Hubert Tison : Dans son annonce d’une « semaine de la recherche sur les génocides, les crimes contre l’humanité et les crimes de masse », le Président de la République mentionne la « mission scientifique » que la ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche vous a confiée ? Pouvez-vous nous en dire plus ?
Vincent Duclert : Le principe de cette Mission a été annoncé publiquement lors du discours par lequel la ministre a ouvert le colloque « Le génocide des Arméniens : cent ans de recherche », à la Sorbonne, le 25 mars 2015. Puis elle a été installée officiellement par la ministre le 18 octobre 2016, cela a fait l’objet d’une communication publique également. Il est vrai que ces annonces n’ont pas été très relayées. Ce n’est pas une critique, juste un constat. La responsabilité de cette Mission dénommée « d’étude en France sur la recherche et l’enseignement des génocides et des crimes de masse » m’a été confiée, en tant qu’inspecteur général mais aussi comme chercheur et historien (à l’EHESS ainsi qu’à Sciences Po) soulignant ainsi le but de cette initiative qui est bien, comme cela est défini dans la lettre de mission de la ministre du 30 mai 2016 [4], de lier dans une réflexion convergente et dynamique les approches scientifiques, pédagogiques, éducatives, documentaires, muséographiques ... d’une question majeure pour la connaissance du monde et la formation de la conscience démocratique, notamment celle des jeunes.
Il faut reconnaître que les génocides, les crimes de masse et les violences extrêmes ne sont pas des sujets comme les autres, je le dis d’autant mieux que je n’en suis pas spécialiste à l’origine mais leur importance s’est imposée à mes recherches. Et ces sujets renvoient à des interrogations cruciales sur la capacité, notamment des démocraties, à lutter contre de tels engrenages politiques et idéologiques qui s’appliquent à détruire méthodiquement l’humanité des personnes et des sociétés. Pourquoi le « Plus jamais ça » proclamé avec beaucoup d’espérance au lendemain de la découverte de la « solution finale de la question juive » et de tous les crimes de masse nazis qui l’ont accompagnée, n’a pu empêcher l’entreprise de destruction conduite par les Khmers rouges au Cambodge ou bien le génocide des Tutsi au Rwanda ? Pourquoi n’ont pas été entendues les analyses d’un Aimé Césaire exposant en 1950 dans son Discours sur le colonialisme comment les traites et les esclavages ont accoutumé l’Europe aux violences extrêmes, avec l’illusion qu’elle les limiterait à ses périphéries notamment coloniales sans réaliser qu’elle les installait au cœur de ses sociétés, de ses Etats ? Pourquoi est-il si difficile de penser la destruction de la société syrienne par le régime de Bachar el-Assad et celle des sociétés moyen-orientales par Daech ou encore les violences extrêmes que subissent les démocrates de Turquie au point d’en pousser certains au suicide, au refus de la vie donc ? Il faut faire preuve d’un peu d’humilité devant le pouvoir de nos démocraties de combattre la déshumanisation sous toutes formes. Il faut se dire qu’il est peut-être nécessaire de les réarmer par une mobilisation des savoirs scientifiques et de leur force pédagogique.
J’ajouterai que l’actualité de la campagne électorale en France ne peut qu’alarmer sur la dimension de fragilité des savoirs sur les génocides, les crimes de masse et les violences extrêmes, et sur les menaces qui pèsent sur eux. Candidate aux plus hautes fonctions de la République, Marine Le Pen a récusé par sa déclaration du 9 avril dernier l’avancée du discours du Vel d’Hiv’ qui actait le travail des historiens. Aujourd’hui, c’est une mise en cause inquiétante de ces derniers qui ne concerne pas seulement le cas français. Le pouvoir polonais actuel s’est lancé dans une vaste offensive idéologique contre un historien, Jan Gross, membre de notre Mission, coupable d’avoir mené des travaux sur l’importance du « voisinage » dans l’extermination des Juifs de Pologne. Le parti qui porte la candidature de Marine Le Pen a bénéficié d’une présidence par intérim d’un cadre du FN, Jean-François Jalkh, auquel ont été attribués de manière documentée des propos négationnistes (proférés en 2000) et un hommage appuyé à Robert Faurisson. L’allégeance inconditionnelle de la candidate à Vladimir Poutine signifie aussi la banalisation des guerres massives menées par la Russie contre les populations civiles en Syrie, et auparavant en Tchétchénie. S’il y a un sujet qui fonde une adhésion collective à l’identité démocratique de la France, c’est bien une exigence de vérité sur le passé et de solidarité pour les droits de l’homme constitutionnalisés depuis 1946.
Tout cela démontre que le savoir sur les génocides, les crimes de masse et les violences extrêmes, non seulement reste fragile mais qu’il est aujourd’hui menacé par des extrêmes radicalisées. La Mission instituée par la ministre prend dans ce contexte tout son sens, qui est précisément d’opposer à ces tentations idéologiques la garantie de la connaissance scientifique en lui donnant plus de moyens pour protéger l’école. Vous constaterez comme moi que la Mission est née en mars 2015 d’un moment de prise en compte de ce que la recherche peut pour un génocide longtemps ignoré et souvent nié, et qui aujourd’hui contribue, comme la Shoah, comme le génocide des Tutsi comme les crimes du communisme, à la connaissance de l’histoire innommable et bien réelle de l’humanité. On peut et on doit être critique sur les initiatives du politique en matière scientifique, cela fait partie précisément de la démarche scientifique mais je puis attester que cette Mission correspond à de vraies interrogations, qu’elle bénéficie d’une totale indépendance sur laquelle je reviendrai, et que son travail n’est rendu possible qu’en vertu de la volonté politique de lui donner précisément les garanties de cette indépendance.
La composition de la Mission, paritaire, pluridisciplinaire, internationale, multi-statuts, compétentes sur les trois degrés du primaire, du secondaire et du supérieur [5], restitue ces objectifs de recherche et d’enseignement abordés sous l’angle, en premier lieu d’un bilan critique nécessaire mais aussi de recommandations sur lesquelles nous allons aussi revenir.
Depuis le 18 octobre, la Mission a beaucoup travaillé, bénévolement bien entendu, et je tiens ici à remercier fortement l’implication de ses membres. Le 30 mars, elle a rendu à la ministre comme cela était demandé dans la lettre de mission du 30 mai 2016 une note d’étape contenant des premières recommandations en matière notamment de soutien à la politique scientifique et éducative. [6] C’est le cas notamment de la proposition d’instauration d’une Commission des archives judiciaires du génocide des Arméniens, chargée de repérer et d’exhumer la documentation très importante qui atteste du lien entre l’événement et les prémisses de la justice pénale internationale. C’est aussi le cas de la « semaine de la recherche sur les génocides, les crimes contre l’humanité et les crimes de masse » annoncée également dans le discours présidentiel de commémoration du 102e anniversaire du déclenchement du génocide des Arméniens.
Hubert Tison : Pourquoi cette semaine a-t-elle été proposée par le Président ?
Vincent Duclert : Si on suit de près les déclarations publiques du Président, on constatera aisément qu’il avait d’abord annoncé le 8 février dernier, devant les associations arméniennes de France, la décision de créer une « Journée nationale de commémoration de tous les génocides, crimes de guerre et crimes contre l’humanité », dont le génocide arménien, et de confier à la Mission le soin de travailler à ses « modalités » [7]
Le 24 avril, il annonce tout autre chose. On passe ici très clairement d’un projet mémoriel à une initiative pédagogique fondée sur la mobilisation de la recherche et de son pouvoir éducatif. Peut-être que le contexte d’expression de cette décision en faveur de la « semaine de la recherche » a pu laisser croire qu’on était dans l’injonction mémorielle, mais c’est bien le contraire qui est fait ici. On peut regretter de ce point de vue la précipitation avec laquelle certaines voix ont dénoncé une annonce mémorielle sans réaliser qu’il n’en était rien. Le Président parle bien de recherche et non de mémoire et c’est même une première dans les dispositifs de l’Education pour le second degré, c’est l’occasion qui est donnée de rapprocher ce dernier du supérieur et réciproquement sur des sujets qui méritent une convergence des efforts et de compétences. C’est aussi la traduction très concrète de la reconnaissance qui est accordée à tous les professeurs s’employant à mener des travaux de recherche et à nourrir leur enseignement de cette éthique de l’enquête et de la connaissance scientifique, des professeurs formés par des concours de recrutement incluant des questions de programme liées à la recherche universitaire et formés tout au long de leur carrière par des sessions de travail comme les universités d’été du Mémorial de la Shoah. Cette relation avec les savoirs scientifiques est une garantie fondamentale des progrès pédagogiques et de l’éthique professionnelle des enseignants.
C’est enfin la preuve aussi que le politique a entendu les préconisations de cette Mission d’étude puisque celle-ci n’était pas allée vers l’élaboration des modalités de la journée mémorielle originellement annoncée. Elle a proposé autre chose de très différent, cette « semaine de la recherche » en l’occurrence. On est là, avec cette décision du 24 avril, devant un choix présidentiel de paix des mémoires et de confiance aux chercheurs et professeurs.
Il est certain que l’annonce présidentielle a accéléré le tempo de cette Mission qui n’avait pas pour vocation de communiquer si précocement, alors même que son travail n’est pas achevé. Mais elle est en mesure d’exposer d’ores et déjà des recommandations qui devraient trouver avec le Rapport remis en octobre tout leur développement. Et l’écho donné à ses travaux par le discours du président de la République ne peut que renforcer sa capacité à agir. La « semaine de la recherche sur les génocides, les crimes contre l’humanité et les crimes de masse » bénéficiera ainsi plus facilement des moyens de l’Etat du fait de cette décision présidentielle. On peut imaginer que cette initiative n’impliquera pas seulement les établissements scolaires mais aussi d’autres institutions publiques, musées, bibliothèques, archives, préfectures. Déjà, dans sa présentation, l’Enseignement supérieur et la Recherche sont pleinement associés à l’Education nationale, c’est l’esprit même de cette semaine et c’est déjà une nouveauté en soi sachant tout ce qui sépare les deux entités de l’actuel ministère.
Confirmée dans l’une de ces recommandations, la Mission développera les modalités de cette « semaine de la recherche » dans son Rapport final d’octobre prochain. On peut cependant réfléchir d’ores et déjà aux aspects qu’elle prendra.
Hubert Tison : Cette semaine de la recherche concerne-t-elle tous les génocides ?
Vincent Duclert : Oui, le projet est bien d’offrir la possibilité aux établissements, aux équipes de professeurs de réfléchir aux processus génocidaires, aux engagements de celles et ceux qui les révélèrent et les refusèrent, en exploitant les dynamiques de recherche sur les génocides. On ne peut les étudier sans les aborder par les larges continuums de violence dans lesquels ils s’inscrivent, sans penser les circulations qui s’opèrent en termes de pratiques mais aussi de visions du monde et du poids des représentations scientistes ainsi du darwinisme social et du racisme biologique à l’œuvre contre les Arméniens, contre les Juifs, contre les Tutsi, contre les Tziganes. La fabrication des catégories de l’ennemi à exterminer est très parlant à étudier, c’est celui qui s’opère dans la racialisation des communautés mais aussi la volonté de les réduire à des identités particulières qui, progressivement les mettent à part de l’humanité. Déshumanisés, les groupes et les individus sont à la merci de la persécution et de destruction, surtout si les Etats et les sociétés qui les mettent à mort sont dominés par des idéologies totalisantes, quand il n’y a plus cette conscience qui retient le bras l’homme au moment de torturer et d’assassiner.
Ces questions sont importantes à faire comprendre aux élèves, non pour les désespérer et les plonger dans le traumatisme et la culpabilité, mais au contraire pour les responsabiliser et les éclairer- en leur enseignant les failles dans les sociétés et les moyens de les réparer. La connaissance partagée est indiscutablement l’un de ceux-ci, celle de l’histoire, de l’art, de la littérature, de la philosophie. Sans compter ce que nous apprennent les progrès récents du droit. Tout ceci peut être enseigné au collège et au lycée. Les professeurs d’histoire-géographie et de lettres-histoire-géographie le font déjà avec application et motivation dans le cadre de leurs cours. Mais ce que la semaine de la recherche apporte de plus, c’est la possibilité qui est offerte aux professeurs de travailler avec la même exigence mais différemment, avec d’autres professeurs d’autres disciplines tout aussi intéressés par ces sujets, de décentrer l’attention et le regard des élèves pour leur permettre de mieux comprendre, de leur faire découvrir comment travaillent les chercheurs en faisant venir ces derniers dans les établissements ou en proposant aux élèves de les rencontrer dans leurs universités, leurs centres de recherches, leurs unités documentaires.
A cet égard, cette semaine de la recherche pourra s’appuyer sur le travail souvent très important des professeurs documentalistes pour accompagner les équipes enseignantes dans leurs projets d’établissement et conserver la mémoire de ces initiatives. On connaît aussi leur rôle dans le montage des déplacements de classe sur les sites de la persécution et de l’extermination pendant la Seconde Guerre mondiale. Les professeurs documentalistes sont capables de valoriser les ressources du contexte local (en relation avec les professeurs des services éducatifs d’archives par exemple) ou bien l’histoire propre des élèves, des anciens élèves, des familles, pour créer aussi un sentiment d’appartenance et de reconnaissance.
La semaine de la recherche sur les génocides, les crimes contre l’humanité et les crimes de masse constitue ainsi une opportunité offerte aux équipes pour revisiter et approfondir ce qui a été vu en cours, à l’aune d’un témoignage situé, d’une recherche expliquée, d’une œuvre présentée même dans le cadre de l’accueil d’artistes en résidence par certains établissements. Le choix d’un temps hebdomadaire permet simultanément de ne pas bouleverser l’emploi du temps général et de pouvoir mobiliser les élèves sur des événements qu’ils auront pu préparer, y compris d’un point de vue organisationnel comme au lycée Maulnier qui réalise déjà chaque année ce que nous proposons au niveau national. [8] Des génocides comme celui des Tutsi qui n’est pas traité spécifiquement dans les programmes trouvent toute leur place légitime. Le fait d’aborder ce dernier dans la dimension génocidaire qui est la sienne empêche de surcroît de l’enfermer dans l’espace africain des seules violences inter-ethniques ou tribales.
Le président du Conseil supérieur des programmes, Michel Lussault, qui a cru voir une nouvelle initiative mémorielle à travers l’annonce présidentielle, a aussi déclaré (Le Monde.fr du 26 avril 2017), qu’il est difficile aux élèves, concernant les génocides, « de ne pas en avoir entendu parler au cours de la scolarité ». L’enjeu n’est pas « d’en avoir entendu parler », mais bien de faire comprendre et de faire réfléchir les élèves, de les rendre actifs face au savoir, ce que permettra la « semaine de la recherche » à la disposition des professeurs, de tous les professeurs. Libres à ceux-ci d’approfondir le défi considérable que représentent la connaissance des génocides et la réflexion sur leur prévention. Et comme les programmes demeurent trop éloignés de l’initiation au droit en dépit des avancées de l’EMC, on aura là une occasion de progresser sur ce point.
La dimension nationale qui s’attache à la « semaine de la recherche » sera de nature à la doter de moyens, notamment en termes de ressources intellectuelles, scientifiques et documentaires d’autant que la Mission développera, dans son Rapport final, le projet de création d’un Centre national de ressources sur les génocides, les crimes de masse et les violences extrêmes à destination des chercheurs, des professeurs, des éducateurs, des conservateurs. La connaissance par les élèves des sites historiques de la persécution, de la déshumanisation et de la destruction, en France et dans le monde sera facilitée par cette volonté inscrite au sommet de l’Etat, favorisant également la mobilisation de grandes institutions mémorielles comme le Panthéon qui abrite l’hommage aux Justes de France. Mais il s’agira, on l’a compris de dépasser la dimension de la mémoire pour expliquer aux élèves son rôle dans la nation et leur enseigner le devoir d’histoire.
Enfin cet axe de la recherche et de sa vulgarisation auprès des élèves aura le grand avantage – sur la démarche mémorielle notamment – de permettre que cette semaine puisse être adoptée par d’autres nations à commencer par les Etats membres de l’Union européenne ou du Conseil de l’Europe. On se donne ici des perspectives internationales très concrètes et intéressantes auxquelles chaque établissement, chaque équipe pourra adhérer.
Christine Guimonnet : Ces semaines de la recherche doivent-elles être organisées uniquement dans les lycées ou bien également dans les collèges et les écoles élémentaires ? Dans ce dernier cas, est-il prévu une liaison école-collège pour de la préparation commune ? Il faut prendre en compte le jeune âge des élèves et prévoir des travaux adaptés.
Vincent Duclert : Les lycées, et sans oublier bien sûr les lycées professionnels, ont vocation à organiser ces semaines de la recherche notamment parce que des groupes d’élèves peuvent s’impliquer avec les professeurs dans leur définition et leur organisation. Mais le niveau du collège est aussi concerné, en lien étroit avec les deux génocides étudiés en histoire en classe de troisième, en relation avec les deux guerres mondiales. L’implication des élèves pourra contribuer aussi à orienter le parcours citoyen. Les modalités pratiques sont en cours de réflexion au sein de la Mission, ainsi que l’articulation avec l’école primaire au sein du cycle 3. L’idée véhiculée par la recherche, à savoir qu’il n’est jamais vain de vouloir savoir et comprendre et qu’il existe une dignité, un courage de la connaissance, est propice à libérer les jeunes élèves du poids écrasant d’un enseignement qui passerait seulement par les mémoires. On peut aborder ces dernières en soulignant la volonté des rescapés de témoigner de transmettre, d’écrire ou de dessiner pour résister. La mémoire comporte un message positif pour le genre humain, pour les élèves.
Afin de réfléchir à la définition et l’organisation de cette semaine de la recherche, l’initiative du lycée Maulnier a été observée de près d’autant mieux que la professeure documentaliste qui en est l’une des chevilles ouvrières, Bénédicte Gilardi, participe à nos travaux. Un dialogue très constructif a été conduit également avec un groupe de professeurs volontaires de l’académie de Montpellier et l’équipe des IA-IPR d’histoire-géographie et IEN lettres-histoire-géographie (avec une démarche en direction des lettres). Au sein de la Mission, nous travaillons également à ce que pourrait être une formation responsable des élèves les plus jeunes en repartant par exemple des prémices d’un génocide : l’exclusion des plus faibles, la racialisation, le culte de la violence, la stratégie du bouc émissaire, l’effacement de la démocratie, la perte des repères,….
« Prévoir des choses adaptées » comme vous le dites très justement exige beaucoup de préparation, de compétences. Je constate qu’au niveau national et au niveau académique existent beaucoup de propositions d’ateliers, de séquences, de dossiers qui montrent que les professeurs tiennent particulièrement à ce sujet, qu’ils éprouvent même là le sens le plus profond de leur métier qui est d’enseigner l’humanité contre la barbarie. La semaine de la recherche donnera du temps et de l’espace à cette pédagogie de projet, de création et d’échange, elle permettra de valoriser et de rassembler tout ce qui existe déjà de très bien et qui repose le plus possible sur une valorisation souvent remarquable des acquis de la recherche. Il appartiendra à la Mission de recenser le maximum de ces ressources afin d’aider les équipes et les établissements dans la programmation de leur semaine.
Christine Guimonnet : Pour le lycée, le projet concerne-t-il toutes les classes ou seulement les niveaux qui ont l’étude des génocides au programme ? La question est importante car nous avons en première des programmes extrêmement lourds, nous sommes nombreux à essayer de faire travailler les élèves de manière originale. Il est difficile de mettre de côté l’aspect "cumul" et c’est cela qui peut provoquer les réactions des collègues. La présentation par les médias - certainement différente du projet qui est le vôtre - est aussi responsable de ces réactions.
Vincent Duclert : Précisément, la semaine de la recherche évite le risque de « cumul » puisque les élèves travailleront différemment et que les professeurs auront plus de facilités et de moyens pour le faire, c’est en tout cas ce que nous avons défendu auprès de la ministre et que nous défendrons devant son successeur lorsque nous remettrons le rapport de la Mission. Mentionnons aussi que la semaine de la recherche ne porte pas uniquement sur les génocides, mais aussi sur les crimes de masse et les violences extrêmes. Elle vise à éduquer à ce que la violence organisée comme une pratique de terreur et destruction peut faire aux sociétés, au monde. Aussi d’autres classes que les Premières pourront-elles s’impliquer au lycée.
Durant cette semaine, l’Enseignement supérieur et la Recherche se devront d’être disponibles pour répondre aux sollicitations des équipes de professeurs de l’Education nationale et des établissements sous contrat avec l’Etat. On envisage du reste de constituer une sorte d’annuaires des chercheurs et des lieux de recherche. Les chercheurs étrangers invités dans les institutions françaises seraient susceptibles eux aussi d’apporter leur contribution. Je ne doute pas de l’implication des chercheurs, je la constate déjà au niveau de ceux, nombreux, qui composent la Mission et qui ne ménagent pas leur temps ni leurs efforts pour qu’elle réussisse. Je leur en suis très reconnaissant.
Christine Guimonnet : Qui prendra en charge les dépenses liées à une semaine de ce type ? Les collègues des lycées cités en exemple s’adressent à la FMS pour obtenir une prise en charge partielle de leurs dépenses. Comme la demande officielle émane à présent de l’Etat, le ministère devrait être en mesure de dégager des fonds. Pour inviter des chercheurs, il faut prévoir les frais de déplacement.
Vincent Duclert : La Fondation pour la Mémoire de la Shoah continuera comme elle le fait d’aider les collègues volontaires pour imaginer des formations sur la Shoah qui permet de comprendre de très nombreux ressorts des génocides, des crimes de masse et des violences extrêmes ainsi que le démontrent les travaux les plus récents, sur le « génocide des voisins » déjà cité ou bien sur le nazisme, de Johann Chapoutot à Christian Ingrao tous deux membres de la Mission. La FMS, le Mémorial de la Shoah remplissent des missions essentielles à ce titre, et permettent déjà à bien des équipes de professeurs de travailler dans les perspectives dessinées par la future semaine de la recherche.
Pour revenir aux frais de déplacement des chercheurs invités, il est évident que l’engagement du chef de l’Etat pour la Semaine de la recherche va permettre de mobiliser très efficacement les moyens publics à commencer par l’échelon académique des rectorats. Mais toutes les institutions nationales seront potentiellement susceptibles de soutenir financièrement les initiatives en ce domaine des établissements. L’implication de l’Enseignement supérieur et de la Recherche pourra aussi aider dans sa prise en charge sachant que la vulgarisation des acquis scientifique et la formation des professeurs entrent dans le périmètre d’action des chercheurs et des enseignant-chercheurs, c’est en tout cas la voie défendue par la Mission. Je le redis, la Semaine de la recherche est l’occasion de créer des liens nouveaux entre les degrés de l’enseignement et de profiter des synergies qui existent déjà, animées notamment par les nombreux professeurs du secondaire titulaires d’un master recherche ou d’un doctorat.
Christine Guimonnet : Comme il semble difficile de mettre en place une telle structure dans tous les établissements en même temps, peut-on penser à un établissement pivot qui accueillerait des élèves des collèges voisins. A titre d’exemple, ce pourrait être mon lycée qui accueillerait des élèves des collèges du secteur. Cela suppose du travail de concertation en amont.
Vincent Duclert : L’idée que des établissements plus avancés dans l’organisation de cette semaine de la recherche puissent accueillir des classes d’autres établissements est tout à fait judicieuse. La Semaine a vocation à permettre ce type de rencontre et de travail commun entre les équipes. Et il serait légitime que l’implication des enseignants soit reconnue par l’institution à la hauteur des efforts de formation et d’organisation qui caractérisent leur action. C’est la demande que la Mission adressera au ministre destinataire du Rapport final qui ne manquera pas alors de la faire connaître aux corps d’inspection nationaux et territoriaux.
Christine Guimonnet : Quid de l’articulation entre cette semaine et le 27 janvier ?
Vincent Duclert : Le 27 janvier, « Journée de la mémoire des génocides et de la prévention des crimes contre l’humanité », est une date qui appartient au calendrier mémoriel des commémorations nationales et, pour celle-ci, européennes et internationales. La semaine de la recherche s’en distingue clairement même si le 27 janvier est l’occasion, dans les établissements, d’initiatives pédagogiques fortement ancrée dans le partage de la connaissance. Aussi peut-on tout à fait imaginer que des projets pédagogiques puissent être lancés ce 27 janvier et trouver leur aboutissement lors de la semaine de la recherche à la fin du mois d’avril suivant.
La semaine de la recherche pourrait aussi accueillir certains palmarès académiques du Concours national de la Résistance et de la Déportation dont la première démarche est « la démarche scientifique » : « ce concours est l’occasion de faire entrer, chaque fois que c’est possible, les résultats de la recherche dans les contenus des enseignements » [9]. La démarche scientifique converge d’autant avec la démarche didactique et la démarche pédagogique que défend aussi le CNRD. Rappelons que le sujet 2017 porte sur « La négation de l’Homme dans l’univers concentrationnaire nazi ».
Le choix de fixer la Semaine aux derniers jours du mois d’avril ne renvoie pas seulement à la date du 24 avril qui rappelle, comme je l’ai dit, l’importance éminente de la recherche dans la reconnaissance du génocide des Arméniens et sa qualité de paix des mémoires – y compris avec les démocrates de Turquie engagés dans la connaissance du passé de leur pays. Rappelons que le mois d’avril correspond au déclenchement du génocide des Tutsi au Rwanda, à l’entrée des Khmers rouges à Phnom-Penh qui systématisent leurs crimes de masse à l’échelle de toute une société et de tout un pays, au décret d’abolition de l’esclavage du 27 avril 1848,.. Enfin, il y a lieu de mentionner qu’existe depuis la loi du 14 avril 1954, une « Journée nationale du Souvenir des victimes et héros de la déportation » qui se déroule le dernier dimanche d’avril.
On le constate, le principe de cette semaine de la recherche permettra un gain de sens et de cohérence dans un paysage mémoriel singulièrement complexe. A côté des usages et des moments commémoratifs on inaugure un temps de savoir et de réflexion davantage tourné vers l’avenir et l’engagement. Je crois que les professeurs aspirent à cette démarche de sens et de cohérence. Pour réussir dans le cadre scolaire, il faut être mesure de surplomber le contexte mémoriel par les acquis de la connaissance partagée, c’est précisément l’objectif de cette proposition.
Se pose bien sûr la question des académies qui seront en vacances en cette fin du mois d’avril. C’est là où la décision du chef de l’Etat jouera tout son rôle en permettant par exemple que des institutions publiques nationales ou territoriales puissent, comme les bibliothèques, les musées, ou les universités qui ne seraient pas en congés, assumer un accueil d’élèves et un accompagnement de leurs projets. Avec la solidarité en acte et en pensée commence la prévention.
Christine Guimonnet : Les établissements seront-ils libres de l’organisation ou y aura-t-il une feuille de route précise ?
Vincent Duclert : Oui, les établissements seront libres de l’organisation de la semaine de recherche, de ses thèmes, des projets qui verront leur aboutissement à ce moment. Quand un lycée comme le Dr Lacroix de Narbonne réinvestit la mémoire de son nom à travers un projet pédagogique ambitieux dirigé vers l’histoire de la résistance locale et l’art statuaire [10], il a tout simplement conçu avant la lettre une « semaine de la recherche sur les génocides, les crimes contre l’humanité et les crimes de masse » – et les violences extrêmes qui les parcourent en totalité.
Néanmoins, la Mission d’étude proposera dans son rapport des exemples de feuille de route afin d’aider les établissements. Elle s’appliquera à montrer que la recherche ne s’oppose pas à la mémoire et qu’elle nous apprend comment accueillir, entendre et exploiter au mieux la parole des témoins. Revenant d’un voyage au camp d’Auschwitz-Birkenau à l’invitation de l’Union des déportés d’Auschwitz, j’ai pu mesurer combien les rescapés s’emploient à parler pour la mémoire comme pour l’histoire. C’est une expérience très profonde et une leçon pour l’avenir.
Il conviendra également que soit conservé le travail des équipes et des élèves au cours de ces semaines de la recherche, une conservation à la fois nationale par le centre de ressources dont la Mission préconise la création, et dans chaque établissement concerné grâce à l’investissement des professeurs documentalistes et aux moyens des CDI. L’accès à ces ressources permettra d’imaginer les initiatives futures.
Christine Guimonnet : Comment se fait-il que l’APHG n’ait aucun représentant, quand on connaît son engagement depuis des années, dans cette problématique, que ce soit avec le Mémorial (partenaire de l’université d’été), ou la FMS ? [11] Il n’y a pas de professeur de terrain, hormis la documentaliste d’un lycée niçois (qui organise chaque année une semaine sur les génocides) et mon collègue Iannis Roder (qui est responsable de la formation au Mémorial de la Shoah, avec lequel je travaille depuis plusieurs années aussi bien au Mémorial qu’à la FMS).
Vincent Duclert : L’APHG sera bien évidemment auditionnée en raison de son action et de son engagement dans ces problématiques. Je précise que le travail de la Mission est loin d’être terminé. Elle a été placée sous le feu des médias en raison de l’annonce présidentielle mais elle prévoit encore de nombreuses sessions d’auditions qui sont essentielles pour attester du travail considérable déjà mené dans les établissements et par les associations comme l’APHG que je connais bien. La composition de la Mission a fait place à de nouveaux professeurs de terrain, en histoire, en lettres. Il faudra nous juger sur le rapport qui sera achevé au mois d’octobre et sur le colloque international qui sera organisé au même moment, un colloque destiné aux chercheurs comme aux professeurs. Nous ne sommes qu’au début d’un immense travail, exaltant, exigeant, que la sollicitation de l’APHG a permis d’exposer ici. Qu’elle en soit vivement remerciée à travers ses deux secrétaires généraux.
Le Secrétariat général de l’APHG,
Christine Guimonnet et Hubert Tison,
Paris, le 5 mai 2017.
Annexes
Lettre de mission de la ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, 30 mai 2016 :
En 2015, la France a commémoré le génocide arménien qu’elle a reconnu publiquement par l’article unique de la loi du 29 janvier 2001. C’est la raison pour laquelle j’ai tenu, le 25 mars 2015, à ouvrir le colloque sur « Le génocide des Arméniens de l’Empire ottoman dans la Grande Guerre : cent ans de recherche (1915-2015) » à la Sorbonne. J’ai rappelé à cette occasion la nécessité du devoir de mémoire et de l’éveil à la citoyenneté par la connaissance des périodes sombres du passé pour empêcher qu’elles ne se reproduisent.
Face aux actes de barbarie et à l’apologie de la violence proférée dans le but de détruire un groupe national, ethnique, racial ou religieux, il devient désormais impératif d’établir un état des lieux de la recherche et de l’enseignement sur les génocides et de mobiliser les communautés scientifiques et enseignantes, afin d’intensifier la connaissance sur les crimes de masse, dans une perspective comparative et une compréhension globale du phénomène.
La mission qui vous est confiée aura par conséquent pour objectif de me remettre un rapport qui dressera d’abord un bilan des points suivants :
• la production scientifique et les ressources pédagogiques existantes : les différents champs étudiés par les genocide studies en France et à l’étranger, les thèmes de recherche (par génocide), les études comparées, les publications, les cours et séminaires dispensés dans l’enseignement supérieur, les programmes actuels de l’enseignement secondaire, etc. ;
• les ressources disponibles en matière de fonds documentaires, de lieux d’archives, de centres de mémoire, de musées, de sites patrimoniaux, etc. ;
• les institutions de recherche, des équipes de chercheurs. et d’enseignants chercheurs, qui étudient le phénomène de violence massive sous toutes ses formes, aussi bien à travers les études historiques qu’en mobilisant les sciences sociales (études comportementales, sociologiques, politiques, socio-psychologiques, etc.) ;
• les formes efficaces de médiation sur le sujet à destination de tous les publics, en s’appuyant sur des exemples significatifs en France (Mémorial de la Shoah) et à l’étranger (United States Holocaust Memorial Museum à Washington D.C., Memorial to the Murdered Jews of Europe à Berlin ...).
Le rapport que vous me remettrez devra apporter une information analysée et maîtrisée, permettant d’appréhender le domaine d’étude de la mission, d’identifier des problèmes et de proposer des solutions. Vous me proposerez également de nouvelles perspectives de travail et de nouveaux moyens institutionnels pour la recherche, l’enseignement et l’éducation, afin d’intensifier la connaissance des génocides, des crimes de masse et des violences extrêmes, d’en favoriser une plus large compréhension et diffusion, tant dans l’institution scolaire et universitaire que dans la population.
Ce rapport devra être achevé dans un délai d’une année, avec la remise d’une note d’étape prévue dans six mois.
Vous serez libre de désigner les membres de l’équipe qui constituera la mission d’étude, en respectant la parité et la pluralité des compétences. Vous me rendrez compte de sa composition.
Vous pourrez bénéficier, pour l’accomplissement de votre mission, des moyens que pourront mettre à votre disposition l’Inspection générale de l’Education nationale et l’Ecole des hautes études en sciences sociales à laquelle vous êtes rattaché comme chercheur.
Je vous prie d’agréer, Monsieur l’inspecteur général de l’Éducation nationale, l’expression de ma considération distinguée.
Najat VALLAUD-BELKACEM
Composition de la Mission d’étude en France sur la recherche et l’enseignement des génocides et des crimes de masse :
Directoire
• Vincent DUCLERT, historien, inspecteur général de l’Éducation générale, professeur associé à Sciences Po et chercheur à l’EHESS (CESPRA), président
• Dominique SCHNAPPER, sociologue, directrice d’études à l’EHESS (CESPRA), membre honoraire du Conseil constitutionnel, première vice-présidente
• Stéphane AUDOIN-ROUZEAU, historien, directeur d’études à l’EHESS (CESPRA), rapporteur
• Souâd AYADA, philosophe, inspectrice générale de l’Education nationale, vice-présidente
• Isabelle DELPLA, philosophe, professeure à l’Université Jean Moulin, Lyon, vice-présidente
• Xavier DESBROSSE, professeur agrégé d’histoire-géographie, secrétaire scientifique
• Mikael NICHANIAN, historien, conservateur à la BNF, rapporteur
• Malika RAHAL, historienne, chargée de recherche au CNRS (IHTP), rapporteure
• Henry ROUSSO, historien, directeur de recherche au CNRS (IHTP), vice-président
• Emmanuelle SIBEUD, historienne, professeure à l’Université de Paris VIII, vice-présidente
Membres d’institutions françaises
• Ilsen ABOUT, historien, chargé de recherche au CNRS (Centre Georg Simmel) [Génocide et persécution des Tsiganes, sources photographiques et Shoah]
• Hervé ASCENSIO, juriste, professeur à l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne [droit international pénal, droit des génocides]
• Annette BECKER, historienne, professeure à l’Université de Paris Ouest Nanterre La Défense et membre senior de l’IUF [Première Guerre mondiale, Shoah, questions mémorielles et représentations]
• Hamit BOZARSLAN, historien, sociologue, directeur d’études à l’EHESS (CETOBAC) [Empire ottoman, génocide des Arméniens, négationnisme]
• Patrick CABANEL, historien, directeur d’études à l’EPHE [histoire des Justes et des sauvetages, historiographie et mémoires de la Shoah]
• Johann CHAPOUTOT, historien, professeur à l’Université Paris-Sorbonne [nazisme, totalitarisme, racisme]
• Elisabeth CLAVERIE, anthropologue, directrice de recherche au CNRS (groupe de sociologie politique et morale) [traitement pénal, purification ethnique, ex-Yougoslavie]
• Myriam COTTIAS, directrice de recherches au CNRS (CRPLC, SHOELCHER, MARTINIQUE) [Histoire et mémoire des traites et des esclavages]
• Claire DEBET, professeure certifiée de lettres au collège Doucet, Nanterre [enseignement de la littérature]
• Hélène DUMAS, historienne, chargée de recherche au CNRS (LAM UPPA) [génocide des Tutsi du Rwanda, justice]
• Karel FRACAPANE, administrateur de projets internationaux [documentation et programmes sur les génocides]
• Bénédicte GILARDI, professeure documentaliste au lycée Thierry-Maulnier, Nice [mémoire, éducation et enseignement des génocides]
• Zoé GRUMBERG, historienne, doctorante à Sciences Po [Déportations, survies, sorties des génocides]
• Christian INGRAO, historien, directeur de recherche au CNRS (IHTP) [nazisme, Solution finale]
• Cécile JOUHANNEAU, politiste, maîtresse de conférences à l’université Paul Valéry Montpellier (ART-Dev) [mémoires des violences, Bosnie-Herzégovine]
• Dzovinar KEVONIAN, historienne, maître de conférences à l’Université de Paris Ouest Nanterre La Défense [génocide des Arméniens, droit pénal international, exil et réfugiés]
• Sandrine LEFRANC, politiste, chargée de recherche au CNRS (ISP) [sortie de conflits violents, politiques de pardon]
• Judith LYON-CAEN, historienne, maître de conférences à l’EHESS (CRH) [Shoah, littérature, témoignage et histoire]
• Ariane MATHIEU, historienne, journaliste à L’Histoire, chercheuse indépendante [crimes des khmers rouges, mémoires et histoire des génocides]
• Gaïdz MINASSIAN, politiste, enseignant à Sciences-Po [génocide des Arméniens, crimes de masse, géopolitique du Caucase]
• Pap NDIAYE, historien, professeur à Sciences-Po [race, racisme, société française]
• Béatrice PATSALIDES-HOFMANN, psychanalyste, membre du Centre Primo-Levi [traitement des traumatismes]
• Malika RAHAL, historienne, chargée de recherche au CNRS (IHTP) [Algérie, violence et guerre coloniales, guerre civile]
• Iannis RODER, historien, professeur agrégé au collège Pierre de Geyter (Saint-Denis), formateur au Mémorial de la Shoah [enseignement de la Shoah, antisémitisme et négationnisme]
• Julien SEROUSSI, sociologue, Pôle « Génocide, Crime contre l’humanité et Crimes et délits de guerre » du Tribunal de Grande Instance de Paris [Justice pénale internationale, Vérité historique et vérité judiciaire, et Crimes de masse dans la région des Grands Lacs en Afrique]
• Leila SEURAT, politiste, chercheuse post-doctorante à l’IREMAM/IFPO [Syrie et Moyen-Orient actuels]
• Vanessa VOISIN, historienne, chercheure au CERCEC et au CEFR, boursière à la Fondation pour la mémoire de la Shoah [procès soviétiques de criminels de guerre, Shoah et médiatisation]
• Nicolas WERTH, historien, directeur de recherche au CNRS (IHTP) [pogroms, Holodomor, Russie-URSS]
Membres d’institutions étrangères
• Adriana ESCOBAR, historienne, doctorante [Colombie] à l’EHESS (CESPRA) [régime khmer rouge, Cambodge, mémoire]
• Fatma Müge GÖÇEK, sociologue, professeure à l’University of Michigan - Ann Arbor [Turquie, genocide des Arméniens, mémoire et société].
• Jan GROSS, historien, professeur à Princeton University [Seconde Guerre mondiale, Shoah, relations judéo-polonaises]
• John HORNE, historien, professeur à Trinity College Dublin, directeur du Centre for War Studies [violences et crimes de guerre, mémoire et histoire]
• Hans-Lukas KIESER, historien, professeur à Zurich Universität et professeur associé à l’University of Nexcastle, Australia (Centre for the History of Violence) [génocide des Arméniens, mémoire et historiographie des génocides]
• Joël KOTEK, politiste, professeur à l’Université libre de Bruxelles [étude comparée des génocides]
• Anne-Marie LAROSA, juriste, professeure invitée à l’Université de Fribourg [droit pénal international, droit des génocides, droit international humanitaire]
• Thomas MAISSEN, historien, professeur à Heidelberg Universität et directeur de l’Institut Historique Allemand, Paris [Mémoires de la Shoah en Europe et historiographie]
• Philip NORD, historien, professeur à Princeton University [France contemporaine, Shoah, monde juif]
• Renée POZNANSKI, historienne, professeure à l’Université Ben Gourion du Neguev [Shoah, Solution finale en France]
• Ornella ROVETTA, historienne, chercheuse post-doctorante, Université libre de Bruxelles (Centre de recherche Mondes modernes et contemporains) [justice internationale, génocide des Tutsi du Rwanda]
• Karine VANTHUYNE, anthropologue, professeure à l’Université d’Ottawa [Amérique latine, peuples autochtones]
Entretien exclusif APHG tous droits réservés.
© Les services de la Rédaction d’Historiens & Géographes, 05/05/2017. Tous droits réservés.
Illustration : M. Vincent Duclert ouvre en Sorbonne le colloque international du 25 mars 2015 : « Le génocide des Arméniens, cent ans de recherche ». © Jean Yérémian (avec son aimable autorisation). Tous droits réservés.