Pierre Mathiot expose le projet de réforme du Baccalauréat et de l’organisation du Lycée. Il doit consulter 70 organisations avant de préparer son rapport. La commission explore, lance des pistes, voit comment chaque groupe auditionné réagit, et avance ainsi dans ses réflexions. L’objectif affiché est de faire une réforme efficace, quitte à ce qu’elle paraisse trop peu ambitieuse à certains. Plutôt une forme de rationalisation et de simplification d’un lycée qui s’est complexifié. Dans l’état actuel, le lycée irait vers un système de spécialités peut-être plus que de filières. Le Baccalauréat comporterait quatre épreuves finales. Des partiels seraient organisés pendant l’année scolaire.
Les rumeurs de chute dramatique (1 heure à 2 heures d’Histoire-Géographie en Seconde ; 1 heure en Première) semblent infondées aux yeux de la Commission et de son Président en premier lieu.
Pierre Mathiot présente son projet de création d’un grand oral républicain « Sciences humaines et sociales » dont l’Histoire-Géographie devant un jury enrichi de personnalités extérieures au monde éducatif. Il s’agit de « faire bouger les lignes ».
Franck Collard, Président de l’APHG, rappelle que l’Association, fondée en 1910, compte plusieurs milliers d’adhérents répartis en 25 Régionales. En juillet dernier, le ministre Jean-Michel Blanquer a reçu l’APHG. [1] L’association est d’accord avec sa démarche et son analyse de la situation. Le constat : la crise de l’Ecole et la difficulté des collègues à exercer leur rôle. Le ministre a souligné la dimension universelle, cardinale de l’Histoire, de la Géographie et de l’EMC.
En effet, les élèves ont besoin d’une culture historique et géographique et d’une épreuve durable, c’est-à-dire d’une durée suffisante et à proposer à tous les lycéens en épreuve terminale. C’est la traduction de l’attention que porte le Président de la République à l’Histoire.
Christine Guimonnet pour l’APHG précise que les réformes successives ont abouti à une dégradation nouvelle des conditions d’enseignement de l’Histoire-Géographie. Celle-là risque encore d’aggraver la situation. Prévoir un contrôle continu pendant la formation risque de transformer l’année en Bac permanent.
Pierre Mathiot : Nous sommes très attentifs aux finalités, à l’efficacité symbolique. La transformation des pratiques doit suivre. C’est le possibilisme de Brousse. Le grand oral en Terminale est bien sûr plein de problèmes techniques. Le grand oral se passe devant un jury de plusieurs personnes. Sur les modalités, on se heurte à des difficultés. On ne construit pas l’enseignement sur des expériences d’exception.
L’APHG : Les enseignants sont lessivés. Il ne faut pas vouloir redresser la situation en sacrifiant les fondamentaux. Il faut bien comprendre la perte de confiance des professeurs en l’Institution. Il est sage, de notre point de vue, de remettre du bon sens et d’éviter toute réforme qui serait perçue comme une « usine à gaz ». Votre mission est d’autant plus complexe qu’elle s’adresse à tous les lycées de France. Il faut expliquer, calmer les esprits, mettre du sens, former à la citoyenneté.
Que voulons-nous ?
- Une formation de 3 heures dans toutes les sections et séries, notamment dans les baccalauréats professionnels et technologiques.
- Une épreuve écrite terminale pour tous les lycéens.
- La reconnaissance de l’Histoire et de la Géographie comme "matière universelle".
L’APHG fait part de rumeurs selon lesquelles l’Inspection générale travaillerait sur des modules de 1 h 30. Pierre Mathiot exprime son étonnement.
L’Enseignement moral et civique (EMC) :
Elle est attribuée à diverses disciplines dont la philosophie, les sciences économiques et sociales, les sciences et vie de la Terre. Il se pourrait que les enseignements d’exploration disparaissent et que l’EMC soit intégré aux horaires d’Histoire-Géographie.
L’APHG n’entend pas se quereller à son sujet. Les SES et la Philosophie ont leur rôle à jouer. Une des difficultés des chefs d’établissement est de boucler les emplois du temps. Ils donnent parfois des heures d’EMC à des collègues qui ne l’ont jamais enseigné.
Le projet de grand oral :
Pierre Mathiot : Le grand oral est adossé aux deux disciplines choisies par des spécialistes. On supprimerait les Travaux Pratiques Encadrés (TPE) et on pourrait envisager la préparation de ce grand oral à partir de la Première. Le jury est composé de trois personnes (dont une n’est pas du même lycée ou fait partie de la Réserve citoyenne).
L’APHG salue une belle idée mais elle la juge irréalisable en pratique.
Les partiels ou le partiel pourraient se dérouler avant les vacances de Printemps :
La philosophie apparaît comme matière universelle. Le français resterait en épreuve finale en classe de Première. Le dépoussiérage envisagé pourrait remettre en cause les enseignements d’exploration.
Les programmes seraient changés (remaniés, allégés ?,) dès la rentrée 2018 en Seconde, pour que le nouveau Baccalauréat puisse entrer en vigueur en juin 2021.
L’APHG, concernant le ou les partiels soulève le problème de l’absentéisme des élèves qui risque s’aggraver avec un projet plaçant l’évaluation des disciplines hors contrôle terminal plusieurs mois avant la fin de l’année et du traitement du programme dans son intégralité. C’est « une usine à gaz » que l’on ne peut pas accepter en l’état esquissé.
L’association travaille d’ici la fin de l’année 2017 à une réflexion écrite approfondie. Elle souhaite être représentée dans le groupe de rédaction des programmes.
La délégation de l’APHG pour le Bureau national - 21 novembre 2017. Tous droits réservés.
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