Dan Jemmett n’abrège pas la pièce, y développe toutes les situations et tous les personnages, mais la traite en farce de boulevard située dans le café adjacent à une salle de spectacles que l’on devine, un rideau permet même de mettre en scène le passage des comédiens. Un juke box émet de temps en temps une musique de rock d’aujourd’hui. Ophélie (Jennifer Decker) ne meurt pas noyée, mais s’empoisonne dans les toilettes, Hamlet (Denis Podalydès) demande grâce en présentant un rouleau de papier de toilette sur un bâton ; les comédiens sont habillés flashy ; quand à Gertrude (Clotilde de Bayser) et Claudius (Hervé Pierre) ils s’embrassent goulûment ; Elliot Jénicot interprète de façon comique Guildenstern avec dans ses bras le chien Rozencrantz.
La pièce est montée avec un excellent rythme, les comédiens sont bons et on rit souvent, peu habitués à ce choix de comique. Toutefois, cette interprétation ne frappe pas par son sens et ne débouche sur rien d’essentiel. En revanche Denis Podalydès est un remarquable Hamlet, entre folie et mélancolie, très proche de sa mère, assez peu intéressé par une Ophélie sans beaucoup de consistance, mais plein de doute sur la mission meurtrière que lui a confiée le Sceptre de son père assassiné (excellent Éric Ruf). Et la scène finale dans laquelle tout le monde meurt par le poison et l’épée est très bien montée avec les tenues d’escrime des duellistes et le manteau fourré de Fortinbras (toujours Éric Ruf) qui emporte la mise.
Les décors et les costumes de la Comédie française sont comme toujours d’excellente facture.
Jacques PORTES, Professeur émérite à l’Université de Paris VIII Vincennes-Saint-Denis
Théâtre de la Comédie française : 7 octobre 2013 – 13 janvier 2014.
Réservations : www.comedie-française.fr et 08 25 10 16 80
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