Du mélange des genres (épisode 12) Chronique de l’Euro

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La Rédaction du site internet de l’APHG et d’Historiens & Géographes publie en plusieurs parties une tribune libre sur l’Euro de Football dont la 15e édition se déroule en France, du 10 juin au 10 juillet 2016... A suivre !
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Par François da Rocha Carneiro [1]

Alors que le petit monde du football observe avec délectation depuis plus de trois semaines les joies et peines des équipes qualifiées pour le championnat d’Europe, les yeux du monde se tournent, à l’occasion de ce premier week-end de juillet, vers une course dont la réputation n’est plus à faire. Comme tous les ans, les yeux se tourneront vers ces sprinteurs qui viseront la première place après avoir subi mille difficultés. Il faudra avoir bien épuisé sa monture pour arriver en tête, malgré les montées et descentes répétées. Pour les spectateurs, la compétition est l’occasion de se perdre dans un décor de rêve où eaux, arbres et terres se mêlent dans une harmonie sans nom. Fête populaire par excellence, enrichie de la présence de nombreuses vedettes et de musiques variées, la course voit chaque année les meilleurs compétiteurs s’affronter et, le plus souvent, les Finlandais l’emporter, après une longue domination estonienne. Cela n’étonnera guère, puisque le Championnat du monde d’eukokanto se déroule comme à chaque fois à Sonkajärvi, en Finlande. Ce sport exige d’un homme qu’il porte, sur un parcours aux difficultés variées, une femme pendant quelques 253 mètres.

Et si, non contents de contester leur autorité aux « grandes » nations du football, les peuples du Nord nous proposaient désormais, par cette conjonction des événements sportifs, un avenir du ballon rond ? Bien sûr, le football féminin est suivi par des foules de plus en plus nombreuses à travers la planète, appréciant un jeu riche encore relativement préservé, du moins en apparence, des excès que son homologue masculin ne peut plus cacher. Mais l’eukokanto ne préfigure pas un football sexué. Loin d’une bataille des genres, il oblige à une mixité complémentaire.

Où voulons-nous en venir ? Regardons les bancs des équipes du Championnat d’Europe. Dans une compétition de football masculin, combien de femmes sélectionneures ? Aucune, et c’est bien normal puisqu’il s’agit d’une compétition masculine… Normal ? Pourquoi alors Philippe Bergeroo, un homme semble-t-il, ancien grand gardien international, assisté d’un autre grand goal, le champion olympique Albert Rust, est-il aujourd’hui le sélectionneur de l’équipe de France … féminine ? Pourquoi lors du dernier Championnat d’Europe de football féminin, en 2013, sur les douze équipes qualifiées, deux et seulement deux étaient entraînées par des femmes. Sans aucun doute, on répondra par l’incompétence notoire des femmes en matière de football… mais c’est bien l’Allemagne, une des deux équipes dont le sélectionneur est une femme, qui remporta le titre !

Alors, si le football masculin changeait, et ses entraineurs et dirigeants en tout premier lieu ? D’un monde de ventripotents en pardessus à la démarche de sénateurs, de métrosexuels avides de reconnaissances médiatiques et de commentateurs avinés imbus de l’autorité que confère le port d’un micro-cravate, si un autre modèle émergeait ? Si l’héritage militaire qu’incarne si bien le vocabulaire utilisé dans ce sport (attaque, défense, tir, capitaine, mur, et j’en passe), s’enrichissait d’un peu de féminité ? La Croisienne Corinne Diacre, entraîneure du club de Clermont Foot 63, fait honneur à ses diplômes et à son métier, tandis que Pauline Gamerre assume la charge de directrice générale du Red Star... alors osons ! Osons échapper aux élans digito-olfactifs d’un Joachim Löw, aux spasmes boursoufflés de Leonid Sloutski ou aux soupirs désabusés de Roy Hodgson et offrons à ce sport des femmes à la tête de nos équipes nationales et de nos clubs. Corinne Diacre, Gaëtane Thiney, Sandrine Soubeyrand, l’avenir est à vous !

A suivre...

© François da Rocha Carneiro - Tous droits réservés. 3 juillet 2016.

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© Les services de la Rédaction d’Historiens & Géographes, 03/07/2016. Tous droits réservés.

Notes

[1Secrétaire général adjoint de l’APHG, Membre de la Rédaction d’Historiens & Géographes, « chronique sportive ».