Professeurs décrocheurs, au rapport ! Tribune de l’APHG

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Où sont les 5% (parfois 25% !!!) de profs concernés ? Vite, une enquête !

On savait déjà que la France comptait 67 millions d’entraîneurs de l’équipe de France de football. On a la confirmation cette semaine qu’elle compte presque autant d’apprentis contrôleurs prompts à dresser le rapport et la note de ces professeurs, qui ne font jamais bien et surtout jamais assez. Qu’on en juge ! Des professeurs ne travaillent pas ! Les aimables tire-au-flanc, décrocheurs, fainéants, disparus des radars, aux abonnés absents ont émaillé divers articles et chroniques de la presse écrite et audiovisuelle, dont la surprenante et rapide coagulation interroge… Des émissions, articles et chroniques qui pourfendent d’ordinaire la fonction publique se sont fait la caisse de résonance des mécontents. Vite, des sanctions !!

Au risque de fâcher, rappelons que c’est le confinement décidé par le gouvernement qui a entraîné dès le lundi 16 mars la fermeture des établissements scolaires et la poursuite de l’enseignement dans des conditions inédites et complexes, où chacun a fait de son mieux pour maintenir avec ses élèves le lien patiemment tissé depuis le mois de septembre. Nous sommes tous conscients des difficultés de cette continuité pédagogique, comme de celle du retour en classe, avec un protocole sanitaire de plus de cinquante pages, dont certains journalistes semblent ignorer le contenu…

A cette déferlante démagogique qui, sous prétexte de viser le pourcentage d’enseignants jugés décrocheurs, s’attaque insidieusement à l’ensemble de la profession, répondirent sur les réseaux sociaux les #profbashing et #mercilesprofs révélateurs de la légitime colère de nos collègues (y compris des personnels de direction, administratifs et techniques). Fatigués, sous pression et excédés de devoir se justifier en permanence.

Le travail minutieux de l’historien, au contraire de l’outrance et de la recherche du buzz médiatique, est celui de la patience et de la quête des sources. Qu’a-t-il trouvé en se penchant sur les archives des mois de mars et avril ? D’étranges documents expliquant que les professeurs donnent trop de travail, que les devoirs sont trop longs, trop compliqués, que les professeurs sont trop investis...

Sont-ce les mêmes journalistes qui ont, à deux mois d’intervalle, donné des informations aussi contradictoires ? A qui profitent le crime et cette polémique nocive ?

Cette séquence médiatique navrante sera, sans nul doute, un cas d’école, pour nos collègues qui, dans le cadre de la spécialité Histoire-Géographie-Géopolitique-Sciences Politique ou de l’Enseignement Moral et Civique, entraîneront leurs élèves dans les méandres des mystères de la fabrique de l’information.

Le Bureau national de l’APHG.

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