Par Damien Gillot. [1]
Les productions graphiques sont indispensables pour le bac, le CAPES , l’Agrégation, les écoles de commerce et les Instituts d’études politiques. Elles obligent à spatialiser la réflexion, à ordonner et à hiérarchiser les éléments. Elles ont pour but d’appuyer un raisonnement et non d’illustrer. Il s’agit ainsi d’utiliser le meilleur outil dans une situation donnée.
Cet ouvrage à vocation non seulement à exposer les différentes productions graphiques en fonction des cas, mais aussi à en décrire la méthode, et avec des exemples de mises en application. C’est un livre très pédagogique et utile dans sa pratique d’enseignant, d’étudiant et de candidat aux concours.
1- Principes généraux et règles de sémiologie graphiques
Quelques remarques matérielles
Il est recommandé de recourir à des crayons de couleur et feutres fins (rouge, bleu, vert noir), une règle voire un normographe si on le maîtrise. Crayon de papier et fluos sont à proscrire. On note les sources. On utilise le mode paysage, sur au moins un quart à une demi-page, avec un encadrement centré et un soin particulier pour la réalisation.
Le décor des croquis : les choix préalables
Il s’agit du fond de carte caractérisé par :
– Son échelle choisie en fonction des données à représenter ;
– Son orientation. Pour affirmer le point de vue d’un territoire, on peut ne pas mettre le nord en haut ;
– Sa projection (Mercator, polaire…) ;
– Son emprise, à savoir son cadrage qui inclut ou exclut certains territoires ;
– Son degré de généralisation
– c’est-à-dire son niveau de précision des tracés du fond du croquis, en simplifiant par exemple les tracés pour augmenter la lisibilité.
Quelques règles de sémiologie graphique
On utilise des figurés ponctuels, linéaires (continus, discontinus, avec flèches pour des flux…), de surface (aplats de couleur, hachures, trames de points ou de tirets…). Il ne faut pas en utiliser plus de 10 ou 15 pour un croquis. Concernant la nomenclature, les noms doivent toujours être écrits à l’horizontal, sauf les fleuves et montagnes. On ne les indique pas en légende sauf s’ils apportent une information supplémentaire. Les couleurs ont des significations culturelles et psychologiques : le vert pour la végétation ou l’islam, le bleu pour l’eau, le rouge pour l’urbain ou la densité ou les axes routiers, le noir pour les axes ferroviaires, le violet pour la vigne ou le tourisme ou activité de hautes technologies… On utilise des gradients chromatiques pour accentuer des phénomènes.
Quelques règles mathématiques
Il faut distinguer les valeurs absolues et les valeurs relatives, veiller à l’homogénéité des unités en effectuant des conversions le cas échéant. On doit indiquer l’échelle, en segment en bas à droite ou sous forme d’un rapport.
Quelques règles logiques
Il faut mettre un titre visible, qui oriente l’interprétation. La légende doit être adaptée à l’argument et exhaustive. Il faut organiser et problématiser la légende car il s’agit d’une démonstration et d’une argumentation.
2- Réaliser des croquis
Les croquis de synthèse
Un croquis doit être synthétique et répondre à une problématique d’ensemble en donnant des arguments. On doit donc sélectionner les informations et les hiérarchiser. On parle de discrétisation si on part de données statistiques pour faire un croquis. Ainsi, chaque croquis sera différent selon les sujets traités, qui détermine aussi le cadrage et l’échelle. Pour habiller le croquis, on peut utiliser l’acronyme TOLENC : titre, orientation, légende, échelle, nomenclature, cadre.
Selon le type d’épreuve, il faut suivre le plan de la composition ou du commentaire de document, traduire graphiquement les éléments des documents sélectionnés… en réfléchissant au plan de la légende qui doit répondre au titre problématisé, et à la sémiologie graphique à utiliser pour chaque information sélectionnée.
Les croquis de parcours
Ce sont des croquis intermédiaires, non obligatoires, permettant d’illustrer un point précis à une autre échelle, qui suivent les mêmes règles que le croquis de synthèse, mais en plus rapide et sans nécessairement de plan dans la légende. il peut s’agir de croquis simplifiés à partir de ses connaissances ou d’une carte, des croquis de finage (à l’échelle communale, issus d’une carte topographique), des croquis diachroniques pour analyser les mutations d’un territoire sur deux époques données (sur un ou deux croquis)
3- Réaliser des schémas
Les schémas spatiaux
Les schémas désignent des productions graphiques représentant un espace générique ou particulier avec une dimension spatiale forte mais sans fond de carte. On en distingue principalement trois :
– Les modèles spatiaux. Ce sont des « représentations schématiques simples de réalités matérielles ou immatérielles observables dans les territoires ». Ils permettent de dégager le modèle général, les invariants spatiaux. On peut donc reproduire un modèle existant ou créer un modèle original.
– Les schémas d’organisation spatiale. Ils représentent « le fonctionnement spatial d’un territoire, d’un aménagement, d’un flux… sans en préciser la localisation géographique ». Cela évite de longues explications.
– Les blocs-diagrammes. Il s’agit de représentations « en perspective et en coupe d’une portion d’espace ». Ils sont notamment utilisés dans les études de paysage.
Les schémas sagittaux
Il s’agit des schémas fléchés, qui mettent en relation par des flèches différents éléments. On en distingue trois catégories :
– Les schémas notionnels. Ils servent à décomposer une notion ou à la rapprocher d’autres.
– Les schémas systémiques. Ils permettent de « synthétiser les différents facteurs d’un phénomène et les boucles de rétroaction qui peuvent s’établir entre eux », impliquant des phénomènes sociaux, économiques, culturels...
– Les organigrammes. Ils permettent de « représenter de manière synthétique les différents acteurs et de donner à voir leurs interactions consensuelles ou conflictuelles ».
4- Réaliser des graphiques et des tableaux
Les tableaux
Il ne s’agit pas de moyens d’argumenter mais de résumer :
– Les tableaux statistiques. La double entrée permet d’obtenir les résultats de la variation en sélectionnant de manière brève une série statistique. Il faut cependant des indicateurs simples, la même unité, un titre, les sources.
– Les tableaux logiques. Ils présentent des caractéristiques, facteurs, acteurs.
Les graphiques : courbes et autres diagrammes
Le plus souvent ce sont des courbes ou diagrammes qui permettent de voir la variation d’un indicateur et/ou de confronter des indicateurs entre eux. Ils se trouvent souvent dans un repère orthonormé. Mais il en existe une grande variété, dont :
– Les diagrammes en tuyau d’orgue ou en pile qui représentent des variables qualitatives.
– Les diagrammes circulaires à secteurs, ou « camemberts » qui représentent des variables qualitatives mais de manière circulaire sans repère orthonormé.
– Les histogrammes, pyramides et diagrammes cartésiens / à nuages de points. Ils représentent des variables dites quantitatives continues.
– Les représentations par courbes, très utiles pour voir l’évolution au fil du temps.
Les profils topographiques
Il s’agit de recueillir des données d’une carte topographique afin de créer « une représentation plus concrète du relief en apportant une vue en coupe complémentaire de la vue en plan de la carte ».
Conclusion :
Au delà des productions manuelles, on peut s’appuyer sur des SIG, cartographies et dessins par ordinateur
Il est enfin possible de faire la cartographie en numérique, soit en incorporant ses dessins (étape par étape si possible) soit en utilisant des outils numériques (inskape).

Damien Gillot pour Historiens & Géographes, 02/11/2023. Tous droits réservés.