Des lycéens ravivent la mémoire de la Grande Guerre Histoire, Langues vivantes et Mémoire

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Par Josette Spartacus [1] et des lycéens de la classe de Terminale L-LVA de Carrières-sur-Seine (Lycée "Les Pierres Vives", Yvelines). [2]

Au lycée "Les Pierres Vives" de Carrières-sur-Seine, la classe de Terminale L-LVA anglais (langue vivante approfondie) a travaillé cette année scolaire 2014 / 2015 sur des sujets méconnus de la Grande Guerre. Le principe de départ était d’explorer la présence de l’Empire Britannique dans les tranchées : les Australiens, les Sikhs, les Maoris, les Chinois, les Africains du Sud, les Chocktows, etc.

Petit à petit, le projet a évolué et donné lieu à un livre. La BBC a fait un travail remarquable de compilation de données. Les élèves se sont saisis de cet outil. Mais pas seulement. Certains élèves étaient musiciens et ont voulu se pencher sur les musiciens dans les tranchées. D’autres étaient féministes : elles ont trouvé un sujet qui les a passionnées. D’autres encore étaient libertaires et se sont penchés sur ce phénomène. Certains autres ont voulu se pencher sur les débuts de la chirurgie esthétique qu’un certain médecin Australien avait initié dans les tranchées etc...

Les sujets se sont quelquefois éloignés du principe de départ, mais ils ont tous exhumé des histoires méconnues du grand public. Lorsque le projet s’est affiné, il s’est agi de donner aux élèves quatre pages pour s’exprimer. Une page en anglais pour résumer leur recherche, puis une page en français qui en était la traduction, une photo qui illustrait leur propos, et une quatrième page qui était un Haïku en anglais traduit en français.

Les élèves en sont sortis « grandis ». Le livre, dont ils ont choisi la couleur : rouge coquelicot, le coquelicot qui est le symbole des morts de la guerre 14/18 dans tout le Commonwealth, ainsi que le format (c’est notre maquettiste qui nous l’a susurré à l’oreille), le format 14/18( !) a été finalisé fin mai cette année.

Nous vous transmettons ci-après quelques sujets ainsi que les photos et les haïkus qui leur correspondent. Le livre (une centaine d’exemplaires) est encore disponible au lycée "Les Pierres Vives". [3]

Josette Spartacus - Tous droits réservés. 11 juillet 2015.

Extraits choisis de travaux d’élèves

La musique dans les tranchées par Cassandre Laillet

Lors de la Première Guerre Mondiale, la musique était un phénomène important dans la vie des soldats, elle leur permettait de se divertir et de se maintenir en vie. Les chansons écrites par les soldats étaient directement inspirées de chants populaires de l’époque. Le rôle de la musique dans la Première Guerre Mondiale était de divertir les soldats quand ils ne se battaient pas, et de leur faire oublier le son des bombes et de la mitraille.

En période de guerre, les soldats ne pouvaient pas emmener leurs instruments avec eux sur le front, car ils étaient pour la plupart volumineux et encombrants. Ils fabriquèrent donc leurs propres instruments avec des matériaux trouvés dans les tranchées, comme par exemple du bois ou des cordes. Le son que procuraient ces instruments n’était pas très bon et on disait des soldats qu’ils « jouaient faux comme des cochons ».

Les soldats ne jouaient pas des musiques sérieuses mais plutôt des musiques légères pour pouvoir penser à autre chose qu’à la guerre. De plus, lors de la guerre, la musique permettait aux soldats de créer des liens et un esprit de groupe, ce qui était très important pour garder le moral, pour continuer de se battre et rester en vie.

Music In The Trenches

During WW1 music was an important phenomenon to entertain soldiers and to keep them alive. The soldiers’ songs were written on well-known music of the time. The role of music in WW1 was to entertain soldiers when they were not fighting and to force them to forget the sound of the bombs.

During the war a lot of soldiers could not bring their instrument with them (most of the time because of the size of it) so they made instruments with materials they found in the trenches, like wood or strings. The sounds of those instruments were not really good and soldiers said that they were « playing wrong like pigs ».

The soldiers were not playing serious music but light music so they could think of other things than war. Also during the war music allowed people to create links and a spirit group which was very important to keep the morale to continue to fight and stay alive.

Lycée des Pierres Vives - Tous droits réservés

Splinter of wood in his hands
Instrument of peace amidst destruction
He is playing for his life.

Écharde de bois entre ses doigts
Instrument de paix en plein mitant de la destruction
Il joue sa vie.

Cassandre Laillet

La chirurgie plastique dans la Grande Guerre par Victoria Delahaye

La Première Guerre Mondiale a témoigné d’une incroyable quantité de vétérans arborant de sévères blessures causées par le combat. Leurs visages étaient déformés par les pièces de métal qui étaient projetées par les obus qui éclataient, laissant derrière elles cicatrices difformes et blessures effrayantes.

Harold Gillies, chirurgien néo-zélandais, rejoignit alors la British Royal Army Medical Corps au début de la guerre et travailla sur un moyen de « réparer » les visages déformés des soldats.

La chirurgie était faite en plusieurs opérations, avec plusieurs moyens de procéder. Il s’agissait généralement d’une greffe de peau, des jambes ou des bras au visage. Lorsque les os étaient endommagés, une greffe d’os était également possible.

Les résultats étaient encourageants et les soldats pouvaient retrouver une apparence « normale » et une meilleure vie grâce à ça.

La chirurgie était pratiquée depuis longtemps mais ce nouveau besoin, causé par les massacres, a marqué le début de la chirurgie plastique de nos jours. Plusieurs docteurs, comme Charles Valadier, ont aussi travaillé à son développement mais Gillies est aujourd’hui considéré comme le père de la chirurgie plastique.

Plastic Surgery in WW1

WW1 witnessed an incredible quantity of war veterans with severe facial injuries caused by the fight. Their faces were deformed by pieces of metal, which were hurled by artillery shells, leaving behind them deformed scars and scary wounds.

A New Zealand-born surgeon, Harold Gillies joined the British Royal Army Medical Corps at the start of the war and worked on a way to « repair » their faces which were totally deformed.

Surgery was made in several operations and they were many ways to proceed, it was generally a skin graft, from legs or from arms, to the face. When bones were damaged, a bone graft was possible too.

The results were good and soldiers could get a « normal » appearance and a better life thanks to it.

Surgery has been practiced for a long time but this new need, caused by the massacres, marked the beginning of the plastic surgery of today. Several doctors, like Charles Valadier, worked on it but Gillies is now considered as the father of plastic surgery.

Lycée des Pierres Vives - Tous droits réservés

In autumn the bombs ruin you.
In winter people’s look struck you.
In spring you limp hopefully.

En automne la bombe vous détruit.
En hiver le regard des gens vous glace.
Au printemps vous boitez avec espoir.

Victoria Delahaye

Les femmes aux fusils par Célia Lopez

Le bataillon des femmes "de la mort" a été créé en Russie durant la Première Guerre Mondiale.

Environ six mille femmes se sont alors engagées pour servir dans l’armée. La plupart d’entre elles étaient issues de la bourgeoisie et elles voulaient prouver leur courage face aux hommes.

Elles participèrent au siège du Palais d’Hiver. Durant cette bataille beaucoup d’hommes abandonnèrent mais les femmes restèrent sur la barricade. C’était davantage parce qu’elles avaient peur d’être prises que parce qu’elles voulaient se battre, mais en fait cela leur permit de prouver leur courage et de faire honte aux hommes qui avaient déserté. Après cela, le bataillon fut dissout parce que Lénine le considérait comme contre-révolutionnaire. Ces femmes ont été prises après cela, la plupart d’entre elles furent violées et apparemment elles furent massacrées durant la Révolution d’Octobre, et totalement oubliées.

J’ai choisi cette image parce que je pense qu’il est important de se souvenir d’elles aujourd’hui ; grâce à ce genre de femmes qui ont mené ce genre de combat, directement ou non, en se battant dans des bataillons ou en travaillant dans des usines comme les hommes, grâce à ces femmes aujourd’hui nous pouvons voter, nous pouvons étudier à l’université, nous pouvons travailler. Grâce à elles les femmes sont indépendantes, elles ont des droits. Et notre devoir, aujourd’hui, est de ne jamais les oublier.

Women with guns

The women’s battalion of death was created in Russia during the First World War.

Around six thousand women engaged themselves to serve in the army. Most of them were from bourgeoisie and they wanted to prove their bravery face to men.

They participated to the siege of the Palais d’Hiver. During that battle many men abandoned but the women stayed on the barricade. It was more because they were afraid to be caught than because they wanted to fight, but actually it allowed them to prove their bravery and it brought shame on men who had deserted. After that, the battallion was separed because Lenine found it was counter-revolutionary. These women were caught after that, most of them were raped and apparently they were massacred after October Revolution, and totally forgotten.

I chose this picture because I think it is important to remind them today ; thanks to this kind of women who leaded this kind of fight, directly or not, by fighting in a battalion, working in factories as a man, thanks to these women today we can vote, we can study at college, we can work. Thanks to them, women are independant, they have rights. And our duty today is never to forget them.

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They are standing there, impassive, quiet.
There is no noise, there’s nothing but the wind,
Women keep ready. For once, the assault or death.

Elles se tiennent là, imperturbables, calmes.
Il n’y a aucun bruit, rien d’autre que le vent,
Les femmes sont prêtes. Seul choix enfin : l’assaut ou la mort.

Célia Lopez

Les Sud Africains par Céline Rondy

L’Afrique du Sud s’est battue pour la Grande Bretagne puisque qu’elle faisait partie de l’Empire Britannique. Ce fut la première bataille dans laquelle elle fut impliquée et cela eut beaucoup de conséquences. Ils furent des milliers à mourir dans les tranchées à cause des conditions de vie horribles dans lesquelles ils vivaient, du temps glacial ou bien encore des maladies telles que la pneumonie ou la grippe espagnole, sans parler des personnes qui furent blessées ou devinrent handicapées. L’Afrique du Sud connut une crise économique (en effet, le blocage naval de 1916 empêcha l’exportation de produits locaux).

De plus, la société traditionnelle fut désorganisée, les populations fuirent afin de ne pas être forcées à combattre tandis que des manifestations violentes eurent lieu qui divisèrent le pays. De manière évidente, le sentiment de sacrifice apparut aux yeux de tous face à tous ces désastres. Mais leur participation fut utile par la nourriture offerte, les hommes envoyés dans différents pays et les tâches ingénieuses qu’ils réalisèrent sur la route et dans la maintenance des rails.

Malheureusement, ils ne furent pas décorés lorsque la Première Guerre mondiale se termina et ne furent pas reconnus non plus. Ils furent oubliés car ils constituaient des victimes, que la Grande Bretagne avait envie de cacher. Cela conduisit par la suite à la révolution et l’anticolonialisme puisque se battre pour le pays qui avait colonisé l’Afrique du Sud les firent réaliser qu’ils étaient capables de réclamer leur indépendance.

The South-Africans

South Africa fought for Great Britain during World War one as they were part of the British Empire. It was the first battle they were involved in and it had a lot of consequences. They were thousands to die in the trenches because of the awful conditions they lived in, the cold weather or even the diseases as pneumonia and the Spanish flu, not to mention the persons who ended up hurt or disabled. South Africa went through an economic crisis (Indeed, the naval blockade of 1916 did not allow them to send products and therefore, survive).

Furthermore, the traditional society was disorganized, population ran away not to be enrolled by force while violent demonstrations happened and divided the country. It is obvious to say that they did a huge sacrifice in front of all these disasters. But their participation was quite helpful with the offering of food and men to different countries and the tremendous tasks they managed in the road and rail maintenance.

Unfortunately, they were not decorated when the WW1 ended and not recognized either. They were forgotten because they had been victims. Meanwhile Great Britain had to do away with its Empire, whatever the cost. It lead to revolution and anti-colonialist upheavals because fighting for the country which had involved them at the cost of their lives made them realize that they were able to claim for their independence.

Lycée des Pierres Vives - Tous droits réservés

Young, unknown, alien and innocent
Chest destroyed, a hole instead
Laying on a pile of ash and misery
A soldier disappears in a violent silence.

Jeune, inconnu, étranger et innocent
Un trou remplaçant la poitrine
Gisant sur un monceau de cendres et de misère :
Un soldat disparaît dans un violent silence.

Céline Rondy

Littérature par Quentin Vasicek

La Première Guerre Mondiale est une abondante source d’inspiration qui apporta à la littérature d’indénombrables œuvres : romans, comics, pièces de théâtres, ou poèmes, cet événement impacta toutes les variétés et formes d’écriture. De nombreux soldats influencés par leur expérience au front choisirent de conter leur vision de la guerre.

J.R.R. Tolkien avec Le Seigneur des Anneaux est probablement l’un des romans les plus célèbres parmi ceux inspirés par la Première Guerre Mondiale. En effet, il y a beaucoup de ressemblances entre cette guerre et le roman de Tolkien ; par exemple durant les combats à chevaux. Ainsi, on peut interpréter Le Seigneur des Anneaux comme une allégorie dénonçant les maux de la Première Guerre Mondiale. De quelle façon la Première Guerre Mondiale influença-t-elle la littérature ?

Literature

World War One is a great source of inspiration which provided literature a countless number of works : novels, comics, theater plays or poems, this event impacted all varieties and forms of writing. Many soldiers influenced by their experiences at the front chose to narrate their vision of the war.

J.R.R. Tolkien with The Lord of the Rings is probably one of the most famous novels inspired by World War One. Indeed, there are a lot of similarities between this war and Tolkien’s novel ; for example during the fights with horses. So, we can interpret The Lord of the Rings as an allegory to denounce the evils of World War One. In which way did World War One influence Literature ?

Lycée des Pierres Vives - Tous droits réservés

Warriors of the past, battles of the present
Words change past ideals into future reality
Ink transcends time.

Guerriers du passé, batailles du présent
Les mots changent les idéaux passés en réalité future
L’encre transcende le temps.

Quentin Vasicek

Extraits de l’ouvrage Nous ne bâtissons que mémoires, ce sont hommes par la classe de Terminale L-LVA du Lycée "Les Pierres Vives" de Carrières-sur-Seine (78) sous la direction de Josette Spartacus, mai 2015 - Tous droits réservés.

Les services de la Rédaction d’Historiens & Géographes - Tous droits réservés. 13/07/2015.

Notes

[2La Rédaction remercie vivement notre collègue Josette Spartacus, qui nous a transmis ces documents pédagogiques de première main et a eu l’extrême gentillesse de rédiger une présentation inédite. Un grand merci également aux élèves de la classe de Terminale L-LVA (année scolaire 2014-2015) qui ont eux-mêmes choisis les extraits publiés ci-après, au début du mois de juillet, dans l’attente des résultats du Baccalauréat : Victoria Delahaye-Drezden, Cassandre Laillet, Célia Lopez, Céline Rondy et Quentin Vasicek.

[3Lien vers le site du lycée, ici