Messages et réactions de l’AHMUF à la suite des attentats de janvier 2015 L’Association des historiens modernistes des universités françaises

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A la demande de Natacha Coquery (Université de Lyon II, Institut universitaire de France), que nous remercions, le site de l’Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie (APHG) relaie les communiqués et l’hommage de l’Association des historiens modernistes des universités françaises (AHMUF) à la suite des attentats de Paris, Vincennes et Montrouge.

Message à la suite de l’attentat commis le 7 janvier 2015 au siège du journal Charlie Hebdo

« Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur ».
La formule de Beaumarchais n’est pas seulement un admirable mot d’auteur. Elle affirme l’un des ferments de l’émancipation humaine contre toutes les tyrannies - et d’abord celle de la pensée -, contre les courtisans dociles et lâches – jusqu’à ceux qui tuent pour une idée unique, obsessionnelle et pervertie, de l’humanité et des convictions. Les historiens modernistes, qui savent ce que les idées de liberté, de démocratie, de république doivent au long, complexe, difficultueux et parfois contradictoire cheminement des Lumières, ne peuvent rester insensibles à la violente négation des valeurs qui fondent le contrat social. Les tristes événements meurtriers, qui endeuillent la nation et arrachent le cœur de générations entières, dont l’éducation citoyenne n’a pu ignorer l’imagination féconde des artistes et journalistes assassinés, nous renvoient à la fragilité de nos droits et de notre dignité. Ils en appellent à nos devoirs envers les victimes comme envers nos contemporains, qui ne peuvent en aucun cas, pas plus que nous ne le pouvons, se satisfaire d’une histoire désincarnée. Notre discipline aime comprendre et aider à le faire. Nous mesurons tous combien le faisceau des causes de ces drames, au-delà de la médiocrité humaine ou du désespoir des laissés pour compte, est à rechercher dans le creuset de l’histoire diplomatique, de l’histoire militaire, de l’histoire sociale, culturelle et religieuse. Mais nous savons aussi combien il est important de travailler à l’affirmation d’idéaux communs si nous voulons que les constitutions bâties dans la douleur et le sang par nos aînés gardent un sens. En manifestant notre compassion pour les familles des victimes, notre refus des extrémismes violents, de l’antisémitisme, des communautarismes, et notre amour de la liberté, nous serons dimanche enfants d’une France historique et citoyens de l’humanité.

Philippe Bourdin, professeur d’histoire moderne à l’université Clermont-Ferrand 2, président de la 22e section du CNU Le 10 janvier 2015.

S’associent pleinement à ce texte :

  • Martine Acerra, professeur à l’université de Nantes
  • Valérie André, maître de recherches du FNRS
  • Pierre-Yves Beaurepaire, professeur à l’université de Nice Sophia Antipolis
  • Anna Bellavitis, professeure d’histoire moderne à l’université de Rouen
  • Bartolomé Bennassar, professeur émérite à l’université Jean Jaurés Toulouse 2
  • Chrystel Bernat, maître de conférences à l’Institut protestant de théologie - Faculté de Montpellier
  • Gilles Bertrand, professeur à l’université Pierre Mendès France
  • Michel Biard, professeur à l’université de Rouen
  • Dominique Biloghi, maître de conférences à l’université Montpellier III
  • Stéphane Blond, maître de conférences à l’Université d’Évry-Val d’Essonne
  • Ariane Boltanski, maître de conférences à l’université Rennes 2
  • Anne Bonzon, maître de conférences à l’université Paris 8 - Vincennes - Saint-Denis
  • Céline Borello, maître de conférences à l’université de Haute-Alsace
  • Jean Boutier, EHESS, Marseille
  • Serge Brunet, professeur à l’Université Paul-Valéry de Montpellier
  • Françoise Brunel, maître de conférences à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne
  • Gilbert Buti, professeur à Aix-Marseille Université
  • Youri Carbonnier, maître de conférences à l’université de l’Artois
  • Olivia Carpi, maître de conférences à l’Université de Picardie
  • Michel Cassan, professeur à l’universite de Poitiers
  • Simona Cerutti, directrice d’études à l’EHESS
  • Gérald Chaix, professeur des universités et ancien recteur
  • Emmanuelle Chapron, maître de conférences à Aix-Marseille Université
  • Marie Chaufour, doctorante à l’université de Bourgogne
  • Jean-François Chauvard, maître de conférences à l’Université de Strasbourg
  • Anne-Marie Cocula, professeur à l’université Michel de Montaigne-Bordeaux 3
  • Albane Cogné, maitre de conférences à l’université F. Rabelais
  • Michel Combet, maître de conférences à l’université de Bordeaux 3
  • Natacha Coquery, professeure à l’université Lumière Lyon 2
  • Fanny Cosandey, maître de conférences à l’EHESS
  • Laurent Coste, professeur à l’université Bordeaux Montaigne
  • Luc Daireaux, docteur en histoire, professeur au lycée Senghor (Evreux)
  • Françoise Dartois, maître de conférences à l’université de Paris-Sorbonne
  • Hugues Daussy, professeur à l’université de France-Comté
  • Luiz Felipe de Alencastro, professeur émérite à l’université de Paris Sorbonne
  • Mathieu da Vinha, directeur scientifique du Centre de recherche du château de Versailles
  • Hélène Deronne, maître de conférence honoraire
  • Robert Descimon, directeur d’études à l’EHESS
  • Serge Dontenwill, maître de conférences honoraire à l’université Lumière Lyon 2
  • Marie-Elizabeth Ducreux, directrice de recherche au CNRS
  • Nicole Dyonet, maitre de conférences à l’université d’Orléans
  • Tatiana Debbagi Baranova, maître de conférences à l’université de Paris Sorbonne
  • Hélène Duccini, maître de conférences à l’université de Paris-X-Nanterre
  • Christophe Duhamelle, directeur d’études EHESS
  • Pascal Dupuy, maître de conférences à l’université de Rouen
  • Hervé Drévillon, professeur à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne
  • Marguerite Figeac, professeur des universités à l’université de Bordeaux-ESPE d’Aquitaine
  • Michel Figeac, professeur à l’université Bordeaux-Montaigne
  • Jérémie Foa, maître de conférences à Aix-Marseille Université
  • Marie-Hélène Froeschlé-Chopard, directeur de recherches CNRS
  • Bernard Gainot, maître de conférences émérite à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
  • Claire Gantet, professeur à l’universite de Fribourg
  • Véronique Garrigues, docteur en histoire moderne, FRAMESPA (Toulouse)
  • Benoît Garnot, professeur à l’université de Bourgogne
  • Jacques Gélis, professeur émerite à l’université Paris 8
  • Dominique Godineau, professeur à l’université de Rennes
  • Stéphane Gomis, professeur à l’université Clermont-Ferrand 2
  • Sylvie Granger, maîtresse de conférences à l’université du Maine
  • Martial Guédron, professeur à l’université de Strasbourg
  • Stéphane Haffemayer, maître de conférences à l’Université de Caen
  • Bernard Heyberger, directeur d’études à l’EHESS, directeur d’études à l’EPHE
  • Marie Houllemare, maître de conférences à l’Université de Picardie Jules Verne
  • Jochen Hoock, professeur à l’université de Paris-VII-Denis Diderot
  • Bernard Hours, professeur à l’université de Lyon/Saint-Etienne (Jean Moulin - Lyon 3)
  • Thierry Issartel, professeur de chaire supérieure (Pau)
  • Arlette Jouanna, professeur émérite à l’université Paul Valéry - Montpellier
  • Christian Jouhaud, directeur de recherche CNRS
  • Ulrike Krampl, maîtresse de conférences à l’université de Tours
  • Isabelle Laboulais, professeur à l’université de Strasbourg
  • Karine Lambert, Maîtresse de conférences à l’ESPE- Université Nice Sophia Antipolis
  • Stéphane Lamotte, docteur en histoire, professeur au lycée Albert Ier
  • Martine Lapied, professeur émérite à Aix-Marseille Université
  • Jean-Luc Le Cam, maître de conférences à l’université de Brest
  • Jean-Marie Le Gall, professeur à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne
  • Marie-Laure Legay, professeur à l’université de Lille 3
  • Nicole Lemaitre, professeur émérite à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne
  • Caroline Le Mao, maître de conférences à l’université Bordeaux Montaigne
  • Julien Léonard, maître de conférences à l’université de Lorraine
  • Sylviane Llinares, professeur à l’université de Bretagne-Sud
  • Dominique Le Page, professeur à l’université de Bourgogne
  • Hervé Leuwers, professeur à l’université Lille 3
  • Aliocha Maldavsky, maître de conférences à l’université Paris Ouest Nanterre La Défense
  • Brigitte Marin, professeur à l’Université d’Aix-Marseille
  • Silvia Marzagalli, professeur à l’université de Nice Sophia Antipolis
  • Anne de Mathan, université de Bretagne Occidentale
  • Simone et Claude Mazauric, professeurs des universités
  • Christine Métayer, Université de Sherbrooke, Québec
  • Frédéric Meyer, professeur à l’université de Lorraine
  • Claude Michaud, professeur émérite à l’université de Paris1-Panthéon-Sorbonne
  • Bernard Michon, maître de conférences à l’université de Nantes
  • Vincent Milliot, professeur à l’université de Caen
  • Philippe Minard, professeur à l’Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis
  • Stéphane Minvielle, maître de conférences à l’Université de la Nouvelle-Calédonie
  • Julian Montemayor,professeur à l’université de Toulouse
  • Anne Montenach, maître de conférences à Aix-Marseille Université
  • Françoise Moreil, maître de conférences à l’université d’Avignon
  • Zacarias Moutoukias, professeur à l’université Paris-Diderot
  • Sylvie Mouysset, professeur à l’université de Toulouse Jean-Jaurès
  • Jean Nicolas, professeur émérite à l’université Paris-Diderot
  • Andreas Nijenhuis, université de Savoie
  • Boris Noguès, maître de conférences à l’ENS de Lyon
  • Daniel Nordman, directeur de recherche au CNRS
  • Elie Pélaquier, directeur de recherche émérite à l’université Paul Valéry Montpellier III
  • Marie-Louise Pelus-Kaplan, professeure à l’université Paris 7
  • Christine Peyrard, professeur à Aix-Marseille Université
  • Dominique Picco, maître de conférences à l’université Bordeaux-Montaigne
  • Valérie Piétri, maître de conférences à l’université de Nice Sophia Antipolis
  • David Plouviez, maître de conférences à l’université de Nantes
  • Géraud Poumarède, professeur à l’université Bordeaux-Montaigne
  • Pierrick Pourchasse, maître de conférences à l’université de Brest
  • Laurine Quetin, université François Rabelais
  • Pierre Ragon, professeur à l’université Paris Ouest Nanterre
  • Christophe Regina, Prag à l’ESPE de Toulouse
  • François Regourd, maître de conférences à l’université Paris Ouest Nanterre
  • Christian Renoux, maître de conférence à l’université d’Orléans
  • Gaël Rideau, maître de conférences à l’université d’Orléans
  • Daniel Roche, professeur au Collège de France
  • Eric Roulet, maître de conférences à l’université du Littoral
  • Diane Roussel, maître de conférences à l’Université de Reims Champagne-Ardenne
  • François-Joseph Ruggiu, professeur à l’université Paris-Sorbonne
  • Kevin Saule, docteur en histoire moderne, professeur d’histoire-géographie au lycée Berthelot de Pantin.
  • Guy Saupin, professeur à l’université de Nantes
  • Silvia Sebastiani, maître de conférences à l’EHESS
  • Pierre Serna, professeur à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne
  • Sylvie Steinberg, directrice d’études à l’EHESS
  • Nathalie Szczech, maître de conférences à l’université de la Polynésie française
  • Mélanie Traversier, maître de conférences à l’université Lille 3
  • Cyril Triolaire, maître de conférences à l’université Blaise Pascal
  • Denise Turrel, professeur à l’université de Poitiers
  • Anne Zink, professeur à l’université Clermont-Ferrand-II.

Message du bureau de l’AHMUF : massacres Charlie Hebdo / Vincennes

Chères Collègues, Chers Collègues,

Plusieurs de nos collègues ont exprimé leur tristesse et leur colère après les assassinats commis mercredi et vendredi.

Au nom de tous les historiens modernistes, le bureau de l’AHMUF s’associe à l’émotion suscitée par ces actes terroristes.
Ils viennent s’ajouter à d’autres et, cette fois, ils s’attaquent à des journalistes et à des dessinateurs qui ont choisi l’humour pour s’exprimer.
Par notre travail d’historiens, nous savons que nous ne sommes rien sans la liberté d’expression qui nous permet d’étudier, de réfléchir et d’écrire.

Les historiens modernistes expriment leur solidarité avec ces héros qui ont continué leur métier malgré les menaces et les intimidations.
Les assassins mettent en cause la liberté, la démocratie et l’ordre public, fondements de notre république.

Les modernistes appellent à une vigilance de tous les instants pour lutter contre cette déstabilisation qui met en danger notre société.
Ils expriment aussi leur compassion pour les victimes de l’attentat antisémite et pour les policiers tués.

Comme universitaires et enseignants, nous devons contribuer à lutter contre cet embrigadement de la jeunesse.

Pour le bureau de l’AHMUF
Nicolas Le Roux et Lucien Bély 10 janvier 2015.

Messages, hommages, réactions

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