Réforme du recrutement, une hirondelle ne fait pas le printemps Communiqué du bureau national de l’APHG

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Le bureau national de l’Association des Professeurs d’Histoire-Géographie a pris connaissance des éléments encore incomplets sur la réforme du recrutement des enseignants.

Si nous prenons acte du retour d’une épreuve disciplinaire à l’oral du CAPES et des efforts de rémunération en master 1 et 2, le positionnement du concours en troisième année de licence obère une nouvelle fois les conditions d’études des futurs enseignants : comment imaginer que le concours n’empiète pas sur les apprentissages de fond, ô combien nécessaires, de cette troisième année de licence ? Alors que la formation continue - qui a longtemps joué un rôle essentiel - a été restructurée, que l’offre de formation des académies s’est considérablement amenuisée, nous rappelons notre préférence pour une formule qui a longtemps fait ses preuves, à savoir un concours placé au terme de l’obtention de la licence, durant l’année du master 1.

Nous avons par ailleurs pris connaissance des différentes moutures de programmes au CAPES d’histoire-géographie : dans les conditions d’enseignement qui sont celles de l’université et dans un contexte où les professeurs d’histoire-géographie sont en première ligne pour répondre aux questions politiques et géopolitiques les plus vives, nous craignons que ces programmes ne soient pas en mesure de suffisamment préparer les enseignants aux questions portant sur des sujets sensibles. L’APHG s’inquiète, en outre, d’une mise en œuvre de ces nouvelles maquettes dès la rentrée de septembre, contraignant les universités à travailler dans l’urgence avec les moyens actuels, très dégradés.

L’APHG entend les inquiétudes sur le niveau de recrutement des concours du second degré. Elle tient néanmoins à rappeler que bien des collègues ont obtenu le CAPES après une licence généraliste et sont aujourd’hui des enseignants confirmés et expérimentés dans la maîtrise des savoirs disciplinaires. Ce sont davantage les inégalités entre universités, la crise budgétaire et les ponctions sur des moyens déjà très faibles, les postes gelés et les cours supprimés qui constituent le vrai danger pour le niveau du futur recrutement dans l’enseignement secondaire. C’est aussi l’impossibilité dans une grande partie du territoire de préparer le concours de l’agrégation d’histoire ou de géographie, renforçant l’assignation sociale des étudiants, à rebours des promesses d’un métier que nous souhaitons ouvert à tous. On ne peut dissocier la crise de recrutement de la crise qui touche l’enseignement supérieur. Or, c’est bien la qualité de la formation disciplinaire initiale qui multiplie les chances des professeurs d’accéder ensuite aux concours internes et à des carrières nouvelles.

Avec un programme mal ficelé et un concours précocement positionné, comment résoudre efficacement la crise du recrutement qui constitue aujourd’hui la priorité des priorités ? Grandeur et misère d’une association centenaire, l’APHG aura davantage connu de réformes pour devenir professeur depuis 2009 qu’elle n’en aura connue depuis sa fondation en 1910.

L’APHG appelle le gouvernement, la ministre de l’Éducation nationale et le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche à rouvrir la concertation, pour penser les points de vigilance et remédier aux faiblesses de cette énième réforme du recrutement. Avec des délais peu tenables, l’urgence est souvent l’ennemie de la clarté et de la stabilité nécessaires aux cheminements de futurs professeurs. Nous nous tenons à leurs côtés, face à cette incertitude.

© APHG - Tous droits réservés. 16/04/2025