Sanctuarisation des vestiges de la Corderie à Marseille Tribune libre / Lettre ouverte

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Par Sébastien Barles et alii.

LETTRE OUVERTE A LA MINISTRE DE LA CULTURE. VESTIGES ANTIQUES DE LA CORDERIE A MARSEILLE : NON AU CARNAGE PATRIMONIAL ! POUR UN JARDIN DES VESTIGES ET LA RECONNAISSANCE DE CE SITE COMME BIEN COMMUN.

La Rédaction du site internet national et de la revue Historiens & Géographes publie une série de tribunes libres afin d’ouvrir le débat dans le cadre des réflexions de la communauté éducative. Ces textes proposent des points de vue, des analyses qui appellent à la discussion. Ils n’engagent ni l’association ni la Rédaction.

Vous trouverez ci-dessous notre lettre ouverte à la Ministre Françoise Nyssen publiée par "Libération" et signée par des personnalités du monde culturel (Ascaride, Guédiguian, Colas, Sauder...), universitaire (Boulesteix, Geisser, Liogier, Mucchielli, Mattina...), associatif et politique à propos de la découverte de vestiges grecs du Veme siècle avant JC à Marseille menacés par la spéculation foncière, l’appétit des promoteurs et la collusion d’intérêts de ceux-ci avec les dirigeants politiques locaux.

http://www.liberation.fr/debats/2017/08/11/vestiges-de-la-corderie-a-marseille-non-au-carnage-patrimonial_1589419

Nous avons sollicité le cabinet de la Ministre pour être entendus avant la réunion en Préfecture du 31 août.

Le site grec antique du boulevard de la Corderie à Marseille DR

Madame la Ministre, 
 
Vous connaissez sûrement cette célèbre citation de Winston Churchill : " Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre."
 
Nous connaissons votre attachement à l’histoire, à la culture et à la valorisation du patrimoine culturel.
 
Aussi, nous souhaitons revenir sur la découverte à Marseille d’un site archéologique exceptionnel (reconnu comme tel par beaucoup d’archéologues professionnels), boulevard de la Corderie. Il s’agit d’une carrière et d’une cité antique datant du V° siècle avant J.C.

Nous vous sommes reconnaissant d’avoir décidé de classer Monument Historique une partie de ce site le 21 juillet.
 
Toutefois, nous souhaitons par cette lettre vous demander le classement au titre de monument historique de la totalité des 4000 m.2 mis au jour par les fouilles archéologiques, après toutefois avoir procédé à des sondages archéologiques destinés à délimiter scientifiquement le périmètre de la zone à préserver.
 
André Malraux il y a 50 ans avait permis de sauver la découverte du port antique de Marseille à la Bourse et avait empêché la réalisation d’un parking de 2000 places permettant la réalisation du jardin des vestiges derrière le Vieux Port.
 
Nous exigeons par conséquent le retrait définitif du permis de construire d’un immeuble de standing par le promoteur Vinci sur ce site archéologique. Il doit rester le témoin pour tous les marseillais et ses visiteurs des origines de la cité phocéenne.
 
Mahatma Gandhi disait : "Il faut être fier d’avoir hérité de tout ce que le passé avait de meilleur et de plus noble. Il ne faut pas souiller son patrimoine en multipliant les erreurs passées."
 
Soyons à la hauteur de nos responsabilités. Ne laissons pas enfouir sous le béton, une partie de notre mémoire collective. 
 
Œuvrons pour la réalisation d’un jardin des vestiges digne de ce nom, ouverts à tous les citoyens.

Nous vous prions de croire, Madame la Ministre en l’assurance de notre parfaite considération.
 
Signataires : Olivier AGULLO (enseignant chercheur), Saïd AHAMADA (député de Marseille, LREM), Ariane ASCARIDE (comédienne), Sébastien BARLES (collectif citoyen Marseille en commun), BLANC (enseignant chercheur à Marseille, militant associatif), Jean-Marcel BOUGUEREAU (journaliste, ex rédacteur en chef de Libération, de l’Evènement du jeudi et du Nouvel Obs), Jacques BOULESTEIX (astrophysicien, ancien élu de Marseille), José BOVE (député européen, écologiste), Jean CANTON (architecte, urbaniste, ex président d’Un centre ville pour tous), Madeleine CHICHE (danseuse, chorégraphe, groupe DUNES), Hubert COLAS (auteur de théâtre, metteur en scène et scénographe), Jean-Marc COPPOLA (conseiller municipal de Marseille, président du groupe Front de gauche), Emmanuel DELANOY (directeur de l’Institut Inspire), Nouriati DJAMBAE (conseillère métropolitaine Aix - Marseille Provence), Olivier DUBUQUOY (géographe, documentariste, lanceur d’alerte sur les boues rouges), Jacqueline DURANDO (ex élue chevènementiste de Marseille), Florence ERNST (comédienne, metteuse en scène), Philippe FOULQUIE (fondateur de la Friche la Belle de Mai), Vincent GEISSER (sociologue et politologue, chercheur au CNRS et à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman), Robert GUEDIGUIAN (cinéaste), Nassurdine HAIDARI (ex élu socialiste de la ville de Marseille, président du CRAN Paca), Pascal HENNEQUIN (Fokus 21), Samy JOSHUA (militant associatif et politique), Christine JUSTE (porte parole EELV Paca), Raphaël LIOGIER (sociologue et philosophe, Professeur à l’IEP d’Aix en Provence), Chantal MARCEL (association Fare-Sud), Cesare MATTINA (sociologue, maître de conférence à l’Université Aix-Marseille), Zoubida MEGUENNI (militante associative, co-fondatrice du collectif des quartiers populaires, spécialiste de la politique de la ville), Bernard MISRACHI (chorégraphe, groupe DUNES), Laurent MUCCHIELLI (sociologue, directeur de recherche au CNRS), Alain NICOLAS (anthropologue et préhistorien, Ancien conservateur en Chef des Musées de France), François PECQUEUR (président de l’ONG Nation Ocean, animateur du collectif La Belle Démocratie), Christian PELLICANI (conseiller du premier secteur de Marseille et conseiller métropolitain, Front de gauche), Gérard PERRIER (militant associatif, ex professeur au Lycée du Rempart), Philippe PUJOL (journaliste, écrivain, lauréat du Prix Albert Londres 2014), Michèle RIVASI (députée européenne du grand sud est, écologiste), Marianne RUELLE (Marseille autrement), Régis SAUDER (cinéaste, documentariste), Kevin VACHER (doctorant en sociologie, militant La France Insoumise), Marie-Christine VERGIAT (députée européenne, Front de gauche).

© Sébastien Barles (initiateur de la Lettre ouverte), 15 août 2017. Tous droits réservés.

Crédits photos : J.N. BEVERINI, source