Exposition des écoles autour du Centenaire de la Grande Guerre Commémorations et enseignement

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Par Nadine Fournial [1]

Le rendez-vous annuel « Pousser la porte de l’histoire » est une rencontre où une époque historique est mise en avant à travers une exposition de travaux d’élèves du premier degré. En 2014, le thème choisi est le centenaire de la Première Guerre mondiale.
Ce travail de mémoire a mobilisé une quarantaine de classes dans le département des Hauts-de-Seine (villes d’Antony, Bagneux, Bourg-la-Reine, Saint-Cloud et Vanves) et une vingtaine de classes ont participé à cette exposition qui s’est tenue à Bourg-la-Reine (salle des colonnes, du 2 au 5 juin 2014).

Cette première exposition se compose d’espaces variés qui montrent les conditions de vie des soldats et de la population à l’arrière. Cette promenade est jalonnée de frises chronologiques annuelles de 1914 à 1921 qui guident les visiteurs dans leur parcours.

Un espace est dédié aux tranchées où des maquettes ont été réalisées. Elles abordent à la fois l’aspect architectural des tranchées et des conditions de vie des poilus dans cet enfer. Une mise en scène avec l’orchestration d’une composition musicale par des élèves de CM2 accompagne les réalisations.
L’engagement des colonies dans la Grande Guerre est présente et permet de prendre conscience que l’afflux des hommes de divers horizons a exercé une influence sur la société française et contribue au patrimoine national.

La vie des poilus est très largement évoquée à travers la mémoire vivante des familles. En effet, de nombreux élèves et enseignantes ont eu l’occasion de témoigner de la vie de leurs aïeux. Le moral du poilu et de ses proches étaient soumis à ses nouvelles quasi quotidiennes provenant du front. Les familles vivaient dans l’incertitude de la mort et de la vie. Est-ce le facteur ou la gendarmerie qui amenait ces missives ? Il n’en était pas de même pour l’un ou l’autre : la poste pour des nouvelles directes du poilu mais la gendarmerie pour de très mauvaises nouvelles. C’était généralement le décès d’un soldat.

Les élèves ont retracé la vie des poilus par la réalisation de carnets, d’affiches, d’un film et d’un morphing.
Après avoir mené une minutieuse enquête auprès des archives départementales et des descendants de Jules Sigeac, les recherches sont restituées sous la forme d’un carnet retraçant le parcours de ce poilu avec des lettres qu’il envoyait à sa femme. Celles-ci sont illustrées par des peintures, aquarelles, croquis, photographies.
Une autre classe de CM2 a voulu répondre à ces lettres de poilu et relater les sentiments physiques qu’ils ressentaient en les lisant et en imaginant un retour de correspondance. Cela a donné lieu à un « morphing » où les élèves ont pu exprimer les sentiments de la peur, du chagrin, de la lassitude, de la joie, mélancolie... par les expressions de leurs visages.
Auguste Mayaud est l’arrière arrière grand-père de Marion, élève d’une classe de CM2 de Saint-Cloud. Auguste n’a pas eu d’existence, il n’a pas vécu pour lui mais est mort pour les autres. Dès lors, les élèves ont reconstruit sa vie ou plus précisément, ils ont envisagé ce qu’elle aurait pu être si .... Il avait survécu !

Une enseignante honore sa promesse d’enfant en effectuant un travail de mémoire avec ses élèves. Elle rend ainsi hommage à son grand-père Edmond Pladys qui lui a confié carnets et lettres de ses frères en lui disant : « il ne faut pas les oublier ». Elle transmet à son tour ce qu’elle a pu apprendre grâce à eux. Un film de 35 minutes a été réalisé par ses élèves. Il raconte la vie d’un poilu avec la lecture du carnet d’Eugène Pladys et s’accompagne de documents historiques.

Cette période de conflit a été une période terrible mais elle a été aussi une période de progrès ; la chirurgie, réparatrice, le développement de l’aviation, ... mais aussi le développement du camouflage.
Se cacher de l’ennemi a toujours été une préoccupation de l’homme pour surprendre, pour avoir l’avantage. Une classe de CM2 s’est intéressée au mode de camouflage dans une démarche pluridisciplinaire : camouflage des animaux, camouflage des hommes en ville, à la campagne et le camouflage militaire.
1914-1918, ce conflit mondial emmène les hommes vers la tourmente.et les atrocités vont de paires. C’est la tête des soldats qui est la plus exposée. 80 % des soldats français sont blessés à la tête d’où le nom de « Gueules cassées ». il faudra attendre 1915 pour que l’armée française soit équipée de la « Bourguignote » (casque protecteur).
La chirurgie n’est pas prête à affronter ce genre de plaie. C’est en soignant que les chirurgiens vont commencer à mettre au point la chirurgie réparatrice.
Une classe de CM2 a pris la lourde tâche de travailler sur les « gueules cassées » en montrant toute la difficulté pour ces hommes de reprendre une vie normale après la guerre et d’affronter la vie civile après. Derrière ces têtes de monstre, il y avait un cœur. Ils ont écrit et illustré de magnifiques carnets. Mais ils ont aussi travaillé en se mettant dans la peau de ces « médecins réparateurs » en confectionnant des masques en plâtre et en essayant de les réparer.

Le soldat est « un rude gaillard qui court, marche, rampe, travaille, creuse. Il a faim ! »
Le ravitaillement vient de l’arrière. Les civils : femmes, enfants, personnes âgées se sacrifient pour le soldat. La France est essentiellement agricole à ce moment. Les hommes en âge de combattre sont au front, le reste de la population cultive les champs et confectionne des munitions. La population civile est rationnée avec des tickets (100 gr de pain par jour). On demande à la population de se restreindre. La France cultive du blé et des pommes de terre. La culture du blé demande 11 mois pour pousser alors que la pomme de terre ne met qu’entre 4 et 6 mois pour être à terme.
Les cultivateurs ont la possibilité de faire au moins deux récoltes dans l’année.
Une classe de CE1 a mis en évidence les difficultés rencontrées par les civiles pendant la Première Guerre mondiale, en retraçant le parcours de la pomme de terre et du blé.

Parmi les personnes qui ont lourdement subi ce conflit, les enfants font partie de celle-ci. Peut-être heureux temporairement de ne plus avoir d’école, ils ont été très vite confrontés à la dure vie active. Ils ont travaillé en usine pour produire des armes et des munitions pour les soldats. Ils ont cultivé la terre pour produire du blé et des pommes de terre. Il restait très peu de temps pour le jeu. Malgré les propagandes contre les jouets à tendance militaire, beaucoup de ceux-ci rappelaient le conflit mondial. Les jeux de l’oie transformés avec des soldats des deux camps et des hommes politiques. Cela a permis à une classe de CM1 de se poser des questions sur la vie des enfants à l’école et comment était l’école en 1914.

Notes

[1Conseillère pédagogique pour le premier degré en Histoire-Géographie.