L’Opéra Comique et ses trésors
Ouvert au public en février 1715, l’Opéra Comique est, avec l’Opéra de Paris et la Comédie-Française, l’une des trois plus anciennes institutions culturelles françaises. Son tricentenaire est l’occasion pour le Centre national du costume de scène de présenter les savoir-faire de son atelier à travers un parcours thématique et historique dans les espaces installés depuis 2006 dans le quartier Villars de Moulins, un imposant édifice du XVIIIe siècle en bord d’Allier à proximité, pour l’anecdote, de la - bien postérieure - Ligne de démarcation.
L’exposition commence au salon d’honneur par une plongée dans l’univers des foires parisiennes, là où naquit, sans prétentions, l’Opéra Comique. Justine Favart, l’une de ses premières personnalités, ouvre la danse qui se poursuit dans le grand escalier puis à l’étage autour des héroïnes qui ont fait la notoriété de cet art de l’intime et du sentiment quand l’Opéra s’attache, lui, à l’épique. Quatre salles évoquent donc les Giuletta des Contes d’Hoffmann, Manon de Massenet, la bohémienne Mignon de Goethe et Ambroise Thomas, la maraîchère Ciboulette de Hahn. Plus loin Carmen et Lakmé revivent autour de Bizet et Delibes.
La splendeur des étoffes, sublimement mises en lumière dans des salles plongées dans la pénombre par la scénographe Macha Makeïeff, démontre que le costume d’opéra est un art à part entière. Une des salles de l’exposition propose d’ailleurs une reconstitution du central costumes de la Salle Favart. La salle finale accueille les réalisations les plus spectaculaires depuis 2007 lorsque Jérôme Deschamps a pris la direction de l’Opéra Comique.
A ne pas manquer : l’espace permanent qui consacre trois salles comportant 300 objets ayant appartenu à Rudolf Noureev (1938-1993), dont la reconstitution de son salon parisien des bords de la Seine.
Centre national du costume de scène
Jusqu’au 5 septembre 2015
Quartier Villars, route de Montilly, 03 000 Moulins
Tél : 04 70 20 76 20 - http://www.cncs.fr/
Armures, hennins & crinolines, costumes de scène...
Au château de Pierrefonds, dans une scénographie du studio Tovar aussi sobre que magnifique, le Centre des monuments nationaux propose de découvrir une exposition de costumes de scène qui se fait l’écho d’un Moyen-Age idéalisé au sein de ce rêve de pierre recréé par Eugène Viollet-le-Duc pour Napoléon III et Eugénie. L’Opéra national de Paris, le Théâtre du Capitole de Toulouse, l’Opéra national de Bordeaux ont prêté pour l’occasion trente costumes et accessoires de théâtre historique pour offrir aux visiteurs un « spectacle » enchanteur, au sens premier du mot. Les commissaires de l’exposition Martine Kahane et Noëlle Giret ne notent-elles pas qu’au château de Pierrefonds, comme au théâtre, tout est vrai et tout est faux, et que parfois le faux y est plus vrai que le vrai ? Cette exposition a pour objet de donner une chair textile aux rêves du public.
Les costumes présentés dans les espaces du château, notamment dans la vaste salle des Preuses, lieu de réceptions sous le Second Empire, appartiennent aux œuvres célèbres du répertoire : Le roi d’Ys de Lalo, Le château de Barbe-Bleue de Bartok, La chauve-souris de Strauss ou le moins connu Poirier de misère de Delannoy. Les costumes présentés ont été créés pour des mises en scène souvent récentes : ils ne manquent donc pas de surprendre par leur inventivité et leur capacité à soulever les imaginations. Et, comme l’annonce cette exposition aussi étonnante que magique, propre à plaire aux visiteurs les plus jeunes, des armes, des armures et des accessoires ont été prêtés par le Centre national du costume de scène de Moulins. On laissera, en guise de conclusion, au futur visiteur de rechercher ce qu’on appelle un hennin…
A noter : L’exposition poursuit sa route, sous une forme adaptée, au palais du Tau, à Reims, à partir de novembre 2015.
Armures, hennins et crinolines
Jusqu’au 18 octobre 2015
Château, 60 350 Pierrefonds
http://www.pierrefonds.monuments-nationaux.fr/
Bruno Calvès
Les services de la Rédaction d’Historiens & Géographes, n° 430, mai-juin 2015, p. 27 et "supplément numérique". Tous droits réservés. Le 15 juin 2015.