L’ Association des Professeurs d’Histoire-Géographie a pris connaissance des annonces faites par M. Emmanuel Macron, le jeudi 4 mai au LPO Palissy de Saintes. L’ APHG s’inquiète fortement quant aux orientations voulues pour le devenir des élèves de la voie professionnelle, en grande difficulté, et aux réalités complexes et multiples, avec une forte proportion d’allophones, et qui ont précisément besoin d’une culture complète et d’une formation citoyenne aboutie.
Au-delà des effets d’annonces au sujet des gratifications des stages et de la création de nouvelles filières d’avenir, nous observons surtout des mesures au profit d’une formation exclusive, au service des entreprises entraînant une dépendance stricte au bassin d’emploi.
Alors que la réforme Blanquer du précédent mandat avait drastiquement réduit les horaires disciplinaires d’enseignement général au profit de dispositifs pseudo-innovants et dont la mise en place s’est révélée faiblement efficiente, les dispositions annoncées aujourd’hui nous paraissent peu réalistes dans leur application prévue en septembre 2023.
Concrètement, quelle place pour l’enseignement de l’Histoire-géographie et de l’Enseignement Moral et Civique (EMC) ? En effet, plusieurs des mesures proposées semblent dévaloriser nos matières :
– le soutien exclusif pour le français et les mathématiques,
– des augmentations de la durée des périodes de stage,
– la réorganisation des épreuves de terminales, anticipées en mars.
Par ailleurs, l’accumulation des missions utilitaristes et de dispositifs tels que la co-intervention et le chef-d’œuvre remettent en question le sens vécu de notre métier, les enjeux humanistes et altruistes de notre vocation émancipatrice. Quelle sera la réalité des statuts du Professeur de Lycée Professionnel (PLP) et du Directeur délégué aux formations professionnelles et technologiques (DDFPT) face à la création du bureau des entreprises et la rémunération des stages et leur allongement ?
Qui peut croire à une assiduité des élèves en fin d’année de terminale pour leur participation aux modules de renforcement en vue du supérieur ? La mise en œuvre pratique de la réforme dès la rentrée 2023 avec des adaptations dès la classe de 1ère et pour certaines dispositions son conditionnement au « pacte » (petits groupes, soutien) nous inquiète fortement car elle implique une refonte précipitée et non concertée des programmes. L’avenir et la mission des PLP lettres-Histoire est de former des lycéens professionnels mais surtout des futurs citoyens conscients des enjeux de la société et du monde en développant leur capacité d’analyse et leur esprit critique. En aucun cas les PLP Lettres-Histoire ne peuvent être considérés comme de simples variables d’ajustement au service de l’acquisition de compétences transversales, selon les besoins de l’enseignement professionnel.
Les lycéens professionnels, à l’heure où notre démocratie est fragilisée, où les jeunes se détournent des urnes, ne doivent pas rester en marge, uniquement assignés à des tâches de simples exécutants. Ces citoyens en devenir doivent pouvoir bénéficier d’une formation solide comme futurs professionnels mais également comme citoyens avertis.
Or la réforme présentée par le Président de la République a totalement occulté la place de l’enseignement de l’Histoire-Géographie-EMC, déjà réduite à sa portion congrue. L’APHG déplore fortement de ne pas voir dans cette réforme le retour à des horaires disciplinaires décents.
Le LP ne saurait être une fabrique du paternalisme à l’ancienne et doit demeurer un outil d’émancipation intellectuelle pour un tiers de nos futurs citoyens.
L’ATELIER LYCEE PROFESSIONNEL DE L’APHG
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