Hubert GERMAIN, Espérer pour la France Compte-rendu de lecture

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Hubert GERMAIN, Propos recueillis par Marc Leroy, Espérer pour la France, Les Belles Lettres, 2020, 90 pages, 17 euros.

Par Aleth Briat.

Un petit ouvrage, dédié à deux de ses amis morts pour la France, nous permet de faire connaissance avec Hubert Germain, grâce à ses rencontres avec Marc Leroy.

Né à Paris en 1920 fils d’un général de l’armée dite "coloniale" , il ne le découvrira qu’à 4 ans, lorsqu’il revient du Tchad.
En 1930-1932, il suit son père en Syrie, il va jusqu’à Jérusalem. En 1932-1935 il étudie à Janson de Sailly, dont il est mis à la porte (car il a fait sauter les plombs du Lycée !), il va au cinéma et s’intéresse aux actualités du moment. En 1935-1937, il est à Hanoi avec son père, Commandant de l’artillerie indochinoise, et garde un très bon souvenir du lycée A. Sarraute. En 1937-1938, il étudie au lycée Saint-Louis, se politise fortement lors de la guerre d’Espagne. Puis, en 1938-1940, il est à Bordeaux au lycée Montaigne en prépa St Cyr lorsque le 14 juin les Allemands entrent à Paris ; il abandonne alors le concours au moment de le passer et décide avec des copains de continuer la guerre. Ils trouvent un bateau de l’armée polonaise à Saint-Jean-de-Luz en direction de Liverpool, où ils prennent connaissance de l’appel du 18 juin 1940. A Londres, il retrouve d’autres jeunes, en particulier Pierre Simonet, dont il ne séparera plus ; la rencontre avec le général de Gaulle l’impressionne. Commence alors l’odyssée qu’il attendait : en 1941-1944, campagnes de Syrie, Libye, Égypte, Tunisie, il a choisi la Légion étrangère 13°DBLE, il est décoré après Bir Hakeim, fasciné par les Pyramides d’Égypte, après El Alamein, et par la nouvelle rencontre avec de Gaulle à Tunis en juin 1943.
En 1944, c’est le retour en Europe avec la difficile campagne d’Italie, les morts sont nombreux, un légionnaire allemand le protège mais il est tué le 20 novembre, son ami J. de Ferriere est tué à côté de lui, le même jour, son autre ami J. Muracciole est blessé sérieusement puis à Monte Cassino c’est au tour d’Hubert Germain. Il est soigné à Naples, décoré par le général de Gaulle à Caserte : il est désormais Compagnon de la Libération.

Ensuite se déroule la campagne de France en 1944-1945 : l’Ardèche, les Vosges l’Alsace pendant le terrible hiver. Il a pu retrouver brièvement sa famille à Cannes, il apprend la déportation de son père et la confiscation de leurs biens, il ordonne au préfet de leur rendre ; son père reviendra au Lutetia sans jamais retrouver goût à la vie. Hubert Germain juge sévèrement les Français qu’il retrouve. Envoyé à Paris, il se marie et entame ainsi 63 ans de vie commune avec son épouse.
Il termine sa carrière militaire avec la campagne d’Allemagne en 1945-1946 : Berlin, Baden Baden.
De retour à la vie civile, en 1953-1965 : il devient maire de Saint-Chéron, perd sa mère, son père, sa sœur et son ami Muracciole. Il entame une carrière politique en 1960-1962 dans le cabinet du ministre des Armées Pierre Messmer. En 1962-1972 il est élu député de Paris. A la mort de de Gaulle, il le qualifie de « grand prince médiéval de l’Occident ». Enfin il atteint le sommet : Ministre des PTT, grâce à Pierre Messmer (alors Premier ministre de Georges Pompidou) en 1973-74.
Il termine sa vie par une retraite active : Grand-Croix de Légion d’Honneur en 2017, il réfléchit sur le monde contemporain, se montre très pessimiste, cherche sa voie dans la Franc-Maçonnerie, en restant un chrétien convaincu.
Il écrit : « L’envol des brouillards de l’automne commencent à envahir les vallées de mon corps. »
Une série de photos complètent le récit de cette vie.

© Aleth BRIAT pour Historiens & Géographes - Tous droits réservés. 05/09/2022.