On ne présente pas ici l’auteur, grand écrivain de manuels clairs et commodes. Ici, il s’agit d’un autre genre littéraire, qui reprend une collection fameuse, celle des « Trente journées qui ont fait la France » et qui ont créé tant de vocations d’historiens.
La mort de Louis XIV est en effet un événement, mais qui est l’occasion de parler sans lourdeur de ce qui précède (la monarchie absolue) et de ce qui suit (sa critique et sa dissolution). Le récit de la mort du Soleil, terrible et stoïque, et celui des funérailles introduisent la mise à mort du Grand siècle par l’opinion publique. Un flash back permet alors de retrouver la prise du pouvoir (1661) et l’ombre de la Fronde qui explique tant de choses. L’organisation du gouvernement d’un État administratif modèle en est l’héritière, dans sa rigueur et sa centralisation. La fabrique de la grandeur dans Versailles, la guerre mise en scène et ses conséquences. Le Roi très chrétien face à Dieu et à ses deuils. Le dernier chapitre s’attache à la journée du 2 septembre 1715 et aux scénarios possibles de recomposition ou plutôt de maintien. Enfin, un épilogue explique le terrible décalage entre les désirs du prince et la réalité du royaume.
Ce grand livre suggestif, qui se lit comme un roman mais qui n’est pas une fiction, permet à la fois d’oublier la propagande du Grand Siècle et d’entrer dans une existence palpitante, remarquablement mise en intrigue. Voilà un ouvrage à lire pour comprendre ce que la France doit vraiment au Grand Siècle, non pas ce qu’on attend, mais ce dont on vit encore aujourd’hui : un territoire et une langue cohérents, une « certaine idée » de la Grandeur qui, nolens volens, nous habite encore.
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© Nicole Lemaitre pour les services culturels de la Rédaction d’Historiens & Géographes, 27/12/2016. Tous droits réservés.