Les Françaises ne sont pas les premières femmes, loin s’en faut, à se voir accorder le droit de vote ; quelques dates :
Nouvelle-Zélande | 1893 | Australie | 1902 |
Finlande | 1906 | Norvège | 1913 |
Danemark | 1915 | Russie soviétique | 1918 |
Canada (hors Québec) | 1918 | Royaume-Uni | 1918 |
Hongrie | 1918 | Tchécoslovaquie | 1918 |
Pologne | 1918 | Géorgie | 1918 |
Azerbaïdjan | 1918 | Allemagne | 1919 |
Pays-Bas | 1919 | Luxembourg | 1919 |
Suède | 1919 | États-Unis | 1920 |
Albanie | 1920 | Autriche | 1920 |
Arménie | 1921 | État libre d’Irlande | 1922 |
Mongolie | 1924 | Équateur | 1929 |
Turquie | 1930 | Sri Lanka | 1931 |
Thaïlande | 1932 | Maldives | 1932 |
Brésil | 1932 | Uruguay | 1932 |
Cuba | 1934 | Birmanie | 1935 |
Roumanie | 1938 | Salvador | 1939 |
Québec | 1940 | Rép. Dominicaine | 1942 |
France | 1944 | Yougoslavie | 1945 |
Italie | 1945 | Japon | 1946 |
Argentine | 1947 | Venezuela | 1947 |
Belgique | 1948 | Israël | 1948 |
Chili | 1949 | Bolivie | 1952 |
Inde | 1952 | Grèce | 1952 |
Mexique | 1953 | Colombie | 1954 |
Pakistan | 1954 | Syrie | 1954 |
Pérou | 1955 | Egypte | 1955 |
Tunisie | 1957 | Etc. | Etc. |
Le 21 avril 1944, en France : le suffrage devient enfin « universel » !
C’est par l’article 17 d’une ordonnance du gouvernement provisoire de la République que les Françaises deviennent citoyennes. Cette ordonnance est signée par le général de Gaulle à Alger : « Les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes. »
Le général de Gaulle met en œuvre un engagement pris en 1943 par le Conseil national de la Résistance. Il faut noter que le choix de l’ordonnance par rapport à la loi peut s’expliquer par le risque récurrent d’impopularité du sujet — associé au désir d’efficacité et de rapidité. Enfin, les Françaises ont le droit de voter et d’être élues. Malheureusement, ce nouveau droit n’est pas accompagné par d’autres mesures, tout aussi nécessaires, concernant les rôles familiaux et sociaux tenus par les femmes. Le général de Gaulle, en effet, leur demande, concurremment, de mettre au monde « douze millions de beaux bébés en dix ans » et n’appelle aucune femme dans son gouvernement.
La date du 21 avril 1944 est néanmoins à célébrer car cela faisait un siècle que des Françaises luttaient pour obtenir ce droit.
Elles votent, pour la première fois, le 29 avril 1945, pour les élections municipales, puis le 21 octobre 1945, pour les élections à l’Assemblée constituante. Au départ, les électrices, encore sous l’influence de l’Église, favorisent les partis de droite (les femmes marquent leur fidélité au général de Gaulle : en 1965, elles sont 62 % à voter pour lui contre 48 % des hommes). Les femmes âgées (plus nombreuses que les hommes âgés) participent au maintien des partis conservateurs. Progressivement, les électrices s’autonomisent.
Électrices certes, mais éligibles ?
Le droit de vote obtenu, il reste un sérieux problème à résoudre, celui de l’élection de femmes à des mandats politiques, particulièrement à la Chambre et au Sénat. Certaines d’entre elles, d’abord en petit nombre, font l’apprentissage de la politique dans les conseils municipaux. On les trouve progressivement dans les assemblées considérées comme de moindre importance comme les conseils régionaux ou le Parlement européen.
Enfin, en 1992, l’idée de parité est lancée par la publication, au Seuil, du livre de Françoise Gaspard, Claude Servan-Schreiber et Anne Le Gall, Au pouvoir citoyennes : liberté, égalité, parité, qui demandent que la parité soit inscrite concrètement dans la loi sous la forme suivante : « Les assemblées élues, au niveau territorial comme au niveau national, sont composées d’autant de femmes que d’hommes ».
Le retard à rattraper est colossal : 5,6 % de députées dans l’Assemblée constituante élue le 21 octobre 1945, 6,1 % après les élections législatives de 1993. Incroyable ! Une augmentation de ce pourcentage peut enfin être observée en 1997 (10,9 %) en raison du volontarisme de Lionel Jospin qui avait imposé au Parti socialiste de réserver 30 % des circonscriptions à des candidates (finalement, il y en aura 28 %). Après de multiples débats, le Parlement, réuni en Congrès à Versailles le 28 juin 1999, modifie deux articles de la Constitution. Il ajoute à l’article 3 : « La loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives », et, à l’article 4 concernant les partis politiques : « Ils contribuent à la mise en œuvre du principe énoncé au dernier alinéa de l’article 3 dans les conditions déterminées par la loi. »
Parlementaires européennes | 44,4 % |
Conseillères municipales (av. mars 2014) | 35,0 % |
Députées | 26,9 % |
Sénatrices | 22,1 % |
Conseillères générales | 13,9 % |
Maires (av. mars 2014) | 13,8 % |
Présidentes de Conseils régionaux | 7,7 % |
Présidentes d’EPCI | 7,2 % |
Présidentes de Conseils généraux | 5,0 % |
La pleine et entière citoyenneté des femmes est encore loin.
Le Bureau de Réussir l’Egalité Femmes Hommes-REFH
Nicole Fouché, Huguette Klein, Claire Desaint et Catherine Chadefaud
BIBLIOGRAPHIE
– BARD Christine (dir.), Un siècle d’antiféminisme, Fayard, 1999.
– BARD Christine, Les Filles de Marianne. Histoire des féminismes 1914-1940, Fayard, 1995.
– CHAPERON Sylvie, Les Années Beauvoir. 1945-1970, Fayard, 2000.
– COVA Anne, Maternité et droits des femmes en France (XIX e- XX e siècles), Anthropos, 1997.
– FABRE Clarisse, Les Femmes et la politique : du droit de vote à la parité, Éditions J’ai lu, 2001.
– KLEJMAN Laurence, ROCHEFORT Florence, L’Égalité en marche. Le féminisme sous la Troisième République, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques et Éditions des femmes, 1989.
– MONTREYNAUD Florence, Le XX e siècle des femmes, Nathan, 1999.
– MOSSUZ-LAVAU Janine, « La parité en politique, histoire et premier bilan », Travail, genre et société, 2002, n° 7, p. 41-57 ; Id., « Histoire et enjeux de la loi sur la parité », Projet, 2005, vol. 4, n° 287, p. 80-86.
– PICQ Françoise, Libération des femmes. Les années-mouvement, Seuil, 1993.
– SCOTT Joan, La Citoyenne paradoxale. Les féministes françaises et les droits de l’homme, Albin Michel, 1998.
– Sites de l’Insee et du Ministère des Droits des femmes.
– RIPA Yannick, Les Femmes actrices de l’Histoire : France, 1789-1945, Armand Colin, 2002.