Connaissez-vous le Musée de l’éducation de Rouen ? Quelques questions à Nicolas Coutant, directeur-adjoint du Musée national de l’éducation (Munaé)

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Par Joëlle Alazard et Delphine Dussert-Galinat. [1]

1) Héritier du Musée pédagogique de Jules Ferry, le Musée de l’Education a fêté ses 140 ans en 2019. Pourriez-vous retracer les grandes étapes de son histoire et nous dire quelques mots de vos collections ?  

Le Musée national de l’Education est l’héritier du Musée Pédagogique créé en 1879 à Paris par Jules Ferry, alors ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, et Ferdinand Buisson, directeur de l’Enseignement primaire. Cette création s’inscrit dans un vaste mouvement d’émulation internationale, qui voit dans la seconde moitié du XIXe siècle fleurir ce type d’institutions dans plusieurs pays [2]. Contemporain du Dictionnaire de pédagogie dirigé par Ferdinand Buisson, il s’intègre par ailleurs dans un processus plus large de refonte de l’école. Il se présente alors avant tout comme un lieu de ressources pédagogiques, sur un modèle qui n’est pas sans rappeler celui du Musée des arts et métiers. Une bibliothèque centrale lui est d’ailleurs adjointe.

Salle du Musée Pédagogique vers 1900 - Musée national de l’Education - 1979.11178

Près d’un siècle après sa création, les collections du Musée pédagogique fusionnent en 1979 avec une collecte initiée en 1972 par le CRDP de Haute-Normandie. Cette initiative rouennaise, qui doit être replacée dans le mouvement plus général de création de musées de société qui anime cette période, devient rapidement Musée du matériel pédagogique puis, en 1975, Musée national d’Histoire de l’Éducation. En 1980, cet ensemble fusionne avec les collections parisiennes pour créer à Rouen le Musée national de l’Education, alors rattaché à l’INRP. En 1983, le musée ouvre les portes de son Centre d’expositions au sein de la très belle Maison des Quatre Fils Aymon, élevée à la fin du XVe siècle, et en 2010 ses collections rejoignent son nouveau Centre de ressources. En 2011, le musée est rattaché au CNDP, qui devient Réseau Canopé en 2014.

Centre d’exposition du Musée national de l’Education : la salle de classe dite Jules Ferry, à l’intérieur de la Maison des Quatre Fils Aymon

Entrée du centre de ressources du Musée national de l’Education

Le Musée national de l’Education conserve aujourd’hui une collection riche de près 950 000 objets et documents relatifs à l’histoire de l’éducation au sens large du XVIe siècle à nos jours, en France et dans ses anciennes colonies. Les collections se répartissent en plusieurs grandes typologies, parmi lesquelles le matériel didactique, le mobilier scolaire, les jeux et jouets, les représentations figurées (notamment les tableaux et estampes), les travaux d’élèves, les manuels scolaires, les archives enseignantes ou encore un fonds photographique de première importance. Une part significative des collections est numérisée et désormais consultable par tous sur une base de données en ligne. Musée d’histoire mais aussi de société, le Musée national de l’Education aborde les questions contemporaines à travers une perspective historique. Fidèle à la volonté des créateurs du Musée Pédagogique, il continue ainsi de jouer un rôle majeur au service de la communauté éducative.

Centre de ressources du Musée national de l’Education : réserve dédiée au matériel de projection.

Le Musée national de l’Education est par ailleurs actif au sein de plusieurs réseaux, parmi lesquels le réseau des musées de l’école [3], RéMuT, MUST, le Réseau des musées normands, le Réseau des musées et mémoriaux des conflits contemporains ou encore la SIPSE et l’International Symposium on School Museums and Collections of Educational History.

2) Ces collections continuent-elles à s’enrichir ? Comment sélectionnez-vous, dans ce cas, ce qui sera conservé au Musée ?

Si les deux collections historiques, issues du Musée Pédagogique et du CRDP de Rouen, ont apporté des ensembles extrêmement importants et significatifs, l’essentiel de la collection du Musée national de l’Education s’est constitué après 1980, du moins d’un point de vue numérique. Ses registres d’inventaire témoignent en effet du volume très important des acquisitions menées durant les quarante dernières années.

Confronté à la nécessité de réduire ce volume afin de traiter au mieux les collections encore en attente d’inventaire et de récolement, le musée a récemment mis en place des filtres plus restrictifs et, surtout, des axes d’acquisitions bien identifiés. Destinés à encadrer de manière plus stricte les propositions de dons, ces axes sont déterminés par les grandes orientations données par les collections, en particulier lorsqu’ils visent à combler des lacunes. C’est ainsi le cas du mobilier scolaire de la seconde moitié du XXe siècle ou de certains types de pédagogies encore mal représentées dans les fonds (Froebel, Montessori, Decroly, Steiner…). Les thématiques des expositions à venir constituent également des axes pertinents, qui permettent d’approfondir une thématique dans la perspective d’une présentation au public. C’est ainsi que le musée porte une attention particulière aux objets et documents témoignant de la relation de l’institution scolaire au vêtement, mais aussi à la chanson d’enfant ou encore à l’éducation affective et sexuelle. Parallèlement à l’acceptation de dons, le musée acquiert chaque année à titre onéreux des pièces significatives. L’année 2020 a ainsi été marquée par l’achat d’un cahier de métaphysique ayant appartenu à Claude Demuys, élève au collège d’Harcourt en 1674/75, ou encore d’un automate Jean qui pleure fabriqué par la maison Gustave Vichy dans les années 1880/1900.

Anti-oursins, anti-virus, carte postale éditée par Aides en 2005 – Musée national de l’Education - 2019.37.4. Cette carte postale fait partie d’un don réalisé par Aides en 2019, dans le cadre d’une collecte liée à l’éducation sexuelle et affective.

Maison Gustave Vichy, Jean qui pleure ou l’écolier au bonnet d’âne, vers 1880-1900 - Musée national de l’Education – 2020.34 .1. Acquis à la fin de l’année 2020, cet automate en état de marche offre un témoignage intéressant de la manière dont le mauvais élève est représenté au tournant du XXe siècle.

Cahier de métaphysique de Claude Demuys, élève au collège d’Harcourt, 1674/75 – Musée national de l’Education - 2020.32.1. Acquis en 2020, ce cahier correspond au second volume d’un cahier du même élève déjà conservé par le musée. Il vient donc rejoindre l’ensemble bien documenté des travaux d’élèves produits dans ce collège sous l’Ancien Régime.

Les acquisitions sont par ailleurs toujours soumises à un processus de décision collégiale basé sur l’avis d’experts du domaine concerné. Ainsi, les propositions de dons sont soumises à une commission scientifique interne qui examine la pertinence de chaque pièce. Les achats sont également proposés à l’avis du Service des Musées de France ainsi qu’aux établissements référents désignés comme « grands départements », selon la réglementation en vigueur pour les musées bénéficiant de l’appellation « Musée de France ».

3) Pourriez-vous sélectionner vos trois objets préférés du Musée et nous dire les raisons pour lesquelles vous les avez choisis ?

Il est bien difficile de sélectionner trois objets au sein d’une collection aussi riche, mais trois d’entre eux retiennent mon attention.

Le premier est un modèle de fuchsia réalisé par les établissements Auzoux en 1877. Célèbres pour leurs spectaculaires modèles d’anatomie humaine ou animale, les ateliers fondés par le docteur Louis Auzoux ont également réalisé des modèles végétaux, destinés à l’enseignement de la botanique. Le musée conserve 32 de ces modèles, donnés en 2007 par le lycée Corneille de Rouen, qui constituent de précieux témoins des évolutions pédagogiques du temps. Intégralement démontables, ils permettent en effet de visualiser l’organisation interne du végétal en trois dimensions et de manière très agrandie, ce qui représente un sérieux avantage sur les herbiers traditionnels. Associée à leurs remarquables qualités esthétiques, cette particularité a assuré le succès des établissements Auzoux, qui diffusèrent très largement leur production depuis leur usine de Saint-Aubind’Escroville (27), en France et à l’étranger. Ce succès industriel et pédagogique a fait l’objet en 2018/2019 d’une exposition intitulée Belles plantes ! Modèles en papier mâché du Dr. Auzoux, proposée par le musée dans le cadre d’une campagne de restauration menée avec le soutien de la Fondation du patrimoine et de l’association Les amis des fleurs. Ils ont également inspiré les étudiant.es en didactique visuelle de la Haute Ecole des Arts du Rhin de Strasbourg dans le cadre d’un projet innovant mené en 2018/2019.

Etablissements Auzoux, Modèle de fuchsia, 1877 – Musée national de l’Education - 2009.00532

Autre objet remarquable des collections du musée, le grand tableau de Jean Geoffroy intitulé Ecole professionnelle à Dellys, peint en 1899. Déposé par le Centre national des arts plastiques (CNAP), cette œuvre monumentale fait partie d’une commande de quatre scènes scolaires passée au « peintre de l’enfance » par le Ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts en 1899 pour promouvoir l’école publique. Présentée à l’Exposition Universelle de 1900, elle figure un atelier de travail du métal à l’école professionnelle de Dellys, en Algérie. Cette œuvre témoigne du développement de l’enseignement technique, mais aussi de l’école en contexte colonial. Elle a ainsi tenu une place de choix dans l’exposition L’Algérie à l’école, l’école en Algérie présentée au musée en 2017/2018, qui explorait la relation franco-algérienne au travers du prisme de l’école de 1830 à nos jours.

Jean Geoffroy, Ecole professionnelle à Dellys, travail du fer, 1899 – Musée national de l’Education - D 2016.2.1

Dans une tout autre perspective, l’ensemble d’affiches réalisées par les candidat.es au Conseil de Vie Lycéenne (CVL) du lycée Jeanne-d’Arc de Rouen en 2019 constitue un bon exemple de collecte destinée à documenter le contemporain. Produits dans le cadre des candidatures pour l’année 2019/2020, ces documents sont de précieux témoignages de l’engagement des élèves et des causes qui leurs sont chères. Aux côtés de demandes liées à la vie au sein de l’établissement, apparaissent en effet des revendications plus générales liées aux problématiques environnementales actuelles ou à la lutte contre les discriminations, notamment LGBTIphobes. C’est d’ailleurs dans le cadre de la collecte « Education et LGBTI+ » menée par le musée depuis 2017 que ces affiches ont intégré les collections du Musée national de l’Education.

Jeanne Fauquenoi et Camille Giraudon, Affiche de profession de foi des élections au Conseil de la Vie Lycéenne (CVL) au lycée Jeanne d’Arc de Rouen, 2019 – Musée national de l’Education - 2019.51.2

4) Le Musée organise aussi des expositions temporaires : comment choisissez-vous les thèmes de celles-ci ? Et quels sont les thèmes d’exposition programmés pour 2021 ?

Le Musée national de l’Education propose deux types d’expositions temporaires : des expositions grand format, présentées au deuxième et troisième étage de la Maison des Quatre Fils Aymon, et des expositions dossiers proposées au rez-de-chaussée du même bâtiment. Les thématiques sont définies par les membres de l’équipe scientifique en fonction des intérêts mais aussi des opportunités, notamment liées aux relations avec le monde de la recherche. Elles sont ensuite structurées en une programmation pluriannuelle soumise au comité scientifique du musée et validée par la direction générale de Réseau Canopé. Chacune de ces expositions dispose en outre de son propre comité scientifique qui garantit, aux côtés des commissaires de chaque projet, la qualité des contenus.
La diversité des sujets abordés reflète la grande richesse des collections du musée, mais aussi la pluralité des partenariats établis. Parmi les thématiques présentées durant les cinq dernières années figurent, pour les expositions grands formats, les projections lumineuses, la relation franco-algérienne vue à travers le prisme de l’école, les modèles de botanique du docteur Auzoux ou encore la manière dont les artistes contemporains traitent de l’école (ce dernier projet ayant été mené en partenariat avec le FRAC Normandie Rouen). Les expositions dossier ont, quant à elles, récemment permis de revenir sur l’histoire de la Maison des Quatre Fils Aymon, de présenter des artistes contemporains et des illustrateurs, d’interroger la place du sport à l’école, de découvrir la collection de photographies de classe, les robinsonnades ou encore la représentation des animaux par le monde éducatif… Un récapitulatif des expositions réalisées depuis 1949 par le Musée national de l’Education et ses deux ancêtres (Musée Pédagogique et Musée du matériel pédagogique) peut par ailleurs être consulté ici.

Affiche de l’exposition La bonne Éducation : regards contemporains sur l’école (2019 - 2020), 2019

Affiche de l’exposition Belles plantes ! Modèles en papier-mâché du Dr Auzoux (2018- 2019), 2018

En 2021, le public pourra découvrir l’exposition grand format Métier d’enseignant(e), métier d’élève (16 octobre 2020 – 5 septembre 2021), qui revient sur les enjeux passés et actuels du métier d’enseignant (e) et du métier d’élève dans une perspective socio-historique. L’année sera par ailleurs rythmée par trois expositions dossier : Les enfants de la Résistance, en partenariat avec les éditions du Lombard et en lien avec la série d’albums du même nom (du 3 février au 6 juin 2021) ; L’élève Flaubert : nous étions à l’étude… dans le cadre des célébrations nationales du bicentenaire de l’auteur de Madame Bovary (du 3 juillet au 31 octobre 2021) ; Enseigner la Seconde Guerre mondiale (à partir de novembre 2021).

Affiche de l’exposition Métier d’enseignant(e), métier d’élève (2020 – 2021), 2020

5) Vous disposez d’expositions itinérantes mais aussi d’autres outils pensés spécifiquement pour les enseignants et les classes. Pouvez-vous nous les présenter ?

Le Musée national de l’Education propose quatorze expositions itinérantes. Conçues comme prolongements d’expositions patrimoniales ou comme des projets spécifiques, ces productions permettent de diffuser les ressources et les contenus liés aux collections du musée vers tous les territoires, de manière simple et légères.

Prenant la forme de kakémonos souples, auxquelles sont parfois associés des objets, ces expositions itinérantes sont toujours accompagnées de ressources pédagogiques permettant une prise en charge directe du sujet. Principalement destinées aux établissements scolaires, certaines de ces expositions peuvent par ailleurs être enrichies de contenus spécifiques par leurs emprunteurs, comme le font régulièrement les musées de l’école de Bothoa, de Gonesse ou de Boulogne-sur-Mer.
Les ressources du Musée national de l’Education sont par ailleurs autant de supports pour la formation des enseignants. Ainsi, l’exposition Education et LGBTI+. Un peu d’histoire pour lutter contre les discriminations a récemment servi de support à des webinaires destinés à une meilleure connaissance des questions LGBTI+ et à la lutte contre les LGBTIphobies. De la même manière, le webdocumentaire L’Algérie et son école est régulièrement sollicité pour des formations liées à l’histoire de la relation franco-algérienne.

L’Algérie et l’école, un webdocumentaire de Réseau Canopé proposé dans le cadre de l’exposition L’Algérie à l’école, l’école en Algérie présentée au Musée national de l’Education en 2017-2018.

Webinaire Une exposition pour lutter contre les LGBTIphobies, dans le cadre du projet Education et LGBTI+ mené par le Musée national de l’Education, 2020

Enfin, le musée propose toute l’année aux enseignants et à leurs classes pouvant se rendre à Rouen une riche programmation culturelle portée par l’équipe du département des publics. Des partenariats avec des établissements scolaires peuvent également aboutir à des projets spécifiques, comme l’illustre par exemple le travail mené durant ces deux dernières années avec le lycée professionnel Elisa-Lemonnier de Petit-Quevilly autour du vêtement.

6) Nous traversons une période inédite, particulièrement éprouvante pour les institutions culturelles privées de public : comment le musée a-t-il traversé les mois de confinement ? Des projets particuliers sont-ils nés à cette occasion ?

La fermeture liée aux confinements, prolongée de quelques mois en raison d’un important dégât des eaux survenu au centre d’expositions en mai dernier, a bien évidemment bouleversé le musée dans ses missions. Comme souvent, cette contrainte a toutefois été source de créativité, notamment dans la préservation du lien avec les publics.
Dès le mois d’avril, le musée a ainsi proposé sur son site internet une nouvelle rubrique baptisée Munaévadez-vous divisée en deux sections : Zoom sur les collections et Les ressources du Munaé pour s’évader, complétée en octobre par une troisième page consacrée aux métiers du musée. La mise en place de visites virtuelles des expositions La maison devenue musée et Métier d’enseignant(e), métier d’élève ont par ailleurs permis de pallier à l’impossibilité de se rendre dans les lieux tout en préservant l’expérience sensible de la visite et de la déambulation dans un espace scénographié. Enfin, le musée a largement exploité les possibilités offertes par les réseaux sociaux, notamment par le biais de ses comptes Facebook (@museenationaldeleducation) et Twitter (@MuseeEducation).

Visite virtuelle de l’exposition Métier d’enseignant(e), métier d’élève présentée en 2020/2021 au Musée national de l’Education, 2020

Visite virtuelle de l’exposition De la maison au musée présentée en 2019/2020 au Musée national de l’Education, 2020

Parallèlement, le musée a mis en place dès le printemps 2020 une collecte participative destinée à documenter dans ses collections la situation éducative et scolaire inédite suscitée par le premier confinement. Cette collecte Education confinée, menée avec le soutien du Mucem (qui a mis en place une démarche similaire), sollicite l’expérience de chacun : enseignants, parents, élèves, membres de la communauté éducative au sens large. Ce travail a déjà permis de recueillir de nombreux témoignages des pratiques éducatives mises en œuvre, et a notamment mis en lumière l’importance des productions numériques générées pendant cette période, ouvrant pour le musée un défi patrimonial complexe et stimulant.

© Historiens & Géographes - Tous droits réservés. 23/12/2020

Notes

[1Joëlle Alazard est professeure en classes préparatoires littéraires au lycée Faidherbe de Lille et Vice-Présidente de l’APHG ; Delphine Dussert-Galinat est professeure en classes préparatoires littéraires au lycée Montaigne de Bordeaux et Vice-Présidente de la régionale Aquitaine de l’APHG

[2Myriam Boyer, Les Collections et les muséographies des musées de l’école et de l’Education en Europe : étude comparative à partir d’exemples significatifs, thèse de doctorat en Epistémologie, histoire des sciences et techniques sous la direction de Dominique Ferriot, CNAM, 2009.

[3Sur le Réseau des musées de l’école, voir Collectif, Première rencontre francophone du réseau des musées de l’école, Réseau Canopé, 2017, à consulter ici : https://www.reseau-canope.fr/musee/fileadmin/user_upload/Premiere-Rencontre-Francophone-Musees-Ecole-Actes.pdf