« Ce glossaire de géographie français-espagnol/espagnol-français est destiné aux professeurs et à leurs élèves. Au-delà d’un instrument lexical, il s’agit d’un outil pour la mise en œuvre du programme car il permet d’appréhender les concepts dans les deux langues, selon les thématiques du programme. »
C’est en ces mots que le nouveau glossaire de géographie publié sur Éduscol, à destination des professeurs de sections binationales et plus largement de leurs élèves, est présenté.
C’est tout simplement un fantastique outil de travail qui est mis là à la disposition des collègues des différentes sections franco-espagnoles.
En effet, la place particulière qu’occupe la géographie dans le secondaire en France rend son enseignement en langue étrangère particulièrement ardu. On le sait, depuis les débuts de la troisième République, cette matière occupe en France une place unique en Europe dans les enseignements de collèges et de lycées : diversité des thématiques, des approches, couplage unique de la géographie avec l’histoire…
Pareille spécificité n’existe pas en Espagne. Il n’est évidemment nullement question de sacrifier une de nos deux matières d’autant que la polyvalence est au cœur du métier de professeur d’Histoire-Géographie-Éducation Morale et Civique. De plus, comme il est dit dans les Bulletins Officiels encadrant le Bachibac et les deux autres filières binationales, « le programme d’enseignement de la géographie est le programme national d’enseignement en vigueur ».
Il n’en demeure toutefois pas moins qu’il n’est jamais facile d’enseigner une matière si française à des étudiants le plus souvent français, en langue étrangère, dans un dispositif binational alors que les participants de l’autre côté des Pyrénées en sont tout bonnement exemptés.
Autant de particularités qui ne simplifient pas la tâche des collègues : par-delà les problèmes purement lexicaux, c’est bien tout un aperçu de la recherche scientifique de la matière et de sa didactique qui affleure. Et ce sont donc autant de problèmes qu’il revient à l’enseignant de résoudre pour parvenir à transposer en espagnol la complexité de concepts souvent élaborés et étudiés par la recherche française. Le glossaire pour l’enseignement bilingue de la géographie propose à ce titre une ou plusieurs traductions du terme et aussi une explication claire du concept en œuvre derrière le mot. De nombreux exemples viennent enfin illustrer et asseoir le propos.
L’exemple des hiérarchies et réseaux urbains peut à ce titre être éclairant. La différenciation entre mégalopole, mégapole et métropole n’est jamais nette dans les publications hispanophones ; souvent les deux derniers termes sont employés l’un pour l’autre. Le glossaire apporte trois définitions aussi claires que synthétiques qui permettent au lecteur de choisir avec grande efficacité le bon terme.
Le glossaire précise ainsi bien que mégalopole se traduit par « megalópolis ou ciudad-región – Una megalópolis, también llamada ciudad-región, es un espacio urbano extenso de más de 100 km compuesto de varias grandes ciudades interconectadas. Ej. : la megalópolis europea compuesta desde Londres hasta Milán. El término de megalópolis fue introducido por el geógrafo francés Jean Gottmann en 1961, para designar la región urbana del noreste de Estados Unidos que se extiende desde Boston hasta Washington o BosWash. » Le terme mégapole renvoie quant à lui à « megaciudad, megápolis – área metropolitana con más de 10 millones de habitantes. » Enfin, métropole peut se traduire par « metrópolis, ou par metrópoli – Ciudad que concentra los principales poderes de mando políticos, geoestratégicos, económicos (sedes de grandes empresas transnacionales, actividades financieras, servicios de alto nivel, innovación) y culturales. »
On peut relever au passage que, au singulier, le mot metrópoli est aussi bien accepté que celui de metrópolis, plus classique certainement mais de moins en moins usité dans les articles scientifiques hispanophones. On peut de plus se réjouir que la mention d’un nombre d’habitants ne figure pas dans l’explication puisque le terme ne recouvre pas les mêmes chiffres en Europe et en Amérique latine. La question de l’attractivité (« poder de atracción ») est bien centrale dans la question du passage du statut de simple grande ville à celui de métropole. Une attention particulière a d’ailleurs été accordée aux réalités latinoaméricaines, en géographie urbaine notamment ; reflet de la richesse et de la variété de l’espagnol.
On peut utiliser le glossaire en deux versions : du français à l’espagnol et inversement, de l’espagnol au français. Chacune s’organise thématiquement, selon les champs de la recherche géographique universitaire mais aussi largement selon les entrées des programmes de lycée.
Par le sommaire, on peut accéder directement aux parties suivantes : Villes, espaces et paysages urbains ; Population ; Environnement, aléas et risques ; Littoraux, espaces maritimes ; Développement, développement durable, inégalités de développement ; Les ressources ; Mondialisation, espaces, acteurs, économie mondialisée, flux ; Transports et communications ; Espaces productifs (agriculture, industrie, tourisme).
Trois annexes complètent cette œuvre collective et titanesque : Méthodes et vocabulaire de la géographie (repères terrestres, vocabulaire utile pour présenter, décrire et analyser les documents géographiques) ; Institutions et vie politique (en France, en Espagne, en Europe et dans le monde).
Une bibliographie et une sitographie parachèvent ce glossaire.
Voici donc un outil des plus complets et précis qui sera aussi utile qu’agréable à consulter.
Un grand merci aux contributeurs et à toute l’équipe de rédaction !
©Olivier Rabasse pour l’APHG - Tous droits réservés. 08/09/2024.