La commission en charge des Lycées professionnels de l’APHG a pris connaissance fin mai des propositions de réforme de la voie professionnelle présentée par le Ministre, suivant les préconisations du rapport Calvez-Marcon. Elle regrette une nouvelle fois de n’avoir pas été consultée, car nous sommes toujours force de propositions dans l’intérêt des élèves et de la discipline. Elle tient à faire part de sa grande stupeur à la lecture des propositions de volume horaire attribué à l’enseignement du Français, d’Histoire-Géographie et de l’EMC. En effet, à de nombreuses reprises, l’Institution a rappelé l’importance des savoirs fondamentaux. On ne peut que s’étonner de la perte sèche horaire proposée en Baccalauréat professionnel entre les 105 h annuelles en seconde (4 h hebdomadaires sur 26 semaines), 84 h en 1ère et 78 h seulement (3 h / semaine) en Terminale, non compensées par les heures en co-interventions), contre actuellement un bloc disciplinaire de 4,5 h / semaine. La reforme présentée aurait pour objectif d’élever le niveau pour atteindre l’excellence de la voie professionnelle et ainsi favoriser l’accès aux études supérieures. Or, clairement, il s’avère que la réduction drastique des horaires va l’encontre de cet objectif, notamment au vu des exigences du supérieur (BTS, Concours,…) pour la culture générale.
Un bref rappel historique s’impose. Il y a 10 ans un élève de LP avait 2 ans de cours en BEP et 2 ans en Bac Pro, avec un volume horaire hebdomadaire nettement supérieur. La réforme Chatel de 2009 a déjà eu pour conséquence de supprimer une année complète d’enseignement (1/4 de sa formation). En 2018, la place de l’Histoire-Géographie, qui participe pleinement à la formation citoyenne des élèves de LP au moment où ils en ont le plus besoin, apparaît en grand danger. La suppression du diplôme intermédiaire (BEP ou CAP) remplacé par des épreuves anticipées du baccalauréat entraîne de facto une disparition de l’HG en Terminale.
La situation est encore plus pédagogiquement incohérente en CAP, où nous sommes fréquemment confrontés à des élèves allophones. Pour ces élèves très souvent en grande difficulté dans les savoirs fondamentaux (Français, HG,…), cette réforme nous propose seulement 1 h 30 par semaine (39 h annuelles). Comment peut-on espérer aider ces élèves et remédier à leurs difficultés avec un horaire qui se réduit jusqu’à sa quasi disparition ?
Les professeurs de Lettres-Histoire-Géographie méritent de ne pas être considérés comme une variable d’ajustement pour des économies de postes. Par ailleurs, l’introduction de la mixité de publics avec des UFA (Unités de Formation en Apprentissage) et du GRETA au sein des classes est pédagogiquement intenable.
L’APHG s’alarme de ces annonces qui vont à l’encontre de l’intérêt des élèves. Cette réforme ne propose qu’une vision technique et utilitariste de la culture générale, et qui aura pour conséquence de stigmatiser davantage les élèves de LP qui représentent plus du tiers des lycéens.
L’APHG s’indigne une fois encore du mépris dans lequel les LP sont tenus.
Nous demandons dans les plus brefs délais à être reçus par le Ministre afin d’établir une véritable concertation, mais également à participer aux discussions dans le cadre des futurs programmes.
Le Comité national de l’APHG, Paris - 10 juin 2018.
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