Trois noms évoquent le château du surintendant, l’architecte Louis Le Vau, le jardinier Le Nôtre et le peintre-décorateur Charles Le Brun, recrutés par Nicolas Fouquet. En 1641, jeune parlementaire, il acquiert le domaine. Il construit et aménage le château et le jardin en faisant appel aux meilleurs artistes de son temps. En 1653, il devient surintendant des Finances. En 1661, à la mort de Mazarin, Louis XIV, âgé de 22 ans, décide de gouverner seul. Il écoute Jean-Baptiste Colbert qui ourdit un complot contre Fouquet accusé d’avoir volé des millions à l’Etat. Le 16 juillet 1661, Nicolas Fouquet reçoit fastueusement le roi qui est mortifié par cet accueil fastueux et décide, sur les conseils de Colbert, de le faire arrêter à Nantes trois semaines plus tard. Un procès lui est intenté qui le condamne au bannissement à vie hors de France. Le roi casse le jugement et ordonne la prison à vie pour Fouquet, qui est conduit à la forteresse de Pignerol, où il meurt le 23 mars 1680.
La conduite de la visite par Jean-Charles de Vogüe, un des propriétaires du château, qui est un bien familia,l s’est avéré passionnante. D’abord, le château de Vaux est une propriété indépendante, mais qui tient à la qualité de son entretien. Pour tous les travaux, elle s’appuie sur le Comité Fouquet qui est composé de scientifiques, d’experts en histoire, lettres, sciences et arts. C’est lui qui décide de l’intérêt des travaux.
Les conditions de la restauration du plafond
Le plafond en question n’avait pas été restauré depuis 1945. Il a subi les effets du bombardement qui l’a déchiré. En plus, celui-ci a été encrassé au cours des années par les fumées des chandelles. Depuis 35 ans, le château organise des soirées aux chandelles qui illuminent la plupart des pièces et qui sont très appréciés du public. Les propriétaires ne veulent pas les supprimer malgré les conséquences, optant pour l’authentique et offrant une expérience unique du Grand siècle. Simplement, les chandelles ont été remplacées par des ampoules Led. L’objectif est de repeindre une pièce tous les deux ans. Il s’agit pour ce faire d’aller chercher des mécènes, notamment aux Etats-Unis. Le suivi est très professionnel de la part des mécènes. Actuellement, il y a 40 institutions françaises à la recherche de mécénats à New-York. La concurrence est rude. Il est nécessaire d’établir une relation de confiance. C’est tout un art, nous dit Jean-Charles de Vogüe.
La restauration du plafond est estimée à 450 000 euros et va durer cinq mois. Le chantier est supervisé par l’Architecte des Monuments Historiques Lionel Dubois. Le financement repose sur un don privé d’un généreux mécène américain, Alexis Grégory.
D’autres restaurations sont aussi entreprises : la grande grille. Le budget de restauration annuel est de 9 millions d’euros. Les subventions de l’Etat représentent 1,5 % du total.
La visite du plafond des Muses
C’est Arielle Bertrand qui a remporté l’appel d’offres. C’est une grande spécialiste qui a participé à la restauration de la Galerie des Glaces à Versailles, au Cabinet de jeux à Vaux.
Un échafaudage fixe a été installé. L’objectif est de faire descendre la toile de Le Brun pour la restaurer. Le tableau a entièrement été recouvert. Il présentait des écailles et des fissures. Nous avons pu constater en grimpant sur l’échafaudage les blessures, les fissures des décors qui entourent le plafond. Au plafond figure Clio, Muse de l’Histoire et de la Renommée, en compagnie de Prudence, de la Fidélité et à l’angle des voussures, les huit autres muses par deux : Euterpe la Musique ; Calioppé, la Poésie épique, Terpsichore la Danse ; Melpomène la Tragédie ; Thalie la Comédie ; Erato la Poésie lyrique ; Polymnie la Peinture ; Uranie l’astronomie.
La chambre des Muses dispose d’une alcôve avec une estrade surélevée comme un théâtre qui servit de scène à Molière le 12 juillet 1661 pour la représentation de l’Ecole des Maris, devant les membres de la famille royale, invités de Fouquet. Au plafond de cette alcôve se trouve le deuxième huile sur toile ovale de Le Brun : La Nuit, où l’on voit la divinité Diane déployer avec de grandes ailes ses voiles bleutés. Elle va être aussi restaurée. Arielle Bertrand travaille avec une équipe de spécialistes de la restauration peintures, des bois en présence du public.
La restauration de statues dans le parc
« Révélez nos vrais visages », tel est le nom du programme de restauration engagé depuis l’an dernier grâce au soutien des mécènes, dont la 2ème tranche concerne actuellement 32 statues du jardin de Vaux Le Vicomte. Ce remarquable décor sculpté a souffert des conditions d’exposition. Mené depuis février 2016 jusqu’à novembre 2016, ce chantier représente un budget de 762 843 euros ; à chaque mécène sa statue, moyennant un don de 2 500 euros à 10 000 euros. La restauration des sculptures a été confiée à l’atelier Serge Giordano, spécialisé dans la pierre, qui a notamment restauré les portails de la cathédrale de Rouen.
Comment adopter une statue ?
Le mécénat est ouvert à tous (particuliers et entreprises). Pour adopter une statue, contacter le chargé du mécénat su château, Kevin Le Vourch, par mail à k.levourch@vaux-le-vicomte ou bien par téléphone au 06 64 14 42 53 (et 06 31 35 30 55).
La visite des salles du château
La visite s’est poursuivie par la visite des salles du château, des appartements de Nicolas Fouquet, du roi (jamais occupé), du Maréchal de Villars et de son épouse, des Sommier qui l’ont acheté en 1875. En effet, le château a été administré à partir de 1973 par Patrice de Vogüe et sa femme Cristina qui ont contribué à sa rénovation. Cristina a crée la Boutique et la Librairie . En 1973, ils fondent « l’Association des Amis du château de Vaux Le Vicomte ». Actuellement, le Château est dirigé par les fils Jean et Charles depuis 2012, qui ont été rejoints en 2015 par leur frère Ascanio.
La visite se poursuit par une montée jusqu’à la charpente et au lanternon d’où une vue plongeante et saisissante nous montre le dessin des jardins à la française de Le Nôtre et le parc. Au cours de cette visite nous avons pu admirer la bibliothèque du XIXème siècle. Le château possède de nombreuses archives qui sont en cours d’inventaire et qui apprendront beaucoup sur l’évolution architecturale et les chantiers successifs.
De cette visite, on retient que le château de Vaux-le-Vicomte est inachevé depuis l’arrestation de Nicolas Fouquet sous l’influence de Colbert en qui Louis XIV avait une entière confiance. Qu’il n’est pas question de faire des travaux pour une restauration imaginaire. Que l’on peut bénéficier de visites guidées, tous les dimanches de mai à octobre ou utiliser l’audioguide. On peut se restaurer à l’Ecureuil, qui était l’emblème de Nicolas Fouquet. Que les visiteurs, en particulier scolaires (élèves de 4ème et de Seconde), soient nombreux à Vaux. La desserte permet de Paris d’y accéder rapidement, soit de la gare de l’est, s’arrêter à Verneuil et prendre la navette - château bus (au total 60 minutes).
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