Nouvelle offre pédagogique du Mont-Valérien Ressources pédagogiques

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Par Marc Charbonnier [1]

Cher(e)s collègues,

Nous sommes heureux de vous présenter le tout nouveau programme pédagogique du Mont-Valérien et des Hauts lieux d’Île-de-France, annoncé sur le site internet du Mémorial le 2 septembre, dont l’Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie (APHG) est partenaire. Il s’inscrit dans le cadre de la réorganisation de l’offre pédagogique de ce Haut lieu de la mémoire nationale et du renouvellement des programmes scolaires du primaire et du secondaire.

Il sera effectif à partir de la rentrée des vacances de la Toussaint. Il comprend des visites thématiques et des parcours en partenariat avec d’autres institutions (Mémorial des martyrs de la Déportation de l’Île de la Cité, Archives départementales des Hauts-de-Seine, Musée de l’ordre de la Libération).

La Régionale d’Île-de-France de notre association a participé ces deux dernières années à l’expérimentation des futures propositions pédagogiques et a présenté aux Rendez-vous de l’Histoire de Blois (édition 2014) [2], une étude de cas pour l’enseignement avec les outils numériques. Par ailleurs, l’équipe du Mont-Valérien informe nos collègues enseignant(e)s de la création d’une adresse permettant de contacter directement son service pédagogique : pedagogie@mont-valerien.fr

Vous pouvez dès à présent contacter le Mémorial du Mont-Valérien pour réserver une des activités proposées (télécharger le programme complet en pièce jointe ci-dessous, lire également le site du Mémorial : http://www.mont-valerien.fr/apprendre/l-actualite/detail/actualite/nouvelle-offre-pedagogique/).

Nouvelle offre pédagogique du Mont-Valérien © ONACVG / Ministère de la Défense

Pour les enseignants, du primaire au supérieur, le Mémorial du Mont-Valérien permet d’aborder l’histoire de la Seconde Guerre mondiale avec quatre accroches différentes :

1°) Le site est le premier lieu d’exécution en zone occupée entre 1941 et 1944, il est l’un des éléments centraux de la politique répressive allemande. On peut y lire une chronologie de la répression et de son durcissement au cours du temps (janvier-août 1944 : plus de 300 condamnés).

2°) Il permet d’aborder les « Figures » de la Résistance, des personnages majeurs de la Résistance y ont été exécutés (Honoré d’Estienne d’Orves, Gabriel Péri, Missak Manouchian…). Au cœur des nouveaux espaces muséographiques, deux poèmes d’Aragon encadrent les reproductions des lettres d’adieux : La Rose et le Réséda, dédiée à « Gabriel Péri et Honoré d’Estienne d’Orves comme à Guy Môquet et Gibert Dru » ; Strophes pour le Souvenir évoque le sort de Missak Manouchian et de ses frères d’armes (cf. « L’Affiche rouge »).

3°) Le Mont-Valérien est un excellent objet d’étude pour une présentation d’une histoire des mémoires de la Seconde Guerre mondiale. Lieu de mémoires successives et parfois concurrentes de la Résistance, de la répression, de la France occupée, il illustre le lien entre enseignement et commémoration en rassemblant les finalités culturelles, scientifiques et civiques de nos disciplines [3].

4°) Il constitue enfin une entrée intéressante pour l’histoire des arts. Plusieurs thèmes sont possibles : l’analyse artistique d’un lieu chargé de symboles (ex : seize hauts-reliefs du Mémorial de la France combattante), le monument gaullien de Félix Brunau en 1960 et sa croix de Lorraine de 12 mètres de hauteur (une comparaison reste à écrire dans le cadre des programmes des monuments aux morts et commémoratifs publics…) "Comparaison avec Douaumont, au Mont Valérien, le programme monumental est une tentative de constituer a posteriori une identité collective : celle de la France qui combat, effaçant les entités diverses qui la compose". [4]

Les aménagements muséographiques du Mont-Valérien, inaugurés en 2010, mettent en valeur les mémoires des fusillés et des otages, autour de la chapelle et des anciennes écuries qui accueillent une exposition permanente « Résistance et répression 1940-1944 » [5]. Le 20 novembre 2012, un nouveau site internet consacré au Mont-Valérien voit le jour : plus de 1 000 documents numérisés sont accessibles, provenant des fonds d’archives nationaux (ECPAD, Service Historique de la Défense…), archives privées (lettres de fusillés, notices biographiques individuelles, photographies et documents d’archives, compagnons de la Libération…). C’est une nouvelle ère qui s’ouvre pour les lieux de mémoire, qui naguère, reposaient sur l’échange entre les témoins survivants ou leurs proches et les élèves [6].

Place tragique et singulière du Mont-Valérien… qui pose la question du lieu de mémoire (Pierre Nora) [7] comme articulation entre ancrage local, superposition de mémoires plurielles ("entrelacs de mémoires") [8] et ancrage national voire européen. [9] Ce programme pédagogique, pour lequel il convient de remercier toutes les institutions partenaires, ONAC-VG, les équipes du Mémorial du Mont-Valérien / Hauts lieux de Mémoire d’Île-de-France et leur directeur Antoine Grande, Ministère de la Défense et son Secrétariat général pour l’Administration, Ministère de l’Education nationale et les Services académiques des Hauts-de-Seine... etc. tente une nouvelle articulation entre mémoires et histoire et divers types de sources, en liaison avec les enseignants, les associations, les institutions et les élèves, qui ont collectivement la charge de conserver et de transmettre la richesse des témoignages préservés.

Bonne visite !

Le Mont-Valérien, Haut lieu de la mémoire nationale
Avenue du Professeur Léon Bernard, 92150 Suresnes
pedagogie@mont-valérien.fr
Tél. 01 47 28 46 35
Attention : nouveaux horaires à partir du 3 novembre 2016
En savoir + en pièce jointe (ci-dessus).
Site internet

© Marc Charbonnier pour Historiens & Géographes, 4 septembre 2016. Tous droits réservés.

300 collégiens participent au 4ème Rallye Citoyen - Mont-Valérien (27 mai 2014) sur le thème de La Libération dans les Hauts-de-Seine, avec les organisateurs, autorités, partenaires, bénévoles et invités ! © UNOR - Denys Chappey

© Les services de la Rédaction de la revue Historiens & Géographes. Le 04/09/2016. Tous droits réservés.

Notes

[1Secrétaire de rédaction adjoint de la revue Historiens & Géographes, Vice-président de la Régionale APHG d’Île-de-France, Professeur au Lycée Emmanuel Mounier à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine).

[2Delphine Boissarie-Jonville et Marc Charbonnier, "Atelier numérique / recherche. Le Mont-Valérien et les Figures de la Résistance", XVIIe Rendez-vous de l’Histoire de Blois, 10 octobre 2014. http://old.rdv-histoire.com/IMG/pdf/140830_rdvh_bat_web-6.pdf / https://www.aphg.fr/l-enseignant/l-enseignant-numerique/Supplements-Atelier-numerique-Le Le Bureau de la Régionale tient à remercier particulièrement sa collègue Françoise Le Cornec.

[3Marc Vigié, « Enseigner et commémorer la Grande Guerre. Pourquoi ? Comment ? », site internet de l’APHG / Revue Historiens & Géographes, 26/09/2014 : https://www.aphg.fr/l-enseignant/lycee-general-et-technologique/pedagogie/Enseigner-et-commemorer-la-Grande

[4Claire Cameron (dir.), Le Mont-Valérien. Résistance, répression, mémoire, Montreuil – Paris, Gourcuff-Gradenigo et Ministère de la Défense, 2008.

[5Aurélie Pol, « Le Mont-Valérien, haut lieu de la mémoire nationale », Espaces n°313, juillet-août 2013, pp. 130-135.

[6Philippe Joutard, « Histoire et mémoires », entretien avec la revue Historiens & Géographes n°427, juillet-août 2013, p. 150.

[7Pierre Nora, « De l’archive à l’emblème », in Les lieux de mémoire, Paris, Gallimard, 1993, tome 3 « Les France ».

[8Joëlle Dusseau, « Préface », Dossier pédagogique du parcours muséographique du Mont-Valérien, sous la direction d’Aurélie Pol, Paris, Direction des Hauts-lieux de mémoire d’Île de France, ONAC et Ministère de la Défense, 2010, p. 2.

[9Cf. Dossier pédagogique, art. cité : "La figure de l’abbé Franz Stock, aumônier catholique des prisons parisiennes qui consigne dans un journal de brèves notes sur les prisonniers, les accompagne et transmet parfois les ultimes lettres ou objets personnels aux proches. C’est en partie grâce à ses carnets que les listes de fusillés du Mont-Valérien ont pu être reconstituées. Après-guerre – il meurt dès février 1948 – il devient une figure de la réconciliation franco-allemande".