La puissance navale de la France (1919-1942) Dossier n°459 / Article

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Par Thomas Vaisset [1].

La puissance navale de la France (1919-1942)

La sortie de la Première Guerre mondiale constitue une sorte de nadir de la puissance navale de la France, c’est-à-dire de la composante militaire de sa puissance maritime. Les hostilités ont laissé son principal instrument, la Marine nationale, exsangue. Les unités sont épuisées d’avoir tenu la mer pendant quatre longues années et sont frappées d’obsolescence. L’outil industriel est délabré et, faute de crédit, contraint de se tourner vers le secteur civil pour garnir son carnet de commandes. Sans ennemi sur mer, c’est l’idée même que la France puisse être une puissance navale qui est en jeu. La marine italienne, la Regia Marina, est désormais une alliée et l’essentiel de la flotte allemande, la Hochseeflotte, s’est sabordée à Scapa Flow, en juin 1919. Il n’y a là rien qui puisse inciter les dirigeants français à s’intéresser à l’outil naval, d’autant que leur attention est concentrée sur les régions du Nord et de l’Est dévastées par la guerre. Vingt ans plus tard, la France possède l’une des plus belles flottes de son histoire. Si ses qualités ont été exagérées par nombre de ses thuriféraires, force est de reconnaître que la reconstruction a été spectaculaire, et ce, alors que le contexte international n’est initialement pas favorable. La montée des périls ne date que de la seconde moitié des années 1930 et la course aux armements qu’elle déclenche ne peut pas faire oublier que la période est avant tout celle de l’apogée du désarmement naval et des premières tentatives pour forger un système de sécurité collective.

Il s’agira ici de présenter une brève synthèse du renouveau de la puissance navale française de 1919 à 1942 à l’aune des renouvellements connus par l’historiographie au cours des deux dernières décennies. Pendant longtemps, la manière dont cette histoire a été mise en récit célébrait la « belle marine de 1939 », du titre d’un chapitre de la synthèse qui, jusqu’à récemment, faisait référence [2], dans une approche qui renvoie au mythe politique de « l’âge d’or » cher à Raoul Girardet [3]. Il s’agissait aussi, en creux, pour des auteurs sensibles aux plaidoyers pro domo des amiraux qui se firent les historiens de l’institution navale au cours de la Seconde Guerre mondiale [4], de tenter d’occulter ce que fut ce conflit pour la Marine : un naufrage. Un naufrage politique d’abord, avec son rôle dans la collaboration d’État et un naufrage matériel ensuite qui se conclut de façon paroxystique avec le sabordage de Toulon, le 27 novembre 1942 [5].

Une victoire en demi-teinte

En mer comme à terre, la Grande Guerre ne prend fin ni à Rethondes ni à Versailles. La démobilisation est extrêmement lente, si bien que plus d’un an après l’armistice, près de 20% des réservistes sont encore les drapeaux. Les bâtiments sont toujours engagés dans de multiples opérations. Des forces sont ainsi stationnées en Méditerranée orientale, de Constantinople au Levant, où naissent déjà des tensions avec les Britanniques. Mais le déploiement le plus important se déroule en mer Noire où une escadre a été envoyée soutenir les troupes contre-révolutionnaires et alliées qui luttent contre les Bolchéviques. Outre la complexité de la situation politique sur le terrain, elle rencontre de nombreuses difficultés de ravitaillement et de communications. Les équipages désapprouvent une opération lancée alors que la paix est revenue et qu’ils espéraient rentrer au plus vite dans leurs foyers. En avril 1919, éclate une vague de mutineries sans précédent dans l’histoire récente de la Marine [6]. Elle reprend et s’étend à l’été aux arsenaux et aux ports où sont stationnés des navires de guerre. Les troubles s’apparentent d’abord à un vaste mouvement de grèves d’hommes excédés par leurs conditions de vie. Mais comme en témoignent les réclamations à caractère politiques de l’été, une partie des ouvriers et des équipages ne se montre pas insensible à la propagande révolutionnaire et aux revendications des mutins les plus célèbres, André Marty et Charles Tillon, tous deux futurs dirigeant du PCF et, pour le second, futur responsable des chantiers et arsenaux de la Marine à la Libération en tant que ministre de l’Armement.

Au-delà de leur dimension sociale et politique plus ou moins marquée, ces « mutineries de la mer Noire » traduisent le délabrement de la Marine et l’affaiblissement considérable de la puissance navale du pays. Si en novembre 1918 le tonnage est impressionnant, près de 650 000 tonnes de bâtiments, le matériel est usé par le service du temps de guerre. Il est aussi obsolète, faute de constructions neuves pendant les hostilités. Une part importante des unités est dépassée par les nouvelles formes prises par le conflit sur mer. Les faiblesses sont nombreuses. Les plus inquiétantes se concentrent dans le domaine de la détection sous-marine, alors même que la Première Guerre mondiale a mis en lumière le danger que les U-Boote pouvaient faire peser sur les lignes de communication maritimes indispensables à l’approvisionnement du pays.

La remontée en puissance de l’outil naval s’annonce incertaine. L’infrastructure industrielle de la Marine a beaucoup souffert du sous-investissement des années de guerre. Après avoir fonctionné pendant quatre ans au profit exclusif de l’Armée, les arsenaux doivent être « renavalisés ». À l’armistice, les tâches relevant de la construction ou de la réparation des navires de guerre occupent moins du tiers des ouvriers. Le second obstacle à la poursuite de la modernisation de la marine est budgétaire et politique, car la priorité va à la reconstruction des régions dévastées par le conflit et non à celle de la flotte. La pénurie de crédits qui en résulte conduit une partie des établissements industriels de la Marine à temporairement travailler pour le secteur civil afin de maintenir l’activité [7].

La sortie de guerre du personnel est également difficile. Les hommes qui en Manche ou en Méditerranée ont servi dans les unités légères sont épuisés par les patrouilles anti-sous-marines aussi incessantes qu’infructueuses. Quant à ceux affectés à bord des cuirassés, dont la plupart ont terminé la guerre derrière des filets anti-torpilles, l’inaction a laissé un goût amer et a nourri un sentiment d’inutilité que renforce au lendemain du conflit l’économie morale de sa reconnaissance. L’image des marins est ternie. Ils sont considérés comme des « planqués ». Dans une France traumatisée par l’hécatombe des Poilus, les 11 500 marins disparus au combat passent en effet inaperçus. L’absence de victoire navale dans un affrontement d’escadres en surface, identifié à la norme de la guerre sur mer, tranche pour l’opinion avec les succès de la Marne et de Verdun. Le grand public peine à prendre la mesure de l’ampleur des sacrifices et des efforts d’adaptation consentis par la Marine nationale. Dans les mémoires domine le souvenir des fusiliers marins de l’amiral Ronarc’h, qui se sont sacrifiés – à terre – pour enrayer l’offensive allemande à Dixmude en novembre 1914 et qui sont les seuls marins invités à participer au défilé de la Victoire le 14 juillet 1919.

Le déclassement français est consacré lors de la conférence sur la limitation des armements navals de Washington qui, de novembre 1921 à février 1922, fixe la nouvelle hiérarchie des puissances navales [8]. L’écart avec l’US Navy et la Royal Navy ne souffre d’aucun débat. En revanche, la relégation derrière la flotte japonaise et, pire encore, la parité avec la Regia Marina alors que les possessions ultramarines italiennes ne sauraient être comparées avec l’empire colonial français, sont vécues comme des humiliations par les élites navales. Ces résultats entraînent néanmoins une prise de conscience et mettent un terme à la période de recueillement consécutif à la guerre.

Au-delà de la flotte, un renouveau tous azimuts de la puissance navale de la France

La sécurisation des lignes de communications avec l’empire et, en particulier, l’Afrique du Nord, la défense des côtes ainsi que la protection du commerce maritime sont définies comme les « besoins absolus » du pays. Pour répondre à ces besoins, le Statut naval de 1924 fixe pour objectif à la marine française de posséder un tonnage équivalent au cumul de celui de l’Allemagne et de l’Italie, avec une marge de supériorité de 100 000 tonnes. Si ce texte va rester indicatif en vertu du sacro-saint principe d’annualité budgétaire et est plusieurs fois amendé, il sert de guide pendant tout l’entre-deux-guerres. La flotte de 1939 en procède en très grande partie. Le Statut de 1924 montre également que la Marine a bien identifié les innovations de l’époque. Un effort est prévu pour développer l’aéronautique navale et créer des stocks en hydrocarbures indispensables à l’achèvement de la transition de la propulsion des bâtiments vers la chauffe au mazout et l’abandon du charbon [9]. Il entend enfin régler la question de la défense des frontières maritimes, objet d’une lutte interarmées séculaire [10].

Les inflexions que connaît ce projet sont liées à la manière dont la politique navale française s’adapte pendant l’entre-deux-guerres. Pendant toute la période, les mises en chantier en France ne sont que des réponses à celles faites par l’Italie et par l’Allemagne [11]. Sans revenir sur les différents programmes, notons surtout que si la France adopte une attitude attentiste qui n’est pas sans inconvénient, le bilan en 1939 est plus qu’honorable. Marine japonaise exclue, la Marine nationale est celle qui a construit le tonnage de navires de guerre le plus important, avec près de 700 000 tonnes. En dépit de quelques lacunes, en particulier en matière de détection sous-marine et d’aéronautique navale dont témoigne le porte-avions Béarn sans véritable valeur militaire, la flotte est homogène. Les bâtiments produits en séries, ce qui constitue une première à l’ère de la vapeur. Si la puissance navale du pays est encore très marquée par les théories du Sea Power formulées par l’amiral américain Mahan au début du siècle et donc attachée aux cuirassés et à l’idée d’une bataille décisive en surface [12], la France dispose d’une flotte capable d’agir dans les trois dimensions de l’espace maritime : sur la mer, sous la mer et au-dessus. Sa construction s’est néanmoins faite aux dépens de bases, tout particulièrement celles d’outre-mer, et du train d’escadre [13].

Cette réussite est traditionnellement portée au crédit de Georges Leygues, érigé en « Colbert de la Troisième République ». Titulaire du portefeuille de la Marine pendant plus de sept ans, certes de manière discontinue, il assure une stabilité que l’institution n’avait plus connue depuis le Second Empire et qu’elle ne connaîtra jamais plus par la suite. On lui associe fréquemment l’un de ses anciens collaborateurs, l’amiral Darlan, qui est nommé chef d’état-major général en 1937 [14]. Cette vision dyarchique du ministère de la Marine ne correspond toutefois pas au fonctionnement du régime parlementaire de la Troisième République. La flotte de 1939 doit beaucoup à de nombreux acteurs, civils comme militaires, en premier lieu au Parlement qui, après quelques réticences initiales, vote avec une belle régularité les tranches budgétaires qui lui sont réclamées.

Afin de redorer un blason écorné après la Première Guerre mondiale, le ministère de la Marine lance une habile politique de communication. Dans ses ouvrages, Paul Chack magnifie l’action de la flotte au cours du conflit et suscite de nombreuses vocations de marins qui assurent un recrutement de qualité [15]. Le musée national de la Marine quant à lui donne à voir une marine au combat par l’exposition de pièces commémorant les pertes navales ou célébrant les trophées pris à l’ennemi au cours de la Première guerre mondiale [16]. L’essor du service cinématographique et photographique permet également à l’institution de se présenter sous un nouveau jour, entre modernité technicienne et rêve d’évasion [17]. En parallèle, la marine de plaisance connaît un apogée qui n’est pas sans répercussion dans la perception que l’opinion publique a de celle de guerre. Virginie Hériot, médaille d’or de voile aux Jeux olympiques de 1928, est proclamée « ambassadrice de la Marine française » par Georges Leygues. Enfin, le ministère soutient les expéditions polaires de Jean-Baptiste Charcot à bord du voilier Pourquoi Pas ? qui passionnent le pays.

L’entre-deux-guerres est aussi un tournant institutionnel majeur pour la politique maritime et navale de la France. Pour la première fois de son histoire, l’institution renonce officiellement au « paradigme colbertien » qui l’avait vu naître [18]. Le grand décret de 1927 qui refonde le ministère sis rue Royale prend acte de la perte progressive de ses prérogatives sur l’administration des consulats, des colonies et de l’armée coloniale, de la marine marchande et de l’Inscription maritime. Il est désormais défini comme « un organisme exclusivement militaire, correspondant aux nécessités nationales qui résultent de la constitution d’un grand empire colonial, du développement croissant du facteur maritime dans l’économie générale des États, et du caractère océanique de la politique internationale [19] ». Le deuil est difficile et la Seconde Guerre mondiale voit une résurgence du paradigme colbertien sous la forme dévoyée d’un « fantasme obstiné de l’État marine [20] ». Depuis les rives de l’Allier, les marins de Vichy reprennent en main les Colonies et la marine marchande. Ce mouvement est emblématique du tiraillement de l’État français, entre d’une part, la perspective réactionnaire de la Révolution nationale d’un retour à l’âge d’or mythifié de l’Ancien régime et, de l’autre, la logique rationaliste, modernisatrice qui postule à une vision intégrée du fait maritime sous la férule des militaires.

« Il était 4 heures 30 du matin. On était le 27 février 1942. A quoi rêvaient-ils [21] ? »

Si la Troisième République se saborde le 10 juillet 1940, l’acte de décès de la flotte qu’elle a construite est plus tardif, puisqu’il date du 27 novembre 1942 [22]. Ce matin-là, dans la foulée de l’invasion de la zone non occupée quinze jours auparavant, les Allemands tentent de s’emparer des forces navales mouillées à Toulon. Alerté in extremis, le commandant de la force, l’amiral de Laborde, ordonne le sabordage. En quelques minutes, la plus grande base navale française se transforme en cimetière marin. Le bilan est impressionnant. Plus d’une centaine de bâtiments ont été volontairement détruits, soit près de 235 000 tonnes. À l’exception de cinq sous-marins qui, ignorant délibérément les ordres, ont réussi à prendre le large, 90% des navires au mouillage disparaissent sans combat. À lui seul, cet événement équivaut à plus de 60% des pertes subies par la Marine nationale pendant toute la Seconde Guerre mondiale [23].

Pour autant, ce sabordage n’est pas celui de l’ensemble de la flotte française. Les unités détruites à Toulon représentent environ 40% du tonnage en service à l’entrée en guerre. Le sabordage n’est pas non plus celui de la Marine, car l’expression n’a plus véritablement de sens depuis l’été 1940. Fin novembre 1942, le pavillon tricolore flotte sur des bâtiments relevant de trois autorités différentes. Les Forces navales françaises libres (FNFL) représentent à Londres la petite minorité des marins qui n’a jamais cessé le combat. De son côté, la marine de Vichy est un assemblage composite de flottes dispersées et isolées les unes et des autres. Le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord a donné naissance à un troisième ensemble. Composé des bâtiments ayant survécu à l’événement et renforcé, à la veille du sabordage, par la flotte d’AOF, il dépend des autorités d’Alger, qui viennent de rompre avec Vichy, sans pour autant rallier Londres. Ces marins seront bientôt désignés comme les « Barbaresques ».

Qualitativement, c’est l’essentiel des meilleures unités qui disparaissent à Toulon, mettant ainsi un terme à la puissance navale du pays telle que l’avait façonnée la Troisième République. Parmi les bâtiments détruits, on recense certaines des plus belles réussites des programmes navals de l’entre-deux-guerres. Pour autant, ces bâtiments ne représentent qu’une carte secondaire à l’automne 1942, tant les conditions de la guerre sur mer ont changé depuis 1939. Resté à l’écart du conflit, l’essentiel de la marine est passé à côté des innovations technologiques qui ont révolutionné les combats navals. De même, les équipages manquent d’expérience opérationnelle dans les domaines de lutte qui ont été renouvelés au cours des hostilités, en particulier les opérations aéronavales et amphibies ou la lutte anti-sous-marine et anti-aérienne. Même si un ralliement des navires mouillés à Toulon n’aurait pas remis en cause à l’automne 1942 les équilibres sur mer, cela ne peut faire oublier le formidable gâchis que représente leur destruction. Contrairement à ce qui prévalait le 21 juin 1919 quand l’essentiel de la Marine impériale allemande se saborde à Scapa Flow, la guerre est loin d’être terminée. D’autant qu’une sortie des bâtiments français de Toulon était possible dans les jours qui ont suivi l’invasion de la zone non occupée, car la menace aérienne allemande était limitée. Le traumatisme sera durable et l’ombre portée du sabordage va longtemps modeler l’image qu’une partie du pays se fera de la Marine.

Le 27 novembre 1942 relève de ce « passé qui ne passe pas », en tout cas difficilement. Pourtant, sur l’instant, à Londres, Washington ou Moscou, le soulagement est immense, tant la crainte de voir les bâtiments passer aux mains des Allemands était grande. L’honneur semble sauf, car à la différence de ce qui s’est produit dans l’armée de l’Air et l’armée de Terre, le matériel n’a pas été livré l’occupé, mais détruit. Les seules voix discordantes sont celles des éditorialistes de la presse collaborationniste parisienne qui hurlent à la trahison. Le tournant dans l’interprétation du sabordage se situe durant l’immédiat après-guerre : l’épuration est son catalyseur, car les « procès des amiraux » démontrent la possibilité technique pour la flotte d’appareiller, si ce n’est le 27 novembre, du moins dans les jours qui l’ont précédé. Dans les décennies qui suivent, le sabordage tend à devenir la métaphore de la faillite morale de Vichy. Dans des plages cinglantes, Edmonde Charles-Roux, ancienne résistante et récente lauréate du prix Goncourt, donne le ton : « La France dans sa bêtise, sa vertueuse et capitale bêtise, c’était Toulon dans la quiétude de ses amiraux endormis [24]. » Dans sa dimension paroxystique, le sabordage constitue l’une des lignes de faille où s’affrontent des mémoires concurrentes. Sacrifice ultime d’un côté, qui confirme la fidélité à la parole donnée en juin 1940 de ne jamais livrer la flotte, honte absolue d’une autodestruction stérile et humiliante de l’autre côté, qui résume spectaculairement l’impasse dans laquelle Vichy s’était enfermé avec sa Marine. Ce nœud gordien est tranché en novembre 1942 au prix d’un affaiblissement inédit de la puissance navale de la France.

« Qui dit Marine, dit suite, temps, volonté… » L’aphorisme de Thiers est connu. Entre 1919 et 1939, la Troisième République est parvenue à doter le pays de l’outil nécessaire à sa prétention d’être une véritable puissance navale. Loin d’être l’ambition d’un homme, la reconstruction de la marine a été une œuvre collective, où le Parlement joue un rôle central. Cet outil ne survit toutefois pas à la Seconde Guerre mondiale qui voit la majeure partie de l’institution navale se fourvoyer dans les allées de Vichy et dont le sabordage marque de manière spectaculaire l’acte de décès.

© Thomas Vaisset pour Historiens & Géographes - Tous droits réservés. 24/09/2022.

Notes

[1Maître de conférences en histoire contemporaine
Université Le Havre Normandie, UMR IDEES-CNRS 6266

[2Philippe Masson, « La belle marine de 1939 », dans André Corvisier (dir.), Histoire militaire de la France, vol. 3 : De 1871 à 1940 (dirigé par Guy Pedroncini), Paris, PUF, 1992, p. 443-470.

[3Raoul Girardet, Mythes et mythologies politiques, Paris, Seuil, 1986.

[4Jean-Baptiste Bruneau, « “Gloria victis”. L’écriture de l’histoire navale de la Seconde Guerre mondiale », Revue d’histoire maritime, n°10/11, 2010, p. 357-366. La manière dont la Marine nationale a écrit son histoire a fait l’objet de plusieurs travaux, notamment Martin Motte et Jean de Préneuf, « L’écriture de l’histoire navale à l’époque contemporaine : un modèle national », Revue historique des armées, n°257, 2009/4, p. 27-43 ; Jean de Préneuf, « Neptune et Clio : le Service historique de la Marine 1919-1974 », Revue historique des armées, n°216, 1999/3, p. 3-20 ; Jean de Préneuf et Thomas Vaisset, « Concevoir et organiser l’écriture de son histoire opérationnelle récente : la Marine nationale et les aspects navals de la Première Guerre mondiale », dans Hervé Drévillon et Dominique Guillemin (dir.), L’histoire des opérations militaires. Sources, objets, méthodes, Vincennes, SHD, 2018, p. 153-166.

[5Ce texte tire sa source des chapitre produits à l’occasion de la parution de Philippe Vial (dir.), L’Histoire d’une révolution. La Marine depuis 1870, Études Marines n°4, mars 2013 et notamment des chapitres suivants : Jean-Baptiste Bruneau et Thomas Vaisset, « Un redressement, des limites (Entre-deux-guerres) », p. 55-67.

[6Dans l’attente de la soutenance du mémoire inédit d’HDR de Frédéric Davansant, se référer à Philippe Masson, La Marine française et la mer Noire : 1918-1919, Paris, Éditions de la Sorbonne, 1995 (1982).

[7Thomas Vaisset, « Un impossible retour à la “normale” ? La sortie de guerre des arsenaux de la Marine nationale au lendemain du premier conflit mondial », dans Caroline Le Mao (dir.), Les arsenaux de Marine du XVIe siècle à nos jours, Paris, Sorbonne université presses, 2021, p. 399-414

[8Emily O. Goldman, Sunken Treaties : Naval Arms Control between the Wars, University Park, Pennsylvania State University Press, 1994. En français, voir Hannsjörg Kowark, « La Marine Française et la Conférence de Washington 1921-1922 », dans Hervé Coutau-Bégarie (dir.), Aspects du désarmement naval, Paris, Economica, 1994, p. 151-229 et Nicolas Vaicbourdt, « La conférence de Washington, 1921-1922 : l’idéal d’un nouveau congrès de Vienne pour le XXe siècle ? », Bulletin de l’Institut Pierre Renouvin, n°42, 2015/2, p. 115-128.

[9Thomas Vaisset, « Du charbon au mazout : la révolution de la chauffe dans la Marine nationale (1895-1935) », dans Alain Beltran (dir.), Le pétrole et la guerre, Brussels, Peter Lang, 2012, p. 71-89.

[10Frédéric Saffroy, Le Bouclier de Neptune. La politique de défense des bases françaises en Méditerranée (1912-1931), Rennes, PUR, 2015.

[11Voir par exemple Ronald Chalmers Hood, Royal Republicans. The French Naval Dynasties Between the World Wars, Baton Rouge, Louisiana State University Press, 1985 ; Philippe Garraud, « La politique française de réarmement de 1936 à 1940 : priorités et contraintes », Guerres mondiales et conflits contemporains, n°219, 2005/3, p. 87-102 ; Peter Jackson, « Naval Policy and National Strategy in France, 1933-1937 », Journal of Strategic Studies, vol. 23, 2000/4, p. 130-159.

[12Martin Motte, « L’après-Grande Guerre dans la Revue Maritime, 1920-1923 », dans Hervé Coutau-Bégarie (dir.), L’évolution de la pensée navale, vol. VI, Paris, Économica, 1997, p. 117-151.

[13Dans l’attente des thèses d’Arnaud Massat (Les bases navales françaises en Outre-Mer 1860-1977) et de Sunny Le Galloudec (Utopies coloniales en mer de Chine. La trajectoire économique, politique, maritime et portuaire de la concession française de Tourane (Đà Nẵng) : histoire d’une “mise en connexion du monde”, 1858-1975), voir Philippe Lasterle, « Les bases navales et points d’appui coloniaux (1919-1939) : une modernisation trop tardive », dans Les bases et les arsenaux français d’outre-mer du Second Empire à nos jours, Panazol, Lavauzelle, 2002, p. 115-124.

[14Véritable somme d’érudition sur la marine française de l’entre-deux-guerres, les interprétations de l’action de l’amiral Darlan pendant la Seconde Guerre mondiale présentées dans Hervé Coutau-Bégarie et Claude Huan, Darlan, Paris, Fayard, 1989 sont contestables et ont d’ailleurs été contestées par Robert Paxton, « Darlan, un amiral entre deux blocs. Réflexions sur une biographie récente », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, n°36, octobre-décembre 1992, p. 3-20 et par Bernard Costagliola, Darlan. La collaboration à tout prix, Paris, CNRS Éditions, 2015.

[15Jean-Baptiste Bruneau, Paul Chack. Itinéraire d’un malentendu, Paris, Les Indes savantes, 2020.

[16Jean-Baptiste Bruneau, Patrick Louvier et Thomas Vaisset, « Guerres contemporaines et empire colonial au Musée national de la Marine : un archipel évanoui ? », dans Frédéric Rousseau (dir.), Les présents des passés douloureux. Musées d’histoire et configurations mémorielles. Essais de muséohistoire, Paris, Michel Houdiard Éditeur, 2012, p. 161-196.

[17Stéphane Launey, Pellicules en uniformes. Le cinéma au service des forces armées françaises, septembre 1919 – juin 1940, thèse soutenue à l’université Paris 1-Panthéon Sorbonne sous la direction de Sylvie Lindeperg, 2017, p. 139-160.

[18Expression de Philippe Vial lors d’une séance du séminaire Marine & politique à l’époque contemporaine intitulée « Mourir à soi-même ? La Marine et la politique d’interarmisation au XXe siècle », mars 2011.

[19Rapport du ministre de la Marine au président de la République, 21 avril 1927 (JORF du 7 mai 1927, p. 4 897).

[20Etienne Schlumberger, L’honneur et les rebelles de la marine française 1940-1944, Paris, Maisonneuve & Larose, 2004, p. 209-211

[21Edmonde Charles-Roux, Elle Adrienne, Paris, Grasset, 1971, p. 313.

[22Le développement qui suit est inspiré de Thomas Vaisset Philippe Vial, « Toulon, 27 novembre 1942 : rien qu’une défaite ou plus qu’une défaite ? », dans Corine Defrance, Catherine Horel et François-Xavier Nerard (dir.), Vaincus ! Histoires de défaites en Europe, Paris, Nouveau monde éditions, 2016, p. 29-51.

[23Service historique de la Défense, archives de la Marine conservées à Vincennes, 3BB² SEC 114, note non numérotée et non signée « Historique du tonnage de la Marine militaire de 1939 à 1946 », s.d.

[24Edmonde Charles-Roux, op. cit., p. 309.