Inauguration des salles sur l’Histoire des fusillés de 14-18 au Musée de l’Armée le 6 novembre 2014 Hôtel national des Invalides, Paris

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Par les services de la Rédaction d’Historiens & Géographes

Le secrétaire d’Etat auprès du Ministre de la Défense, chargé des Anciens combattants et de la mémoire, Kader Arif, a inauguré jeudi 6 novembre les salles présentant l’histoire des fusillés au Musée de l’Armée.

L’option choisie est historique, mémorielle, pédagogique

Revenons un peu en arrière. Dans un rapport intitulé « Quelle mémoire pour les fusillés de 1914-1918 : un point de vue historien » [Voir le compte-rendu sur notre site ici]] remis le 1er octobre 2013 à Monsieur Kader Arif, Antoine Prost, président du comité scientifique de la mission du centenaire évoquait quatre possibilités :
 ne rien faire
 une réhabilitation générale
 une réhabilitation cas par cas
 une Déclaration solennelle éventuellement renforcée d’un projet pédagogique
Le 7 novembre François Hollande, Président de la République qui ouvrait officiellement le centenaire de la Grande Guerre, faisait sienne la 4ème proposition.
Deux chantiers étaient ouverts :
 La création au sein des salles du Musée de l’armée d’un chemin historique présentant le dossier des fusillés
 le lancement d’un travail de recherche systématique dans les archives détenues par le Ministère de la Défense au château de Vincennes.

Le gouvernement a choisi l’option historique et mémorielle, non juridique de la question des fusillés.

Des sources accessibles au visiteur

Ce 6 novembre les chercheurs du SHD (service Historique de la Défense), les responsables de l’aménagement de ces espaces, les fabricants des supports ont présenté les panneaux et les bornes, les tables interactifs consacrés aux fusillés pour désobéissance militaire pendant la Première Guerre mondiale. Le chiffre de 639 fusillés pour l’ensemble de la guerre de 1914-1918 a été retenu à la suite d’un travail considérable mené aux archives militaires de Vincennes et de la concertation entre historiens spécialistes de la question. D’autres fusillés l’ont été pour des crimes de droit commun, pour espionnage… La question des fusillés n’a pas été traitée à part mais intégrée du mieux possible au Musée. Le contexte de la guerre, de la violence a bien été mis en valeur pour éclairer la question des refus de monter en ligne notamment par une présentation sous forme de cartes et de documents sur des tables interactives de la bataille de Verdun en français et en anglais. L’objectif des responsables du musée était de ne pas provoquer une rupture dans la visite des salles consacrées à la Grande Guerre et ne pas isoler cette question des fusillés. Les sources numérisées peuvent donc être consultées sur place. Il est possible pour le visiteur de découvrir les dossiers de justice militaire dans l’énoncé des condamnations à mort sur les bornes interactives, de se livrer à des recherches sur le site du Ministère de la Défense Mémoires des Hommes. Bien sûr le droit d’opposition à la diffusion des données est garanti en faveur de toute personne justifiant d’un lien de parenté avec un fusillé. Pour les scolaires collégiens de 3ème et lycéens de 1ère mais aussi étudiants d’Histoire, enseignants d’histoire Géographie, chercheurs, le Musée offre une mine de renseignements sur cette question douloureuse.

Un musée ouvert à toutes les composantes de la Nation

Le Directeur de l’établissement public du musée de l’Armée le général de division Christian Baptiste souhaite que ce Musée soit ouvert à toutes les sensibilités de notre pays, que l’on puisse s’y retrouver dans cette histoire longue et commune de la construction de la nation, partager les épreuves qu’il a rencontrées et surmontées, faire siennes les valeurs démocratiques et républicaines à travers, les collections, les salles et les présentations rénovées, dotées de supports les plus modernes, les expositions temporaires (nous pensons à l’exposition sur l’Algérie de 1830 à 1962, à celle sur l’Indochine). Outre le grand chantier de rénovation qui a embelli les Invalides, le Musée vient de déplacer l’accueil du public à l’entrée de la cour des Invalides et garnit régulièrement les murs des remparts de grandes photos portant sur les expositions temporaires. Ce n’est pas un musée replié sur lui-même, mais qui se veut ouvert sur les autres nations, les autres cultures. En attestent d’ailleurs le million et demi de visiteurs par an dont beaucoup d’étrangers.

Les visites scolaires

Depuis quelques années le service pédagogique du Musée de l’Armée propose aux jeunes des parcours des salles permanentes (Moyen Age, Temps Modernes, Histoire contemporaine (les conflits du XIXe et du XXe) et des expositions temporaires, des itinéraires liés aux différents âges et aux programmes scolaires, des animations culturelles des spectacles, des focales dans les expositions qui leur permettent de s’intéresser à tel ou tel objet à tel ou tel événement essentiel de l’histoire de notre pays de l’Europe et du monde.

Que va-t-il se passer le 11 novembre 2014 ?

Le président de la République remettra à l’Elysée le prix des « Petits artistes de la Mémoire » à un élève accompagné de son maître de trente classes de CM1, CM2 et lancera le Portail national internet Grand Mémorial qui donne accès aux fiches matricule des combattants de la Grande Guerre (site culture.fr), puis, présidera la cérémonie officielle du 11 novembre à l’Arc de triomphe, enfin l’après midi inaugurera à Notre Dame de Lorette, nécropole nationale, haut lieu de combats particulièrement meurtriers, l’Anneau de la Mémoire portant les noms de 580 000 soldats morts sur les champs de bataille du Nord-Pas-de Calais. Le classement des soldats morts se fera par ordre alphabétique sans distinction de grade et de nationalité.

© Les services de la rédaction de la revue Historiens & Géographes 8 novembre 2014.Tous droits réservés

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