Matisse, Miro, Calder… Futurs à Marseille à La Vieille Charité

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Jusqu’au 27/09/2015...

Par Marie-Antoinette Pastor [1]

« Au début du XXème siècle, le développement de la science et ses applications : architecture, robotique, espace, nourrissent l’imaginaire des artistes et font émerger une nouvelle esthétique, tour à tour, poétique, futuriste ou utopique ».

L’exposition se déroule en 3 parties et fait référence au cinéma : Métropolis – La Guerre des Mondes – L’Odyssée de l’espace. C’est une parenthèse sur le futur. Les artistes interrogent le temps à travers plusieurs médiums : peinture… font référence au passé, à la culture, à la connaissance, rompent avec la tradition et sont influencés par les cubistes.

Frampolini, met en scène le son, la lumière, le mouvement, ce qui est important c’est le dynamisme des villes. Saint Elia, dessin de 1914, influencé par les architectes des grandes villes américaines projette une ville avec l’aspect horizontal : tapis roulant, train, métro… tout est pris en compte, il fait référence au type d’architecture qu’on retrouve dans le 5ème élément. Sauvage, architecte en 1928, va introduire l’art déco. Il est le premier à utiliser le béton armé, il propose des constructions en gradins, met en place un système de préfabriqués. D’autres vont être dans l’utopie : comme Malevitch, et vont être amenés à voir le monde autrement. On est dans l’abstraction, l’art va être mis au service du peuple. Malevitch va imiter la nature, s’intéresser à une forme : le carré qui représente pour lui le « suprême ». Ce carré se transforme en losange, en rectangle, quelque chose de concret et spatial. Il va faire toute une série de maquettes en plâtre, des villes flottantes au service de l’idéologie marxiste.

Fernand Léger va aller plus loin que le cubisme, fasciné par les échafaudages qui indiquent la modernité, un univers de la ville en mouvement : « L’échafaudage » 1919. Paul Citroën, en 1923, un des premiers à réaliser les photos montages, va influencer Fritz Lang, donne l’impression d’une ville étouffante avec un réseau chaotique mais qui permet de se déplacer. La ville est représentée par des tonalités froides, acidulées, où la présence humaine est absente. En 1970, Georgia O’keeffe dans « City night » veut reproduire, non pas la nature, mais ce qu’elle ressent. Sylvie Pic en 1991, « Tore II » travaille d’après les formes géométriques avec un travail graphique des plus intéressants. Moholy-Nagy influencé par la photographie : lumière, transparence, mouvement, bruit, dans sa « machine », utilise du bois, du métal, du verre et un moteur.

Des artistes vont mettre au service de l’art des univers incroyables. Ces projets utopiques contemporains du Pop Art, intègrent dans l’architecture, le flux d’images diffusé par la publicité, le cinéma et la télévision.

Philippe Cognée, en 2012, va sélectionner des images, les photographier ou les récupérer sur internet, il projette l’image sur le support, peint sur l’encaustique, pose un voile, repasse et arrache le voile. Il veut rendre l’idée de reconstruction de la ville.
Konrad Klapheck, en 1935, considéré comme le dernier des surréalistes, nous inquiète avec ses objets démesurés, il rend un univers de machines silencieuses comme des portraits « à la fin, les tableaux doivent être plus avisés que leur créateur et dépasser ses intentions ».
L’idée des mondes différents apparaît déjà chez les penseurs grecs, Samothrace imagine des habitants de la Lune…

Frampolini, en 1930, raconte l’histoire d’un astronaute qui irait dans l’espace. L’artiste futuriste italien s’inspire des premiers scaphandres autonomes pour la plongée sous-marine et des costumes des astronautes. Paul Van Hoeydonck « Fallen astronaut » en 1972, prend contact avec la NASA, l’équipage d’Apollo 15 va accepter de déposer sur la Lune sa sculpture en aluminium, en hommage aux astronautes morts en mission. Dans « L’Odyssée de l’espace », on revient aux grandes découvertes, la recherche-découverte a inspiré les artistes pour visionner l’espace.

Miro, en 1967, « L’or de l’Azur » au graphisme très identifiable, nous plonge dans l’univers imaginaire entre abstraction et figuration.
Matisse, du fait de sa maladie, en 1947, développe un procédé qui consiste à découper dans la couleur des papiers gouachés, son image d’Icare, personnage mythique, est l’affiche de l’exposition. Yves Klein, en 1961 « Relief planétaire » obsédé par l’espace, le ciel, va s’approprier le bleu, il s’est inspiré d’imagerie spatiale et l’a reproduite en relief.
L’exposition se termine avec Calder, artiste américain, ingénieur à l’origine, qui vient en France et va réaliser un cirque tout en mécanique, puis fera de la sculpture mobile, très aérienne qui lui demande de savants calculs au niveau du poids, du mouvement.

Cette exposition qui explore la mémoire du futur est des plus intéressante. A découvrir à la Vieille Charité.

Voir en ligne : La Vieille Charité
Adresse : 2 Rue de la Charité, 13002 Marseille
Téléphone : 04 91 14 58 80

Les services de la Rédaction d’Historiens & Géographes - Tous droits réservés APHG Marseille 9 juin 2015.

Notes

[1Membre de la Rédaction d’Historiens et Géographes, Secrétaire de la Régionale d’Aix-Marseille de l’APHG