Exposition Elizabeth Louise Vigée Le Brun (1755-1842)

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Cette exposition est organisée par la Réunion des musées nationaux-Grand Palais, The Metropolitan Museum of Arts et le Musée des Beaux Arts du Canada. L’exposition sera présentée à New York du 8 février au 15 mai 2016 et à Ottawa du 10 juin au 12 septembre 2016.

Cette première rétrospective consacrée à l’ensemble de l’œuvre d’Elizabeth Louise Vigée Le Brun montre une artiste dont la vie s’étend du règne de Louis XV à celui de Louis-Philippe à travers 150 œuvres provenant de prestigieux établissements. Les autoportraits de Vigée Le Brun abondent : peintures, pastels et dessins associent grâce et fierté féminine.

La peintre utilise l’autoportrait pour affirmer son statut, diffuser son image et rappeler la mère qu’elle est parvenue à devenir malgré les servitudes d’une carrière. Son coup d’éclat est de présenter au Salon de 1787 deux peintures indissociables. D’un côté, le portrait de Marie-Antoinette, entourée de ses enfants, en reine soucieuse de redresser son image de reine dispendieuse et frivole, de l’autre, le portrait d’un femme artiste serrant contre sa poitrine, avec une effusion raphaélesque, sa fille Julie. Ce dernier tableau est au Musée du Louvre, l’un des plus beaux et des plus populaires. Il est resté l’emblème de la « tendresse maternelle ». La culture des Lumières impose à l’artiste d’endosser ce rôle, ce qu’elle fait avec gaieté et talent. En contrepoint, elle peint le portrait d’Hubert Robert.

Plus significatif est sa volonté de triompher des tous les obstacles qui entravent ses ambitions professionnelles. Née à Paris en 1755 dans un milieu modeste, sa mère était coiffeuse et son père portraitiste qui meurt alors qu’elle était adolescente. A 19 ans, la jeune virtuose est reçue maître-peintre à l’Académie Saint-Luc. Son mariage en 1776 avec le marchand d’art, Jean-Baptiste Pierre Le Brun l’empêche d’être admise à l’Académie royale de peinture et de sculpture, dont le règlement interdit formellement tout contact avec des professions mercantiles. Mais cette union est bénéfique pour sa carrière. Elle apprend à maîtriser la magie des couleurs et la belle facture d’un Rubens et d’un Van Dyck. Dès 1776, la clientèle essentiellement bourgeoise s’étend à l’aristocratie, aux princes de sang et enfin à la reine Marie-Antoinette.

C’est Louis XVI qui intervient en 1783 pour la faire entrer à l’Académie royale de peinture malgré la polémique. Car depuis la fondation de l’Académie en 1648, sous la régence d’Anne d’Autriche, les femmes ne sont reçues qu’au compte-goutte. Elles ne sont pas autorisées à peindre d’après des modèles nus masculins. Lebrun se limite aux portraits malgré quelques très belles toiles. Elle maîtrise la science des couleurs et invente toute une gamme de poses et de costumes qui lui permettent d’apporter une grande variété dans ses portraits et ses incursions dans la peinture d’histoire et du genre. Au cours de sa carrière longue et nomade, elle travaille en Italie, en Autriche, en Russie, en Angleterre et en Suisse.

A rebours d’une histoire de l’art d’obédience féministe qui voit en Vigée une victime de sa condition féminine, cette exposition met en relief les raisons de son succès à travers une succession de salles thématiques : le coup de force académique, la formation artisanale solide ; le défi versaillais ; la stratégie du Salon, les grandes étapes de son exil ; ses cercles de sociabilité ; et son retour en France. Adoptant une approche chronologique et thématique, le parcours se permet néanmoins quelques entorses : les séquences transversales, la famille et les amitiés ; les portraits d’artiste et de la scène théâtrale ; la symbolisation du pouvoir politique. Femme exceptionnelle, cheminement opiniâtre, Vigée Lebrun a su faire de ses pinceaux une arme autant qu’un charme.

Élisabeth Louise Vigée Le Brun, Portrait de la baronne Henri Charles Emmanuel de Crussol Florensac, née Anne Marie Joséphine Gabrielle Bernard de Boulainvilliers, 1785, Toulouse, musée des Augustins DR
  • Commissaires : Joseph Baillo, historien de l’art, Xavier Salmon, conservateur général du Patrimoine et du département des Arts Graphiques du musée du Louvre
  • Scénographie : Loretta Gaïtis.
  • Catalogue de l’exposition, Paris, 2015 , Editions de la Réunion des musées nationaux-Grand Palais, 432 pages, 380 illustrations, 50 euros.

Paris, New-York et Ottawa
Grand Palais, Galeries nationales. Entrée Clemenceau
Elizabeth Louise Vigée Le Brun (1755-1842)
Jusqu’au 11 janvier 2016
Ouverture tous les jours de 10h à 20h fermé le mardi.

© Le service culturel de la revue Historiens & Géographes. 09/01/2016. Tous droits réservés.