Message adressé à l’APHG, à l’occasion de la journée « Histoire, géographie et formation citoyenne ».
Message lu par les responsables de l’Association des professeurs d’histoire et de géographie lors de la journée « Histoire, géographie et formation citoyenne » organisée le 28 mars au Lycée Saint-Louis.
Chers collègues,
Retenu par une journée d’hommage à Marcel Conche organisée par l’APPEP, [1] je ne peux malheureusement participer à votre journée sur le thème « Histoire, géographie et formation citoyenne ». Je vous prie de m’en excuser et vous adresse ci-dessous une synthèse du propos que j’aurais tenu si j’avais pu me libérer pour participer à vos travaux.
Les professeurs de philosophie sont, dans l’exercice de leur métier, des praticiens de la laïcité. La distinction entre croire et savoir, l’un des « repères » du programme des classes terminales, est au fondement du travail de réflexion critique qu’ils mènent avec les élèves. En apprenant à distinguer l’opinion et la vérité et en réfléchissant aux conditions d’établissement du savoir, les élèves apprennent à remettre en cause leurs certitudes et à porter un jugement sur les valeurs auxquelles ils adhèrent, en cessant de les croire absolues. Ils se préparent à être des citoyens et à débattre démocratiquement.
Remonter au principe de l’autorité de la raison, qui ne se réclame que d’elle-même, et dont chacun peut, dans son for, faire l’expérience, permet au professeur de philosophie d’enseigner aux élèves ce qu’est la laïcité, en leur montrant qu’elle n’est pas une valeur qui entrerait en concurrence avec leurs choix personnels, mais au contraire ce qui les rend possibles et compatibles avec ceux des autres.
Ce travail de réflexion critique mené en cours de philosophie conduit ainsi à reconnaître les valeurs de la République : l’égalité, la liberté, la justice, la dignité de la personne humaine, le respect du bien commun, la solidarité. Pour que ces valeurs ne soient pas réduites à des mantras ou des slogans, et parce que les sermons ne servent à rien, il faut apprendre à les reconnaître comme des exigences et non comme des faits. Il importe donc que les élèves apprennent la complexité des combats qui ont été menés tout au long de l’histoire au nom de ces idéaux.
L’Appep est ainsi convaincue du caractère indispensable d’une approche proprement historique de la laïcité. Les professeurs d’histoire-géographie et de philosophie ont, en parfaite complémentarité et hors de toute concurrence stérile, également vocation, à assurer la « pédagogie de la laïcité » à laquelle le ministère les invite aujourd’hui. Pour que la laïcité ne soit pas confondue avec une religion civile, elle ne peut être séparée de la connaissance et de la discussion critique.
C’est pourquoi le nouvel enseignement moral et civique qui sera introduit à la rentrée prochaine doit être compris comme le prolongement des enseignements disciplinaires. Loin de l’école des compétences, qui a pour seule ambition de former des agents économiques dociles, l’école de la République doit concrétiser l’idéal émancipateur du savoir.
Nicolas Franck
Président de l’Appep - Tous droits réservés. 29/03/2015.
Avec l’aimable autorisation de l’auteur et de l’Appep, que la Rédaction remercie chaleureusement.
Voir l’article en ligne sur le site de l’Appep
Voir en ligne : Association des professeurs de philosophie de l’enseignement public
Les services de la Rédaction - Tous droits réservés. 29/04/2015.