Il s’agit d’un projet collectif entre les Frac d’Alsace, de Champagne-Ardenne et de Lorraine.
Le thème de l’exposition des trois FRAC est tout à fait original et inattendu même si est abordé notre quotidien. L’idée est de montrer ce que l’on ne voit pas habituellement, ceux et celles qui sont les « invisibles » (femmes de ménage, stagiaires au travail… ).
La question posée autour du travail est de se demander : qu’est-ce que cela signifie ? Est-ce une position sociale ? Une occupation au quotidien ? Une source de revenus ? Un temps où se sentir utile ? La commissaire de l’exposition invitée, Virginie Jourdain, propose une lecture décalée du monde du travail d’un point de vue féministe, engagé et militant.
Présentation de quelques oeuvres
Les contributions viennent de militants, d’un collectif d’artistes, de centres culturels d’artistes de Montréal et d’étudiants qui ont fait des recherches pendant sept moi sur l’enseignement au Québec.
Quelques œuvres :
– Œuvre de Noémie Mac Comber 2012 sur le principe de la négation, injonction à dire "non". Droit au refus en tant que mère, enseignante, artiste, employée… Comment peut-on réagir face aux contraintes physiques et sociales ?
– Œuvre de G.Maillé : images de conseils d’administration, du Parlement où les hommes sont majoritaires. Décider entre hommes… et entre hommes blancs. L’artiste cherche à ce que notre regard ne s’habitue pas à cette emprise en multipliant les rappels de telles images.
– Œuvre de Catherine Lescarbeau : le département des plantes, 2016.
L’artiste depuis quelques années fait l’inventaire des plantes qui ornent les bureaux, les différentes institutions, halls d’accueil… elle s’est appuyée sur les conseils d’un botaniste et sur le travail d’un photographe pour réaliser son œuvre. Elle se demande si ces plantes, rares le plus souvent, permettent une réelle harmonie et atmosphère de détente pour les employés dans ces bureaux ?
– J0 Spence, 1988, Angerwork.
Le visage de Jo Spence disparaît derrière des feuilles volantes comme jetées par fureur. Malade décédée depuis , l’artiste n’a eu de cesse de construire une image de son corps autre que celle renvoyée par l’institution médicale.
Mais elle a aussi lutté contre les représentations renvoyées par les aitres de l’identité sociale. Elle venait d’un milieu modeste et n’a eu le désir que de devenir artiste.
– Kapwani Kiwanga , Bon voyage, 2004, Vidéo : portrait d’une travailleuse en charge de l’accueil et de l’entretien des toilettes gare Montparnasse. Le récit d’une femme exilée dans une situation d’exploitation.
– Ghada Amer, Cinq femmes au travail, 1991.
L’artiste dénonce l’injonction qui est faite aux femmes de s’occuper des tâches ménagères.
– Mierle Ladermann Ukeles : touchs Sanitation performance, 1977/1980/2007
L’artiste veut mettre au devant de la scène tous ces travailleurs invisibles (ménage, cuisine, éducation…) et dénonce le peu de considération que l’on eu à leur égard. Elle a rencontré chacun des services de ramassage des ordures de la ville de New York et serré les mains de plus de 8500 employés. Elle veut être un agent du changement.
– Karl Holmqvist, Family day at the factory ; gay kid visit his father’s workplace, 1972.
Dans son œuvre l’artiste montre un moment où les valeurs normatives sont transmises à l’enfant, ce que l’on attend de lui et si cela correspond ou non (être patron ou ouvrier, aimer les machines, être viril et hétérosexuel …). L’artiste donne une dimension politique à son œuvre.
– Pilvi Takala, The Trainee, 2008.
L’artiste parvient à se faire embaucher dans le département marketing de la multinationale, Deloitte.Son comportement oisif finit par attirer la colère, la méfiance des autres employés. En transgressant les codes, l’artiste met à jour les règles implicites du monde de l’entreprise. Penser et rester immobile perturbe l’ensemble du système.
– Anna–Marie Proulx : les résolutions, 2013
La lourdeur administrative à partir des archives, dossiers… montre toutes les difficultés rencontrées par les artistes aujourd’hui encore.
– Olga Kisseleva : une double vie, 2007
La question pour l’artiste est de poser la question : valorisons –nous les créations des artistes au sein d’une société qui prône avant tout l’efficacité, le rendement et le profit ?
– Ysé Tran, Album de famille
L’artiste montre comment les « malgré eux » indochinois ont été exploités après la Seconde Guerre mondiale. La cinéaste d’origine vietnamienne a fait escale au 49 Nord 6 Est pour approfondir ses recherches sur le territoire. Ysé Tran a réalisé plusieurs films dont « Une histoire oubliée » (2017).
Autour de l’exposition
Jeudi 14 septembre - Albums de familles lorrains
Ysé Tran, cinéaste, en présence de témoins, revient en mots et en images sur une histoire oubliée. Celle du long chemin parcouru depuis 1939 par les travailleurs recrutés de force en Indochine jusqu’aux hauts fourneaux de Moselle an passant par les industries textiles des Vosges.
Samedi 16 septembre 21h30, 22h30 gratuit - One
Hervé Birolini, installation, composition, interprétation.
Aurore Gruel, danse et musique
Olivier Irthum, mise en lumière
Un écran composé de haut-parleurs transparents, véritable mur invisible matérialisant le son et laissant entrevoir le corps en mouvement. Une performance cinétique et musicale qui dessine les contours et les traits d’une forme indisciplinaire… entre installation, live electronic et danse.
Samedi 23 septembre 14h30 , gratuit - Nettoyage en grève
Avec : la section Sud de la BnF, la CGT Hôtels de prestige et Économiques.
Modération : Fanny Zanferrari, sociologue.
Et si le ménage n’était plus fait dans les hôtels ? Et si la poussière s’accumulait sur les livres ? Et si, et si… Personne n’ose même l’envisager. Sans ces travailleurs, travailleuses invisibles, précaires, méprisées par beaucoup, plus rien ne fonctionnerait… Leur seul pouvoir de revendication : la grève.
Projection du film documentaire On a grévé de Denis Gheerbrant (2004, 70m/m) au cours de la rencontre.
© Blanche Defernez, attachée de rédaction de la revue Historiens et Géographes
Paris le 28 juin 2017 . Tous droits réservés.