Le temps du voyage :
Nous partons la Gare de Lyon. Le voyage est organisé par avec Eléonora Alzetta de l’agence de presse. Le temps est beau. Il le sera tout au long de la journée. L’arrivée en Gare de Genève se passe bien, puis nous prenons un taxi collectif pour Penthes, perché sur les collines entourant Genève. La vue depuis le Musée des Suisses est superbe : elle donne sur un parc et au loin, on aperçoit le lac Léman.
L’accueil à la Fondation Penthes :
Dans le cadre des manifestations autour de la présidence néerlandaise de l’Union européenne plus d’une centaine des gravures du maître de Leyde, issues de la collection privée de Jaap Mulders sont exposées. Le Directeur de la Fondation, les Commissaires de l’exposition, Alain-Jacques Tornane, Docteur en histoire, spécialiste des relations franco-suisse, Werner Jeker, graphiste designer, le collectionneur M. Jaap Mulders, le Ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas à Genève, vont évoquer les liens entre les Pays-Bas et la Suisse, l’intérêt de l’exposition grâce au prêt de M. Mulders.
Rembrandt, les Pays-Bas et la Suisse :
Rembrandt (1606-1669) naît à Leyde. Fils d’un riche meunier dont le moulin se dressait sur les bords du Rhin, (d’ou le patronyme van Rijn), il installe son atelier à Amsterdam. Riche, puis ruiné, il meurt à 63 ans dans l’anonymat. Il n’a certes pas voyagé, mais il était ouvert sur le monde. Il ne connaissait pas Genève mais il avait trouvé une inspiration dans cette ville.
La Suisse et ses montagnes, les Pays-Bas et son plat pays sont liés de longue date et très complémentaires, déjà dans leurs paysages même. Le Rhin est le grand fleuve qui les relie et le chemin est direct depuis Genève jusqu’à Rotterdam, Amsterdam... Avec l’accélération des voyages, les échanges entre les deux pays se sont également développés. Cette exposition en est un nouvel exemple. Plus d’une centaine de gravures d’un très grand Maître créent un événement exceptionnel.
L’exposition des gravures de Rembrandt :
Rembrandt van Rijn est un des plus grands peintres connus de l’histoire avec 3La Ronde de nuit » et « La Fiancée juive » au Musée Rijksmuseum d’Amsterdam. Mais ce que l’on ne connait pas autant aujourd’hui ce sont les gravures du peintre.
Il a gravé 300 plaques et imprimé jusqu’à 75 estampes sur toutes sortes de papier. Ces gravures représentent : des portraits, des autoportraits, des paysages, des récits bibliques, des scènes de la vie quotidienne… Rembrandt joue, là encore, avec l’ombre et la lumière. Ces gravures ont été fort diffusées en son temps, au XVIIème siècle. Puis, avec l’apparition de la photographie, on les a oubliées. Ce n’est que récemment qu’un nouvel engouement a émergé.
Rembrandt a été considéré comme un maître de « la photographie » du XVIIe siècle. Ses gravures sont petites mais tous les détails mêmes les plus infimes sont reproduits.
Ce sont tous des chefs-d’œuvre, révélateurs de la maîtrise du peintre et de ses préoccupations pour son époque. On lui reprochera de représenter un peu trop des mendiants et des vieillards plutôt que de grands personnages… L’influence de Callot, graveur français, bien connu pour ses nombreuses gravures de mendiants, est là. Parmi les portraits, beaucoup sont des autoportraits et il y a aussi son portrait et celui de son épouse, Saskia qui fut aussi sa muse.
Parcours de la visite :
Un première partie Quand les Pays Bas rencontrent la Suisse, occupe le premier étage du château et présente les grands moments et les multiples facettes aussi surprenantes que méconnues des relations helvético-bataves. Après la chute de Berne le 5 mars 1798, le général Brune fait parvenir à Paris l’ours Martin qui quitte alors la fisse des bords de l’Aar pour le jardin des Plantes à Paris, il retrouve les girafes confisquées au Jardin royal d’acclimatation d’Amsterdam !
Pays de montagne d’un côté, pays plat de l’autre Suisse et Pays Bas présentent de similitudes des dimensions comparables, une origine germanique, une lutte constante pour sin indépendance, le goût de la démocratie, la même soif d’émancipation face à l’empire des Habsbourg.
Une structure politique confédérale rare en Europe
Les Sept Provinces-Unies s’organisent en 1579 en république confédérale dans laquelle chaque province garde une grande autonomie. La République est composée des Etats-généraux, comparables à la Diète fédérale helvétique des Treize Cantons. En 1795 les Provinces-Unies deviennent la République batave et la Suisse devient en 1798, la République helvétique.
Puis la République helvétique fait place à la Confédération suisse en 1803 tandis qu’avec le Congrès de Vienne de 1815, la Hollande annexée par Napoléon devient le Royaume des Pays Bas.
Indépendance
Suisses et Hollandais ont un profond désir d’indépendance. Si les Suisses déclarent leur indépendance en 1291, les Néerlandais affirment leur détachement de l’Empire habsbourgeois avec l’Union d’Utrecht en 1579. La Paix de Westphalie en 1648 met fin à la guerre de Trente Ans vis-à-vis du Saint Empire romain germanique.
La Réforme
Si les thèses de Luther pénètrent les Pays-Bas, obligeant l’Empereur Charles Quint à instaurer une inquisition sanglante, c’est la doctrine de Calvin qui prévaut à partir de 1550. La Confessio belgica de Guy de Brès, devient le texte confessionnel des Pays Bas. Comme de Brès, de nombreux néerlandais s’immatriculèrent à l’Académie de Genève : Philippe de Marnix de Sainte Aldegonde, traducteur de la Bible en néerlandais, et Ubbon Emmius, pionnier de la doctrine de l’autodétermination. Dès 1560, une version en néerlandais de l’Institution de la religion chrétienne de Calvin est éditée à l’époque de Théodore de Bèze, notamment.
Une seconde partie : Rembrandt, un artiste graveur
Autoportraits
Rembrandt est connu pour ses autoportraits. Il en a réalisé près de 80. L’objectivité du graveur dans la représentation de sa personne est remarquable et permet un suivi presque biographique. Dans les gravures présentées, Rembrandt devait mimer tel un acteur plusieurs émotions devant un miroir. La représentation d’un artiste en autoportrait avec son épouse est quasi unique (Rembrandt et Sasskia).
Portraits
Il s’agit pour la plupart d’études. Les nombreux vieillards à barbe rappellent l’intérêt de Rembrandt pour ce sujet.
Scènes quotidiennes
Les scènes de rue et de taverne ont souvent chez Rembrandt un aspect d’instantanéité, de photographie. Le joueur de Kolt en est un exemple frappant
Paysages
Rembrandt réalisa 32 estampes. Il s’intéresse aux paysages après 1640 et adhère au concept de schilderachtig (pittoresque). Les paysages ont des moulins, des digues, des retenues d’eaux, mais aussi des collines.
Récits bibliques
Il s’agit de gravures aux compositions les plus complexes et où l’artiste joue avec le clair obscur permettant de focaliser l’attention sur un personnage comme Saint Jérôme. L’autre thématique abordée, la vie du Christ est déclinée sur plusieurs scènes.
Commentaire sur l’exposition :
C’est une superbe exposition où tout l’art du grand peintre est présent en complément à la visite de ses œuvres à Amsterdam (Musée Rijksmuseum).
Elle est à voir impérativement. Dans le même temps, une promenade dans le grand parc, lorsqu’il fait beau est un moment d’agrément et la visite du château de Penthes et de son histoire. Un restaurant est ouvert lors des expositions et accessible à tous.
Une application sur tablette propose une visite interactive afin de découvrir les techniques de réalisation dans les moindres détails, sous la conduite audiovisuelle de Mr Jaap Milders.
Une salle dédiée au jeune public propose de faire des selfies avec Rembrandt et de mieux comprendre la technique de la gravure. Des ateliers sont organisées par une médiatrice pour sensibiliser les enfants à l’art de la gravure. Elle s’adresse à tous les publics : enfants, adolescents, adultes.
© Blanche Defernez pour les services des expositions. Rédaction de la revue Historiens & Géographes. Tous droits réservés. 3 juillet 2016.