Un vent mauvais souffle décidément sur les historiens. Déjà en butte à un nationalisme agressif véhiculé par des gouvernements soucieux de réécrire l’histoire, ils sont menacés, harcelés, injuriés et pris à partie lors de colloques scientifiques comme nos collègues le furent en février dernier à l’EHESS et au Collège de France de la part de nationalistes polonais mécontents. L’historien n’est pas là pour plaire. Il est là pour chercher, analyser, confronter les sources, critiquer, contextualiser, apporter des savoirs documentés et scientifiquement vérifiés.
Après Jan Gross et Jan Grabowski, conspués par des nationalistes polonais, c’est au tour de notre collègue Noémie Lévy-Asku, spécialiste de l’empire ottoman, d’être prise dans la tourmente. Exclue de l’Université du Bosphore où elle enseigne depuis 2010, elle vient d’être condamnée à trente mois de prison par un tribunal turc. Le mathématicien Tuna Altinel et l’historienne Füsun Üstel sont emprisonnés.
Aucun État ne s’honore en condamnant en emprisonnant des universitaires. La liberté de parole est le signe de la santé démocratique…force est de constater que dans certains pays, cette liberté est aujourd’hui ouvertement menacée.
Par le présent texte, nous assurons nos collègues de notre soutien et affirmons haut et fort que l’histoire n’est pas à la botte et que les historiens ne seront jamais sous la botte !
Le Bureau national de l’APHG.
Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie - APHG.