Réforme du baccalauréat : quel bilan ! Communiqué de la Conférence des associations des professeurs spécialistes

- [Télécharger l'article au format PDF]

Communiqué de la Conférence des associations de professeurs spécialistes.

Cette première session du baccalauréat Blanquer confirme les craintes que la Conférence des associations des professeurs spécialistes [1] avait exprimées : le baccalauréat, comme examen national dont la valeur est garantie par l’Institution, n’existe plus.

D’une part, le contrôle continu compromet la valeur certificative du baccalauréat. D’autre part, les consignes et barèmes fournis ont eu pour effet une surestimation des copies des candidats. Enfin, les correcteurs ont été dépossédés de leur évaluation. En effet, dans certaines académies, les notes ont été modifiées massivement, arbitrairement et de manière opaque, sans que les correcteurs en aient été avertis, au mépris du travail des candidats, de celui des professeurs et de leur expertise et au détriment de l’harmonisation collégiale qu’ils accomplissent chaque année avec leurs pairs à partir de la lecture attentive des copies. Loin d’avoir “remusclé” le baccalauréat, la réforme a dévalué le diplôme.

Les élèves ont passé leurs épreuves de spécialité au mois de mai. Cet aménagement conjoncturel rend encore plus criante l’absurdité du calendrier prévu par la réforme. Les professeurs en charge des spécialités ont tout juste eu le temps de boucler des programmes pléthoriques. Sauf à les survoler et à éreinter les élèves, il n’est pas raisonnable d’envisager, pour les années à venir, le passage des épreuves de spécialité au mois de mars. Une fois ces épreuves passées, les professeurs ont constaté, en outre, la démobilisation des élèves, 82% du baccalauréat étant déjà joués. L’épreuve du « grand oral », à la préparation de laquelle aucun horaire n’est prévu, a eu lieu, cette année encore, dans la plus grande confusion.

En conséquence, et dans l’attente d’une remise à plat de la réforme du Lycée et du baccalauréat, la Conférence des associations des professeurs spécialistes demande :

  • que les épreuves de spécialité aient lieu au mois de juin à l’issue du cycle terminal ;
  • que les candidats passent chacune de leurs épreuves de spécialité sur un même sujet et le même jour ;
  • pour l’épreuve de “grand oral” : que l’épreuve soit redéfinie, afin qu’elle ne se réduise pas à un exercice de rhétorique creuse mais soit évaluée sur un réel contenu disciplinaire ; qu’un horaire spécifique, défini nationalement, soit dévolu à sa préparation, pour que les élèves puissent mener, pendant l’année, un vrai travail de recherche critique ; que le calendrier de l’épreuve soit revu.

Elle réitère sa demande constante d’un retour à des épreuves terminales, nationales et anonymes, demande dont le bilan calamiteux de la réforme du baccalauréat conforte la légitimité.

Constatant l’état de désorganisation dans lequel les dernières réformes ont plongé les établissements, elle entend organiser des états généraux du Lycée.

Le 3 juillet 2022.

Associations signataires :

© Les services de la Rédaction d’Historiens & Géographes - Tous droits réservés. 04/07/2022.

Notes

[1La Conférence des associations de professeurs spécialistes est le regroupement volontaire de la plupart des associations de professeurs en une structure souple de discussion et d’action. La participation des associations est entièrement libre : la plupart des associations en font partie, très rares sont celles qui refusent d’y participer. Il n’y a pas de critère particulier (par exemple numérique) pour en faire partie, et l’égalité des membres va de soi.

C’est donc une instance unique en son genre, qui représente la très large majorité des disciplines, et un lieu rare où dialoguent aussi bien les disciplines techniques et professionnelles que les disciplines dites d’enseignement général, les disciplines littéraires que les disciplines scientifiques, les disciplines enseignées en classes préparatoires que les disciplines enseignées dans le premier et le second degré.
Relativement informelle, ses réunions n’ont pas de périodicité propre : la Conférence se réunit en fonction des besoins de l’actualité et de l’urgence, mais aussi pour traiter des questions de fond, comme la formation continuée.

Elle est un lieu de dialogue, au sein duquel les différentes disciplines peuvent faire entendre leurs voix et parvenir à un accord elle permet aux différentes associations de mieux se comprendre, par exemple en termes de vocabulaire et de notions (ainsi de compétence) qui varient parfois selon les différentes disciplines, et d’aboutir à des constats et des analyses partagées par tous.

Elle est aussi un lieu d’action. Ces discussions débouchent sur des perspectives concrètes, et donnent lieu à des actions concertées ou communes comme le communiqué ci-dessus.

L’APHG est membre actif et cofondateur de la Conférence.