Le complexe de Frankenstein Compte rendu de lecture / Cinéma

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Par Yohann Chanoir. [1]

Le Complexe de Frankenstein,
  • Réalisé par : Alexandre PONCET, Gilles PENSO
  • Année : 2015
  • Production : FREETICS ARTS
  • Durée du documentaire : 102 min.
  • Durée des suppléments : 102 min.
  • Prix : 20, 06 euros

Le coffret se compose de deux DVD.

Histoire des monstres à l’écran

La première galette se compose d’un documentaire qui retrace l’histoire de la création des monstres dans le septième art, faisant la part belle aux interviews.

Le montre est une créature universelle, sans frontière politique, ni barrière culturelle. Les premiers monstres sont des marionnettes d’échelle humaine, comme celle apparaissant dans À la Conquête du pôle (Georges Méliès, 1912). Après ces objets, les cinéastes, obéissant au complexe de Frankenstein, vont remodeler le corps humain pour forger leurs créatures. Tête, jambes, bras sont ainsi étendus, élargis, transformés. Un bel exemple est fourni par le Predator dans le film éponyme (John Mc Tiernan, 1987). D’autres, comme l’acteur Lon Chaney, ont recours au maquillage et aux torsions faciales pour composer des personnages tout aussi effrayants. Cette histoire des monstres au cinéma est bel et bien celle d’une lente accumulation de trucs, de savoirs empiriques et de savoir-faire.

Ce corps humain, plié aux besoins des films, est aussi utilisé pour se glisser dans des costumes de monstre. C’est le cas dans Godzilla (Ishiro Honda, 1954). Métaphore de l’apocalypse nucléaire, le saurien radioactif, animé par un homme, détruit des maquettes d’échelle réduite. Le stop motion permet aussi d’animer des créatures. Willis O’Brien, avec Le monde perdu (1925) puis King Kong (1933) invente la technique de l’animation en volume. La réussite est spectaculaire. Le gorille est à 90% une animation ! Harry Rayhausen deviendra un des maîtres et suscitera la frayeur chez les petits et les plus grands avec les squelettes sortant de leurs tombes dans Jason et les Argonautes (1963). Le stop motion permet aussi de s’affranchir de l’acteur, car il autorise la création de personnages que les êtres humains ne peuvent pas jouer. Le robot ED 205, dans Robocop (Paul Verhoeven, 1987) en est une illustration.

LE COMPLEXE DE FRANKENSTEIN © 2015 FRENETIC ARTS. Tous droits réservés.

Quand les monstres deviennent sexy

Une rupture intervient en 1982 avec The Thing (John Carpenter). Pour la première fois, le monstre n’est pas unique. Car la créature se métamorphose, grandit, évolue pour atteindre, dans une véritable épiphanie de l’horreur, son stade ultime. L’électronique joue alors un rôle crucial. Les monstres deviennent sexy, s’habillent en latex, possèdent des batteries de plus en plus performantes, des moteurs de plus en plus réduits. Les films de monstres sont alors des condensés de toutes les techniques possibles et l’ordinateur s’invite dans les studios.

Le T-1000 dans Terminator 2 (James Cameron, 1991) offre ainsi une synthèse : quand le robot se régénère, ce sont des images numériques, quand il est endommagé, c’est une marionnette… Le virage numérique bouscule la profession. Les producteurs, obsédés par le coût, cherchent à tout tourner en images de synthèse. Or, cette évolution numérique a caché et gâché la révolution animatronique. Les grands créateurs comme Stan Winston (on lui doit le Predator et la reine d’Aliens, le retour, notamment) ou Rick Baker (Starwars…) voient peu à peu leur rôle se réduire au profit des ordinateurs. D’où une perte de sens et de l’émerveillement chez le public. L’histoire des monstres au cinéma est aussi celle du cinéma tout entier et de son évolution contemporaine avec des films souvent lisses et lissés.

Le second DVD est constitué de suppléments qui nous propulsent dans l’antre de ces grands créateurs (Rick Baker, Tom Woodstuff…). Ils nous offrent aussi des leçons de cinéma par de grands réalisateurs (John Landis, Joe Dante, Christopher Gans, Guillermo del Toro…). Bref, Carlotta nous gâte, une fois de plus, avec un coffret de qualité.

LE COMPLEXE DE FRANKENSTEIN © 2015 FRENETIC ARTS. Tous droits réservés.

Plus de renseignements, photographies… sur le site de l’éditeur :
http://carlottavod.com/dvd.html

© Yohann Chanoir pour Historiens & Géographes - Tous droits réservés. 15/10/2017.

Notes

[1Agrégé d’Histoire, Professeur d’Histoire-Géographie en section européenne allemand au Lycée Jean-Jaurès de Reims, Secrétaire de la Rédaction de la revue Historiens & Géographes.