François Ier. Les femmes, le pouvoir et la guerre Histoire / Renaissance

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Cédric Michon, François Ier. Les femmes, le pouvoir et la guerre, Paris, Belin, 2012, 310 p., sans illustration, 19,50€.

François Ier est à la mode à cause de la commémoration de Marignan, mais il n’est pas certain qu’il le sera encore avec celle de Pavie… Ainsi va la superbe du coq gaulois (l’image existe déjà), qui préfère ignorer les phases noires ou grises.

Depuis les grandes biographies des deux amis qu’étaient Jean Jacquart et Robert J. Knecht (1994), peu d’archives nouvelles avaient été compulsées, or il en reste plus qu’on ne le pense. Cette nouvelle biographie, par un spécialiste des conseillers et des prélats, nous plonge dans un nouvel univers, celui de l’Etat en construction et de ses réseaux, y compris féminins donc. On y découvre que ce bel homme qu’était en effet François Ier n’a pas toujours eu une politique à la hauteur de ses ambitions mais qu’il a su communiquer. Telle est la tendance des travaux actuels sur la première modernité en effet. Voilà une nouvelle façon d’aborder le règne qui coïncide en effet avec l’humanisme. Ce règne clivé par le succès de la Réforme, compris très vite comme antimonarchique par le roi, en dépit des espérances des protestants, n’est en effet pas aussi brillant qu’on l’a beaucoup dit au temps de hussards noirs de la République. Cédric Michon tente de lutter à la fois contre la légende noire et contre la légende rose du règne pour saisir ce qui importait alors pour le roi et son clan en une série de 21 courts chapitres : sa mère, sa sœur, ses compagnons de jeu devenus ses conseillers et ses prélats, favoris ou non selon les moments, le désastre de Pavie, le Parlement, la chasse et la pierre, les lettres, l’alliance avec la Sublime Porte, la finance, la négociation incessante avec les élites, la forme de l’Etat enfin, coincé entre l’idée d’une monarchie absolue et celle d’une monarchie de consensus. Tout cela est raconté de façon agréable, sans le côté sulfureux que suggère le titre.

Ce n’est pas du journalisme historique, l’érudition est réelle et le mythe s’écorne un peu sous le ratissage de l’historien. Cela donne un récit alerte, avec notes et bibliographie en fin de volume. Donc l’ouvrage est accessible aux élèves.

© Nicole Lemaitre pour Historiens & Géographes - Tous droits réservés. 21/04/2016.