Pour les raisons suivantes, les associations signataires sont opposées à ce décret :
• Au lieu de lutter effectivement contre l’absentéisme et le décrochage scolaire, ce décret les institutionnalise. En effet, le redoublement dans l’établissement dont les élèves sont issus en cas d’échec à l’examen devient un droit alors qu’il était jusque-là une possibilité soumise à certaines conditions, en particulier l’assiduité et le sérieux dont l’élève avait fait preuve durant l’année de préparation à l’examen.
• Au lieu de lutter contre le consumérisme scolaire, le décret l’encourage. Il autorise en effet les redoublants à ne suivre que les cours des disciplines dans lesquelles leurs notes n’auront pas été suffisantes.
• Au lieu de remédier à l’échec scolaire, le décret achève de discréditer le baccalauréat et les autres examens visés. Quel niveau réel ces diplômes viendront-ils en effet certifier si certaines matières ont été validées plusieurs années avant la réussite à l’examen ? On trompe les élèves en leur faisant croire qu’ils pourront faire des études supérieures sur des bases aussi fragiles.
• En réintroduisant subrepticement la possibilité pour les candidats scolarisés d’obtenir le baccalauréat professionnel en plus de trois ans, ce décret, sans le dire explicitement, prend acte de l’échec de la réforme de 2009 qui avait supprimé une année de préparation à cet examen. Mais au lieu d’y remédier par des solutions efficaces, il ne propose qu’une mesure à moindre coût.
Les associations signataires considèrent par conséquent que les dispositions prévues par ce décret sont des mesures de facilité qui n’aideront pas les candidats ayant échoué aux examens à surmonter leurs difficultés et à acquérir un niveau solide. Si son intention est de lutter réellement contre l’échec et le décrochage scolaires, le ministère devrait songer à développer des dispositifs qui existent déjà et qui ont fait leurs preuves, comme le MOREA [1] qui permet aux élèves ayant échoué à l’examen et perdu toute motivation de reprendre goût au travail scolaire en le préparant par alternance.
Les associations signataires :
- AFPE (Association Française des Professeurs d’Espagnol)
- ANPBSE (Association Nationale des Professeurs de Biotechnologies Santé-Environnement)
- APEG (Association des Professeurs d’Economie-Gestion)
- APFLA-CPL (Association des Professeurs de Français et Langues Anciennes en Classes Préparatoires Littéraires)
- APHG (Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie)
- APLV (Association des Professeurs de Langues Vivantes)
- APPEP (Association des Professeurs de Philosophie de l’Enseignement Public
- APSMS (Association des Professeurs de Sciences Médico-Sociales)
- APV (Associations des Professeurs de Vente et disciplines associées)
- CNARELA (Coordination Nationale des Associations Régionales des Enseignants de Langues Anciennes)
- SLNL (Société des Langues Néo-Latines)
- UPBM (Union des Professeurs de Physiologie, Biochimie et Microbiologie)
- Contact Conférence des associations de professeurs spécialistes : http://www.appep.net/conference-des-presidents-dassociation-specialistes/
- Contact Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie (APHG) : http://www.aphg.fr/_Contact_
© Conférence des associations de professeurs spécialistes – Communiqué du 7 décembre 2015. [2]
Droit de réponse adressé à la Rédaction du Café pédagogique par la Conférence des associations des professeurs spécialistes
Le site du Café pédagogique a publié, mardi 8 décembre, le communiqué ci-dessus sous le titre suivant :
Le système
Des associations d’enseignants contre le droit au redoublement pour les élèves de terminale
" Au lieu de lutter effectivement contre l’absentéisme et le décrochage scolaire, ce décret les institutionnalise. En effet, le redoublement dans l’établissement dont les élèves sont issus en cas d’échec à l’examen devient un droit alors qu’il était jusque-là une possibilité soumise à certaines conditions, en particulier l’assiduité et le sérieux dont l’élève avait fait preuve durant l’année de préparation à l’examen", affirme un communiqué publié par plusieurs associations d’enseignnats (sic) comme l’APHG , l’Apeg, la Cnarela ou l’Appep.
Lien : http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2015/12/08122015Article635851547851284098.aspx
La conférence, par la voix de Marie Perret, a adressé le droit de réponse suivant, que l’APHG publie intégralement et soutient :
"Bonjour,
La manière dont vous présentez la position prise par la Conférence des associations des professeurs spécialistes sur le décret du 26-10-2015 est d’une grande malhonnêteté intellectuelle. Le titre que vous avez choisi ("Des associations d’enseignants contre le droit au redoublement pour les élèves de terminale") trompe en effet doublement le lecteur. Il le trompe à propos de l’objet du communiqué, d’abord, qui porte sur une nouvelle disposition relative aux examens nationaux (et non sur "le droit au redoublement des élèves de terminale"), disposition qui, aux yeux des associations signataires, dévalorise les examens et va donc à l’encontre de l’intérêt des candidats ; mais ce titre est aussi mensonger car il déforme la position défendue par la Conférence : les associations signataires ne s’opposent pas au droit au redoublement en général, mais à une disposition qui autorise les candidats ayant échoué à un examen à redoubler dans l’établissement dont ils sont issus, ce qui n’est pas la même chose.
On serait en droit d’attendre d’un site consacré à la pédagogie une lecture attentive et sans idée préconçue des communiqués qu’il publie, ainsi qu’un minimum d’exactitude dans les commentaires qu’il peut en faire.
Pour ne pas ajouter une malhonnêteté à une autre, j’espère que vous aurez l’obligeance de publier ce droit de réponse".
Marie Perret
Secrétaire de la Conférence des associations de professeurs spécialistes
Paris, le 8 décembre 2015.
Les services de la Rédaction - Tous droits réservés. 08/12/2015.