L’entrée d’une équipe en compétition est souvent tendue. La rencontre qui vient d’opposer les footballeurs français à leurs homologues roumains ne contredit pas l’observation. Après un spectacle d’ouverture d’une mièvrerie digne des kermesses les plus surannées, le temps du jeu a pu faire craindre que les pronostics des supporters plus ou moins avisés donnant largement l’équipe du pays hôte vainqueur seraient contredits. Les premières minutes dévoilent une équipe de France hésitante, presque dominée, face à des visiteurs conquérants. Il s’en faut de peu pour que le score soit très vite à l’avantage des visiteurs. Puis les « Bleus » se reprennent, sans pour autant dégager la sérénité dont ils sont capables. Passes maladroites, jeu haché, incapacité à construire calmement des actions, les joueurs français inquiètent.
Pour autant, si tous sont touchés, tous ne meurent pas. Certes, deux jeunes footballeurs à qui on promet une carrière de légendes, le milieu Paul Pogba et l’attaquant Antoine Griezmann, ne réalisent pas le plus grand match de leur vie. Ils sont d’ailleurs les deux premiers joueurs de l’équipe à être remplacés. En revanche, deux invités de la dernière heure livrent la partie qu’on attend d’eux. C’est d’abord le revenant du groupe, le défenseur Adil Rami. Appelé au dernier moment pour palier la blessure du titulaire Raphaël Varane, il est de retour après trois ans d’absence sur la scène internationale. C’est ensuite le milieu N’Golo Kante, qui vient d’être sacré champion d’Angleterre avec son club de Leicester City, et qui n’est international que depuis le printemps dernier.
Et surtout, un joueur illumine ce match crispant. Disponible, multipliant les tentatives de percée dans le camp adverse, Dimitri Payet est l’auteur de la passe décisive qui permet à Olivier Giroud d’ouvrir le score. Revenus à égalité à la suite d’un pénalty, les joueurs roumains pressent davantage la défense française à la fin du match, rendant le spectacle plus stressant encore. Après avoir tant espéré une victoire, le résultat nul se profile et les doigts se croisent pour que, dans les dernières minutes, le rêve de gloire ne se termine pas en désespoir de déchéance. Soudain, l’éclair de génie, un deus ex machina admirable… une passe de N’Golo Kante à Dimitri Payet, un contrôle remarquable du ballon, un tir puissant et une toile d’araignée qui se déchire dans la lucarne opposée. Sur le score de deux buts à un, l’équipe de France gagne son premier match de « son » Euro.
Quatre joueurs, les buteurs Giroud et Payet, le défenseur Rami, le milieu Kante, qui redonnent un peu de couleurs à une équipe de France qui doute pendant 90 minutes. Savoyards, Réunionnais, d’origine marocaine, d’origine malienne, qui pendant le match pense à souligner la couleur de peau, les racines ethniques ou la religion de ces hommes dans quelques polémiques indécentes et nauséabondes ? Pour un soir, pour un Euro, dans le cœur des supporters, résonne un petit air, « et tout cela, ça fait d’excellents français ».
A suivre...
© François da Rocha Carneiro - Tous droits réservés. 11 juin 2016.
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© Les services de la Rédaction d’Historiens & Géographes, 11/06/2016. Tous droits réservés.