Une ambition légitime pour notre école aujourd’hui : enseigner les Humanités
La suppression du latin et du grec comme disciplines optionnelles autonomes et entières en collège est une nouvelle atteinte contre les disciplines dans l’enseignement secondaire qui préfigure les transformations annoncées pour des formations pluridisciplinaires dans l’enseignement supérieur.
La disparition programmée de certaines disciplines et l’affaiblissement structurel d’autres avec des diminutions horaires, des ajouts d’activités et d’éclatements pédagogiques menacent non seulement chacune des disciplines concernées mais déstructurent la formation intellectuelle et citoyenne des élèves et des étudiants.
L’histoire n’est pas la moins concernée dans cette perspective. Mais de quelle histoire parlons-nous ? N’oublions pas que l’histoire, dans son unicité, se décline en quatre périodes et en une multiplicité d’approches et de thématiques qui contribuent à la pluralité des points de vue et des acquis. La réduire à une description du strict contemporain ne ferait que la priver de profondeur culturelle.
Les atteintes répétées contre l’enseignement des Humanités amoindrissent la conscience civique. En renonçant à l’enseignement obligatoire de certaines disciplines de l’humanisme et en prenant acte de la diminution horaire de certaines autres, notre société oublie ce qui fait son histoire et son socle culturel.
Le déchaînement de violence et la « barbarie » qui caractérisent les atteintes à la démocratie, à la liberté et à la libre conscience sont une atteinte à nos valeurs morales, connue et malheureusement reproductible.
Sans une défense des valeurs pour lesquelles il nous faut continuer à lutter sous peine de revivre le pire, il nous faut réaffirmer, aujourd’hui, au cœur des enjeux pédagogiques et méthodologiques, la place d’une réflexion sur la longue durée, la comparaison et la diversité culturelle qui la sous-tend. Réduire les questionnements à de simples enjeux pédagogiques et méthodologiques confinés dans une temporalité contemporaine est voué à l’échec et à l’incompréhension générale, car tout individu est le fruit d’une histoire dont les racines plongent très profondément dans la culture.
Paris, le 22 mai 2015
Bruno Benoit, Président de l’Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie (APHG)
Antonio Gonzalès, Président de la Société des Professeurs d’Histoire Ancienne (Sophau)
Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie - APHG
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Courriel : a.p.h.g@wanadoo.fr
Société des Professeurs d’Histoire Ancienne de l’Université - SOPHAU
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