La réponse des enseignant(e)s au Maire de Béziers Communiqué de soutien

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L’Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie (APHG) et sa Régionale APHG Languedoc-Roussillon (APHG-LR) soutiennent et s’associent à la démarche des enseignants Biterrois mis en cause par le maire de Béziers dans la réponse publiée par Midi Libre dimanche 17 janvier 2016.

L’APHG est pour la liberté de l’Histoire, pour la liberté de l’enseignant d’Histoire et de Géographie, qui se fonde sur la formation scientifique validée par les concours de recrutement et sur la déontologie propre à chaque enseignant. La neutralité de l’école et des ses enseignants dans le cadre de la laïcité n’est pas un vain mot.

Voici le texte de la réponse.

"Monsieur le Maire,

Aux titres de citoyens et professeurs d’histoire du lycée Jean Moulin, nous vous avons adressé un courrier la semaine dernière. [1]

Cette lettre, dont le ton était parfaitement courtois, était simplement destinée à attirer votre attention sur le fait que nul ne peut s’approprier un héritage historique à des fins de récupération partisane.

Votre réponse à notre encontre est plus que virulente. [2]

Elle met en cause notre légitimité, nous assimile à des « porteurs de valises » et laisse entendre que « la vraie histoire » ne serait pas enseignée par ceux dont c’est précisément la charge et la mission au sein de l’École, et dont les qualifications sont octroyées et vérifiées par l’Université et les concours de recrutement.

Ce faisant, elle nous paraît en réalité constituer une attaque violente contre l’Institution éducative.

Sans nous réclamer de telle ou telle prétendue « vision de l’Histoire », nous y développions une argumentation précise qui se fondait sur vos propos publics.

Ils nous semblent souligner une instrumentalisation répétée et clivante de l’Histoire, allant jusqu’à créer la polémique autour de la figure consensuelle de Jean Moulin, homme de rassemblement entré dans la mémoire collective française car incarnant la Résistance.

Nous tenons néanmoins à vous tranquilliser et à vous rassurer sur l’enseignement de notre discipline : nous nous situons à mille lieues de l’information spectacle qui fait régulièrement la une d’une certaine presse par les polémiques qu’elle suscite.

Aussi, nous employons-nous à établir dans nos classes un climat serein autour d’activités pédagogiques sérieuses et rigoureuses visant, dans le cadre des programmes officiels et sous la totalité de leurs aspects, à mettre à la disposition de tous les questionnements issus de la recherche historique. Cette démarche est la seule qui soit susceptible de favoriser une meilleure compréhension de l’Histoire, de nourrir l’esprit critique des citoyens, le tout dans une sereine neutralité et le respect de chacun, conformes aux principes de la laïcité.

Recevez, Monsieur le Maire, nos meilleures salutations".

Pétition de soutien en ligne

Les professeurs d’histoire :

  • des lycées Jean-Moulin et Henri IV de Béziers, Marc Bloch de Sérignan,
  • des collèges Jean Perrin, La Dullague et Katia & Maurice Kraft de Béziers

Avec notamment le soutien de l’APHG et d’un collectif d’universitaires ayant travaillé ou coopéré à des travaux de recherche sur le Biterrois (voir ci-après le texte de soutien).

Statue évoquant Jean Moulin et la Résistance, cour d’honneur du Lycée Jean-Moulin de Béziers DR

Le texte de soutien d’un collectif d’universitaires ayant travaillé ou coopéré à des travaux de recherche sur le Biterrois

"29 professeurs et anciens professeurs d’histoire du lycée Jean Moulin de Béziers ont adressé à M. Ménard, maire de Béziers, une lettre ouverte, publiée par Midi Libre le 15 janvier dernier, lettre motivée par des raisons éthiques face à l’instrumentalisation répétée et clivante de l’Histoire, notamment autour de la figure de Jean Moulin natif de la ville dont Malraux disait qu’il était « le visage de la France ».

La mise en cause violente et diffamante des compétences des enseignants signataires, soucieux de l’usage de leur discipline, de la part du premier édile se poursuivent (Midi Libre des 15 et 17 janvier) et constituent même une attaque contre leur légitimité, le premier magistrat s’interrogeant sur la façon dont est enseignée l’histoire aux enfants.

Universitaires ayant travaillé ou coopéré à des travaux de recherche sur le Biterrois, nous tenons à apporter tout notre soutien aux positions défendues par nos collègues sur la conception de l’histoire et sur l’éthique qu’implique son enseignement et sa transmission."

  • Monique Bourin (Université Paris-Sorbonne)
  • Jean-Claude Carrière (Université Toulouse2-Jean Jaurès)
  • Janine Cels-Saint-Hilaire (Université de Tours)
  • Michel Christol (Université Paris-Sorbonne)
  • Monique Clavel (Université de Franche-Comté)
  • Rita Compatangelo-Soussignan (Université du Maine)
  • Francesca Diosono (Université de Munich)
  • Claire Feuvrier-Prévotat (Université de Reims Champagne-Ardenne)
  • Julien Hage (Université de Nanterre)
  • Jean-Charles Jauffret (IEP Aix en Provence)
  • Gino Labruna (Rettore onorario Université de Naples)
  • Laure Lévêque (Université Toulon)
  • Oriol Olesti Vila (Université autonome de Barcelone)
  • Rémy Pech (Président honoraire de l’Université Toulouse2-Jean Jaurès)
  • Josette Riandière-La Roche (Université de Paris-Sorbonne)
  • Jean Sagnes (Président honoraire de l’Université de Perpignan)

Rediffusez cet appel sur vos réseaux en n’oubliant pas de le signaler (dominique.crozat@univ-montp3.fr ou beatrixpau@yahoo.fr) : un peu esseulés face à la violence des attaques de Ménard, les professeurs de Béziers ont besoin de se sentir soutenus.

Le Mémorial Jean-Moulin © APHG-LR DR

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