Haïti : Deux siècles de création artistique Grand Palais Jusqu’au 2 février 2015

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Galeries nationales, Entrée porte H
Deux siècles de création artistique
19 Novembre 2014 - 15 Février 2015 au Grand Palais

Ouverture du jeudi au lundi
fermeture hebdomadaire le mardi
mercredi de 10 h à 22 h

Cette exposition est dédiée à la création artistique haïtienne du XIXème à nos jours. Autour d’un noyau d’œuvres contemporaines, certaines réalisées spécifiquement pour l’occasion, elle présente selon un parcours non chronologique, des temps forts de l’histoire de l’art haïtien, et propose de porter un nouveau regard à cet art insuffisamment connu en France.

L’exposition a pour but de dépasser les stéréotypes de la peinture naïve, de transcender la vision magico-religieuse et exotique trop souvent associée de manière restrictive à l’art haïtien.Sans écarter les influences syncrétiques des symboles chrétiens, maçonniques et vaudou sur l’imaginaire collectif, l’exposition rend compte de l’extraordinaire vitalité de la création artistique, où tout se métamorphose en toutes circonstances où se côtoient le pays réel et le pays rêvé.

Depuis la fin du XIX ème siècle, la concentration urbaine à Port au Prince et l’effervescence qui parcourt la société haïtienne, a favorisé l émergence d’une esthétique contemporaine à travers le dessin, la peinture, l’installation, la vidéo, la sculpture d’objets recyclés.
Autour de sept sections, dont un Duo avec Jean Michel Basquiat et Hervé Télémaque, la scénographie laisse une large place aux artistes contemporains vivant en Haïti (Maio Benjamin, Sébastien Jean, André Eugène, Frantz Jacques dit Guyodo, Céleur Jean Hérard, Dubréus Lhérisson, Patrick Vilaine, Barbara Prézeau, Pascale Monin…), aux Etats-Unis (Edouard Duval Carrié, Vladimir Cybil Charlier), au Canada (Marie-Hélène Cauvin, Manuel Mathieu), en France (Hervé Télémaque, Elodie Barthélemy), en Allemagne (Jean Ulrick Déser), en Finlande (Dasha Huber). A l’extérieur du Grand Palais les visiteurs sont accueillis par une sculpture monumentale d’Edouard Duval Carrie.

Au lendemain de l’indépendance d’Haïti, au début du XIXème siècle, des académies de peinture sont créées par les dirigeants de la Première République noire du monde. Animées pour la plupart part des peintres européens, elles donnent naissance à l’art du portrait (Colbert Lochard, Déjouer Legros, Edouard Goldman) consacré essentiellement aux hommes et femmes de pouvoir confrontées à la nécessité de se construire une identité historique. Cette tradition du portrait est ensuite interprétée, sous forme de satire pour témoigner du climat politique de l’île (les Duvallier sont croqués en pintades).

Fondé en 1944, le Centre d’Art de Port au Prince devient le lieu emblématique de la vie artistique haïtienne Avec une rare puissance évocatrice, les artistes populaires font irruption dans la ville et forcent à la reconnaissance de leurs sensibilités (Hector Hyppolite, Philomé Obin, Préféte Duffault Wilson Bigaud, Robert Saint Brice…).
En forme de dissidence, les années 50 voient naître un nouvel élan avec l’ouverture du Feyer des arts plastiques, puis de la galerie Brochettte. Des artistes, parmi lesquels Lucien Price, Max Pinchinat, Roland Dorély … en quête de nouveaux exemples, explorent alors les voies de l’abstraction et du surréalisme dans un contexte d’échanges permanents avec les artistes et les intellectuels américains et européens. Avec près de 60 artistes et plus de 160 œuvres, le visiteur est confronté la magie, la poésie, la religion et l’engagement politique et s’émerveille de la beauté de certaines installations. Et le tremblement de terre n’est pas oublié puisque deux artistes livrent deux grands tableaux.

Commissaires de l’exposition : Régine Cuzin et Mireille Pérodin-Jérôme, directrice des ateliers Jérôme, Port au Price.

Scénographie : Sylvain Rocca et Nicolas Groult

Catalogue de l’exposition 232 pages, 200 illustrations, Prix 39 euros

Les services de la Rédaction d’Historiens & Géographes,15 /01/2015. Tous droits réservés.

Voir en ligne : lien

Illustration  : Édouard Duval-Carrié, L’Embarquement pour L’Isle-de-France ou le Renvoi D’Erzulie Freda Dahomey, 2014, techniques mixtes sur aluminium
194 x 291 cm
collection de l’artiste
© Adagp, Paris, 2014 : Photo Ralph Torres.