Belles empoisonnées
L’histoire retient quelques empoisonnées comme Cléopâtre VII (69-30 av. J.-C.) reine d’Égypte, se suicidant mordue par un aspic, ou assassinée par un poison contenu dans une épingle à cheveux creuse. En Chine, le suicide par l’opium était répandu chez les veuves.
Femmes, célèbres empoisonneuses
Les récits ont ancré, dans l’histoire et dans l’imaginaire, une représentation féminine du poison, associant séduction et perfidie : l’empoisonneuse. Déjà, quelques récits de la mythologie grecque introduisent des personnages féminins ambigus qui à l’image du poison, peuvent à la fois tuer, droguer, ensorceler et guérir.
Figures antiques du poison
Médée convainc par tromperie son époux le roi Égée d’empoisonner le jeune Thésée, héritier du royaume d’Athènes, lors d’un banquet. La machination est déjouée et la coupe contenant le poison est finalement renversée.
Figure matriarcale et dangereuse, Agrippine permet à son fils Néron (37-68 av. J.-C.) d’accéder au pouvoir grâce aux intrigues et empoisonnements qu’elle commandite. Durant tout son règne, Néron fera appel lui-même à l’empoisonneuse Locuste pour exécuter ses basses œuvres, testant leurs poisons sur les esclaves.
L’argument des “sans-armes”
À l’époque féodale, le poison appartient aux “sans-armes” et est assimilé à la sorcellerie. Sous la période de crimes politiques de la dynastie mérovingienne, sévit la cruelle reine Frédégonde (vers 545-597). À la Renaissance, parmi les grandes figures, Catherine de Médicis jouit d’une réputation sulfureuse largement entretenue par la littérature. Princesse florentine devenue reine de France en 1547, elle aurait, selon une légende tenace, introduit les sombres secrets du poison en France, n’hésitant pas à se débarrasser ainsi de rivaux.
Triomphe du fait divers
Aux 19ème et 20ème siècles, l’apparition des polices d’assurance-vie entraîne l’émergence d’une nouvelle génération d’empoisonneurs avides d’héritage. C’est ainsi que naît le mythe de la “veuve noire”, femme amoureuse ou cupide utilisant le poison. Ainsi, Marie Besnard est accusée d’avoir empoisonné onze membres de sa famille pour hériter.
L’affaire captive la France durant trois procès de 1952 à 1961. L’exhumation des corps révélera la présence d’arsenic et les méthodes d’analyse scientifique seront au cœur des débats : “l’empoisonneuse de Loudun” sera finalement acquittée en 1961.
Après plusieurs tentatives, Violette Nozière empoisonne ses parents à l’aide de somnifères en camouflant son acte en accident. Seule sa mère survit. Pour avoir voulu mener une vie émancipée avec son amant, cette jeune parricide divise l’opinion : monstre dévergondé pour certains ou “jeunesse victime” pour d’autres, elle est condamnée à mort en 1934, libérée en 1945, puis réhabilitée en 1963.
© Les services de la Rédaction d’Historiens & Géographes, 07/09/2017. Tous droits réservés.