Présentation de l’éditeur
Selon la tradition, Moïse est censé avoir écrit les cinq premiers livres de la Bible. Il s’y dépeint de façon très étrange : avec et contre Dieu, avec et contre son peuple, porteur des tables de la Loi qu’il brise, prophète incapable de parler, guide vers une Terre promise où il n’obtient pas le droit d’entrer, mort dont nul ne connaît le tombeau... La tradition, jusqu’à nos jours, semble tout aussi déroutante. L’humilité de l’« homme Moïse » n’y est que l’autre face de sa grandeur.
Puisant dans la tradition rabbinique et dans sa propre imagination autant que dans la Bible elle-même, Jean-Christophe Attias fait émerger des mots et des silences des textes la silhouette incertaine d’un Moïse bien différent de celui, d’un seul bloc, qui encombre nos mémoires. Un homme de l’exil et de la dispersion.
À travers une série de portraits possibles – y compris celui d’un Moïse féminin –, l’enquête de Jean-Christophe Attias est aussi une enquête sur le judaïsme dont le libérateur des Hébreux offre l’image la plus paradoxale : un judaïsme de l’esprit, de l’errance, de la diaspora et de l’inachèvement – voire de l’échec. Ou presque.
Recevoir et transmettre. Écouter, quand bien même le message serait confus. Questionner, avec insistance parfois, même quand il n’y a pas de réponse. Tel semble bien être le judaïsme de Moïse, « un judaïsme qui parle aux Juifs et pas seulement à eux, invitant à en finir avec l’orgueil de la tribu, la violence des armes et la tyrannie du lieu ».
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Les services de la Rédaction d’Historiens & Géographes, 05/06/2015. Tous droits réservés.