistique…).Le quipù ou nœud des statistiques était la base de la gestion centralisée de l’Empire pour recenser la population, les impôts, la production agricole… [2]. De plus l’Empereur a le titre de sapa inca, il est considéré comme un demi dieu, à ce titre il est toujours porté en litière et ne doit jamais poser pied à terre sous peine de provoquer un cataclysme.
1524 : première expédition de Pizzaroà la recherche du Pérou qui se solde par un échec.
1528 : il atteint l’Equateur où se déroule l’épisode des « treize de la renommée ». 13 hommes seulement sur une centaine acceptent de le suivre plus avant vers le Pérou.
1529 : Manquant de moyens, il se rend en Espagne où il sollicite Charles Quint qui lui accorde le titre de gouverneur.
1532 : après deux tentatives catastrophiques, Pizarro débarque avec ses 4 demi-frères ; les Espagnols arrivent à Tumbes au Nord-Ouest de l’Amérique du Sud, ils sont 168 hommes et 27 chevaux (le rapport de force avec les Indiens est d’environ 1 contre 1000).
Pizarro est un hidalgo c’est-à-dire un membre de la petite noblesse, ayant hérité d’un titre par son père. C’est un bâtard, analphabète, ayant gardé les porcs avec sa mère. Il dispose surtout d’un goût prononcé pour l’aventure et d’une envie irrésistible de réussir.
Ses compagnons d’armes sont pour beaucoup des hommes peu ou pas titrés comme lui. Leur arme de base est l’épée, ils sont équipés aussi d’une brigantine (sorte de gilet constitué de plaques de métal) et non d’une armure intégrale trop lourde, d’un casque (confère le morion à la forme très originale et associé au conquistador), d’arbalètes, d’hallebardes et surtout d’armes à feu : l’hacquebute ou arquebuse à mèche.
L’Empereur en place, Huyna Capac, meurt de la variole en 1527, sans laisser de testament bien clair. S’en suit alors une guerre civile entre deux demi-frères : Huascar et Hatahualpa qui préfèrent se combattre à mort (ils utilisent la peau des leurs ambassadeurs respectifs pour en faire des tambours) plutôt que de faire front commun. Le premier est retranché à Cuzco la capitale, le second au Nord autour de Quito.
Pizzaro est parfaitement au courant de cette situation et veut en profiter. Il organise une rencontre le 16 novembre 1532 à Cajamarca avec Hatahualpa. Plusieurs versions relatent de façon différente la rencontre : selon la version « inca » l’Espagnol aurait commis l’erreur de refuser de boire le gobelet de boisson rituelle qui lui était offert, ce qui est interprété comme un sacrilège. Quant à la version européeene, Hatahualpa se montre trop sûr de lui et trop naïf, il aurait fait renvoyer le prêtre qui lui tendait une Bible, un crucifix et qui lui lisait le Requerimiento (texte officiel légitimant la conquête et obligeant les peuples à la soumission). Les Espagnols sortent alors des maisons où ils s’étaient cachés et massacrent la population, l’empereur lui est fait prisonnier. De sa geôle, il ordonne l’assassinat de Huascar(son demi-frère ennemi) qui avait, lui, été fait prisonnier par ses troupes. Pizzaro exige une rançon démentielle : environ 5 tonnes d’or et 10 d’argent (équivalente à 4,8 millions de ducats), mais le fait tout de même exécuter, prétextant un prétendu risque de révolte, le 26 juillet 1533. Atahulpa s’était au préalable converti au christianisme afin d’éviter que son corps ne soit brûlé. Un boulevard s’ouvre alors aux Espagnols qui s’emparent de Cuzco. La famille Pizarro se partage le butin. 1/5ème est versé à la couronne espagnole et Diego de Almagro (associé de Pizarro, celui qui lui fournit hommes et bateaux) se voit attribuer le sud du Pérou. Mais il se sent lésé, n’accepte pas ce rôle d’éternel second et s’estime détenteur de la ville de Cuzco, d’où des désaccords entre les Espagnols. Hernando Pizzaro le tue en 1538 (il sera emprisonné pour ce fait pendant 22 ans) tandis qu’en 1541, Almagro Le Jeune tue Francisco Pizarro, c’est le début de la lutte des Almagristes contre les Pizarristes. Le combat n’est pas achevé pour autant avec les Incas, Manco inca, un autre demi-frère d’Atahualpa, tente de se rebeller en 1536, mais il est rapidement battu. La guerre contre l’inca se prolongera jusqu’en 1572 en même temps que se poursuit l’invasion espagnole basée sur l’endoctrinement et/ou l’extermination.
Concernant Atahualpa, les Indiens récupèrent sa momie, enterrés à Cajamarca, ses restes sont récupérés par les indigènes soucieux de préserver le corps de l’Inca défunt, qui acquiert le statut sacré de huaca. Sa momie est emportée dans un lieu resté secret tandis que se met en place un culte autour de sa personne et de sa défaite.
En 1542, Charles Quint crée la Vice-Royauté du Pérou afin d’administrer la quasi-totalité de l’Amérique du Sud et de mettre un terme aux guerres civiles entre conquistadores. La capitale est fondée à Lima ou « ville des rois » qu’avait créée Pizarro en 1535. Cependant ce n’est qu’en 1548 que cette autorité est reconnue, en effet les colons avaient très mal acceptés la remise en cause des encomiendas (territoire de la Couronne attribué à un colon espagnol ou Encomendero pour lequel des indigènes étaient obligés detravailler gratuitement, sorte de pseudo-servage) et s’étaient révoltés contre le pouvoir. Ceux-ci seront toutefois supprimés.
Cette exposition temporaire est visible encore quelques jours. Si vous n’avez pas l’occasion de vous y rendre mais souhaitez néanmoins vous documenter sur le sujet, voici quelques ressources utiles :
– la page du site internet du Musée du quai Branly consacrée à cette exposition
– le présent compte-rendu, élaboré par Emilie Laude (membre du bureau de la Régionale APHG de Picardie et professeur d’Histoire-Géographie au collège Paul Eluard à Noyon), à télécharger en version PDF.
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