Exposition "Merci pour les restes" (Valenciennes) Compte-rendu de voyage de presse de la Rédaction

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Visite de presse au Musée des Beaux arts de Valenciennes, le 22/10/2016.

Musée des Beaux Arts de Valenciennes, "Merci pour les restes". Archéologie des habitudes alimentaires à Valenciennes à la fin du Moyen Age (XIVème - XVIème), 22 octobre - 19 février 2017. [1]

Par Blanche Defernez [2]

Nous arrivons de Paris après un changement en gare de Lille-Flandres à la gare de Valenciennes, gare qui donne presque en direct sur une longue et étroite rue, la rue de Lille, nous conduisant au Musée.

Valenciennes Le musée des beaux-arts © Pierre Andre Leclercq DR

Une visite vers le Musée des Beaux arts est intéressante. La politique du culturel pourra-t-elle colmater les effets de la crise économique et sociale après la fermeture de l’industrie textile du nord, après la fermeture des puits de mines… on peut s’interroger. La France de demain ne se dessine-t-elle pas ici même ? On est en droit de se poser la question.

Le Musée est une imposante bâtisse qui renferme les nombreux tableaux du Moyen Age à l’art contemporain, sans oublier les salles dédiées à l’archéologie bien avant la présente exposition.

L’accueil au Musée est sympathique. Nous ne sommes que la seule représentante d’une revue. Peu importe, M. Vincent Hadot, son jeune et dynamique directeur, nous fera visiter avec enthousiasme l’exposition. Un représentant d’une radio locale est là également, et quelques autres personnes.

L’exposition s’intitule : Merci pour les restes !

De quoi s’agit-il ? Ce titre peut apparaître étonnant. En fait, c’est grâce aux restes retrouvés dans les latrines, les sous sols de la ville que les archéologues ont pu faire des découvertes surprenantes. Tout ce qui touche à l’intime révèle notre histoire. Et selon l’adage bien connu « dis nous ce que tu manges, nous te dirons qui tu es », leurs découvertes nous permettent de connaître la façon dont les Anciens préparaient leurs nourritures et mangeaient.

Les archéologues de Valenciennes travaillent depuis plus de 25 ans le cœur de ville de la cité, ancienne capitale économique du Hainaut. Ils ont déjà pu montrer lors d’expositions précédentes les richesses de leurs découvertes. Cette fois, ils nous racontent l’histoire de l’alimentation chez les habitants de la région, riches ou pauvres.

L’exposition dotée d’une bonne scénographie présente sous vitrines les ustensiles pour cuire les aliments, les aliments eux-mêmes retrouvés…

M. Hadot va nous emmener dans les différentes salles où nous commençons par voir les différents modes de stockage des aliments, puis leur préparation avant leur cuisson et enfin leurs dégustation.

L’essentiel des produits identifiés est issu de cultures locales provenant des vergers urbains ou périphériques, des jardins de particuliers ou des terres agricoles. D’autres sont importés de Méditerranée comme la figue, la datte et l’olive. Ces dernières étaient séchées ou confites pour supporter les aléas des transports.

L’exposition allie le toucher et l’odorat au visuel, et bien sûr aux connaissances sur les techniques et les façons de vivre entre les 14ème et 16ème siècles dans le Valenciennois.

Des poteries en étain, des outils en métal, en bois sont là sous nos yeux. Des tableaux et des manuscrits où sont inscrites certaines informations précieuses à leur sujet. On peut voir comment les riches se nourrissaient (cochons, poules, bœuf, gibier) et les pauvres qui, eux, se contentaient des déchets (os, graines, céréales...) Les chats et les chiens pouvaient, eux aussi, terminer en ragoût.

Les gens au Moyen Age appréciaient particulièrement le goût que procurait la terre cuite aux aliments. La vaisselle était facilement renouvelée, de par sa fragilité, mais aussi parce que l’on conseillait de disposer de pots neufs pour une bonne cuisine (traités culinaires de l’époque). Certains matériaux comme le bois nécessitaient un milieu humide et anaérobique pour se conserver. Quant aux plats en métal, l’on n’en a pas beaucoup retrouvé (ils étaient dans les circuits commerciaux).

Les sources écrites, tels les livres de recette, nombreux à la fin du Moyen Age, les inventaires après décès ou les comptes, nous renseignent sur l’usage de ces objets archéologiques. Les recettes nous informent sur les usages en matière de préparation (lavage, broyage) et de cuisson (pot posé sur le ou devant le feu, cuisson bouillie ou à l’étuvée) Les enluminures offrent quantité de scène de préparation de mets, de repas où l’on peut reconnaître des objets découverts.

Pour réaliser cette exposition de 4 046 restes d’animaux, différents objets sont issus de prêts venus d’ailleurs.

Cette exposition propose donc de montrer comment, à partir de cette matière première que sont les nombreux déchets urbains, l’archéologie associée à l’archéozoologie, la carpologie, les textes, l’iconographie permet de donner une image de l’alimentation à Valenciennes pour cette fin du Moyen Age.

De nombreuses animations sont prévues sur les lieux, des ateliers... Et de la documentation.

L’exposition peut être vue tous les jours du mercredi au dimanche entre 10h-18h et le jeudi Jusqu’à 20h. Elle peut intéresser tous les scolaires, des classes élémentaires aux classes de collèges et lycées. Cette exposition est presque un passage obligé pour les classe de 5ème. Les familles sont bien évidemment invitées avec leurs enfants, les professeurs avec leurs classes (professeurs d’Histoire, Géographie, de sciences de la Vie et de la Terre).

Au total une exposition claire et pédagogique destinée à faire découvrir aux plus jeunes l’intérêt de l’archéologie et la leur faire apprécier. [3]

© Blanche Defernez, Services culturels de la Rédaction de la revue Historiens & Géographes. Tous droits réservés.

Notes

[1Adresse : Boulevard Watteau 59500 Valenciennes/ www.valenciennes.fr / Courriel :mba@ville-valenciennes.fr / Tél : 03 27 22 57 20
Ouvert du mercredi au dimanche de 10h à 18 h et le jeudi jusqu’à 20h
Jours fériés ouvert les 1/11 et 11/11 (fermé les 25/12 et 1/01).

[2Membre de la Rédaction de la revue Historiens & Géographes.

[3Le catalogue Merci pour les restes ! Archéologie des habitudes alimentaires à la fin du Moyen Age à Valenciennes (XIV-XVIèmes siècles) sous la direction de Patrice Korpiun, Arnaud Taylor, David Delassus, (services archéologiques de Valenciennes), Snoeck - Musée des Beaux Arts de Valenciennes, 2016, 160 pages, prix 22 euros. Paris, le 23 octobre 2016.