Rappel des priorités de l’APHG pour les programmes des Lycées Communiqué de l’APHG

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Réforme du Lycée et du Bac : l’Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie ne se paie pas de mots et défend vraiment les enseignants dans l’intérêt des élèves… Elle a réclamé, dès l’automne 2017, et finalement obtenu, le maintien de l’Histoire-Géographie dans le tronc commun avec 3 heures par semaine de la Seconde à la Terminale dans les lycées généraux, une refonte des programmes qui tienne compte de certaines propositions… Depuis le début de l’année scolaire, l’APHG a été reçue :
 le 3 octobre par le Conseil Supérieur des Programmes (CSP) afin d’assister à la présentation des projets de programmes d’histoire-géographie (tronc commun) et de spécialité Histoire-Géographie-Géopolitique-Sciences politiques ;
 le 15 novembre par le Cabinet du Ministre de l’Education nationale dans le cadre de la réforme des Lycées professionnels ;
 le 21 novembre par la Direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO) pour une consultation sur les programmes des lycées généraux et technologiques.

L’écriture d’un projet de programme suppose de ne pas méconnaître les conditions concrètes d’enseignement. La réforme du Lycée et du Baccalauréat, prévue pour simplifier le système, risque de le complexifier et in fine, créer de nouveaux problèmes, que le Ministère ne peut pas ne pas prendre en compte.

  • les épreuves placées en première risquent de mettre un carcan et de créer un effet bachotage auquel nos disciplines échappaient jusqu’alors, l’absence d’épreuve en première nous donnant davantage de souplesse pour travailler ;
  • la liberté pédagogique du professeur doit être respectée : pas de prescriptions pédagogiques normatives pour la mise en œuvre des chapitres ;
  • les programmes doivent être exigeants mais adaptés, tenant compte des horaires, de la diversité des classes et permettant à tous d’apprendre et de progresser car ils sont destinés à tous les lycéens ;
  • les questions doivent permettre à la fois la progressivité des apprentissages, la consolidation des savoirs et une réelle ouverture sur le monde ;

Principaux griefs et propositions

Dans un contexte d’instrumentalisation permanente de nos disciplines, nous rappelons que des programmes scolaires n’ont pas à pâtir de guerres de tranchées entre historiens et entre géographes.

Concernant le tronc commun, les programmes d’histoire sont trop chargés, irréalisables dans le volume horaire imparti, tout particulièrement les thèmes 1 de seconde et de première. Faute d’allègements, il sera difficile de respecter un équilibre avec la géographie.

En Histoire, ne pas donner une place excessive à l’histoire contemporaine : l’histoire ancienne et l’histoire médiévale sont tout aussi intellectuellement formatrices. Par ailleurs, les points de passage et d’ouverture sont intéressants mais, parfois, à revoir.

En Seconde, le programme d’histoire, avec une approche chronologique structurante comprend des points intéressants, mais il y a un trop grand déséquilibre entre l’histoire ancienne et médiévale d’un côté, et de l’autre, l’histoire moderne. Nous proposons un rééquilibrage en réduisant le poids des thèmes 3 et 4 qu’il est possible de refonder (États et société à l’époque moderne) afin de renforcer l’horaire du thème 1 (le monde méditerranéen) difficile à traiter dans le temps imparti.

Le programme de Première d’histoire, comprend des points intéressants, un vrai XIXe siècle… mais il y a un déséquilibre entre les questions d’histoire politique, importantes, et celles d’histoire économique, sociale et culturelle qu’il faut sensiblement renforcer, à l’échelle européenne, comme le suggère notamment le renouvellement de la recherche universitaire pour cette période. Nous proposons une réorganisation des thèmes 2 (la France dans l’Europe des nationalités) et 3 (la Troisième République) en renforçant l’approche économique, sociale et culturelle à l’échelle européenne ainsi qu’une analyse de la guerre de 1914 plus synthétique et thématique permettant de renforcer l’horaire dédié au thème 1 (L’Europe face aux révolutions).

En géographie, nous comprenons la ligne directrice du programme, l’APHG est attachée à des programmes cohérents et faisables. L’étude de la France dans les différents niveaux est une nouveauté intéressante, à condition de bien ancrer les différents thèmes dans les territoires. D’où l’importance du choix des études de cas, dont quelques propositions sont discutables. Etudier la population implique l’analyse de sa répartition. Les notions présentées doivent être claires et faire consensus (transition, recomposition …) sans oublier que la géographie est avant tout l’analyse des relations que les hommes entretiennent avec les milieux dans lesquels ils vivent !

En 1ère technologique : programme pléthorique, infaisable en l’état avec seulement 1h30 par semaine dans toutes les séries ! Il est impossible d’accepter le projet en l’état ! Huit chapitres à traiter en 1h30 c’est impossible : cela oblige à une approche superficielle incompréhensible pour nos élèves. Nous proposons des allègements avec un maximum de six chapitres et des horaires plus conséquents par chapitre. En géographie, par exemple, un choix entre les thèmes 2 (espaces productifs) et 3 (espaces ruraux), par alternance, afin d ’éviter une approche superficielle notamment du dernier thème (la Chine). En histoire, Les thèmes 2 et 3 peuvent être fusionnés avec, par exemple, « Les transformations politiques et sociales de la France sous la Troisième République » (économie et société, régime politique, empire colonial…) afin de renforcer l’horaire dédié aux trois thèmes.

Concernant l’enseignement de Spécialité (HG, Géopolitique et Sciences politiques) dans l’ensemble le programme de spécialité est plutôt bien construit, avec des thèmes séduisants, mais il ne s’appuie sans doute pas assez sur les acquis des élèves. Les thèmes et jalons sont orientés Histoire-Géographie et il est souhaitable que les collègues d’HG, formés pour traiter l’intégralité de cet enseignement, en assument la totalité pour des questions de cohérence et de compétences. En cas de partage disciplinaire, l’APHG continue à demander que le cadrage respecte la proportion 75% pour les professeurs d’HG et 25% pour les professeurs de SES. Nous refusons toute dilution disciplinaire et scientifique qui entraînerait la fusion des disciplines dans un ensemble « sciences sociales ».

Le Bureau national et la Commission des Lycées de l’APHG.

Paris, le 1er décembre 2018.

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