Étrange destin posthume que celui de Marie-Antoinette, toujours plus en vogue ! La reine semble définitivement « bankable » ! Sur son seul nom, n’importe quel réalisateur ou auteur peut se croire assuré de rencontrer un succès d’audience prometteur de royalties appréciables ! Cela est plus certain encore s’il choisit de se vautrer dans les ruelles et les alcôves.
Que nous dit ce livre ? Que la reine fut avant la Révolution tout autant une princesse frivole qu’une femme avide d’être aimée et, au fond, assez peu heureuse, qu’elle sut profiter de l’effervescence libertine de son époque et de son entourage pour jeter sa gourme et coucher, peu avec un mari aimant mais très insuffisant, beaucoup avec ceux et celles qui savaient davantage la satisfaire. Le récit abonde en détails croustillants pour nous en convaincre mais ne s’élève guère au-dessus de la ceinture. Certes, tout cela est avéré – et quoi que le laisse croire l’auteure, n’a jamais été oublié de la postérité. Est-ce pour autant faire œuvre d’histoire que de se satisfaire de le rapporter littéralement et de solliciter le voyeurisme d’un lecteur complaisant ? Le récit d’un détail ou d’une anecdote reste celui d’un fait secondaire, sans grande importance et dépourvu d’un véritable intérêt, si aucun prolongement, aucune mise en perspective porteuse de sens ne l’accompagne. Contenter une curiosité aussi triviale n’est pas faire œuvre de connaissance, du moins sans un effort minimum d’analyse et d’interprétation. Un même sujet peut être traité de bien des façons et l’on se prend à regretter, par exemple, qu’un historien comme Michel de Certeau n’ait jamais songé à choisir celui-ci.
Les lecteurs avides de tout savoir de l’intimité de la dernière reine de France seront sans nul doute comblés, comme ils seront sensibles au style médiocre et tapageur de l’auteure. Quant aux autres, ils peuvent s’épargner la lecture de ce livre dispensable.
© Marc VIGIÉ pour Historiens & Géographes - Tous droits réservés. 05/09/2022.